Difficile de dire si les infirmiers « fréquentent » ou pas le DMP : l’Agence des systèmes d’information de santé partagés, Asip santé, qui le gérait jusqu’à il y a peu, n’en sait rien…
Même les plus motivés se sont un peu désintéressés de l’affaire tant ce DMP a peiné à se lancer. Nicolas Schinkel, infirmier libéral en Franche-Comté et chargé de mission télésanté de son URPS (Union régionale des professionnels de santé), fait partie des pionniers.
L’idée de disposer d’un outil qui faciliterait le partage entre professionnels d’informations de santé utiles à la coordination lui a tout de suite plu.
Quand le groupement franc-comtois Emosist lance un appel d’offres pour une expérimentation du DMP dans la région, l’URPS répond… et est retenue. « Nous avons lancé un appel aux infirmiers libéraux volontaires auquel plus de 100 Idels ont répondu, raconte Nicolas Schinkel. La coordination est un sujet qui plait. »
Régler les problèmes d’interopérabilité
Le paramétrage des ordinateurs des candidats et l’interopérabilité entre le DMP et les logiciels « métier » des infirmiers, a coûté pas mal de nuits blanches aux organisateurs de l’expérimentation. Des formations ont enfin été organisées. « Nous avons ouvert 4000 DMP en un trimestre, témoigne l’infirmier, et la moitié ont été alimentés mais seulement par les infirmiers libéraux. » Les hôpitaux de la région s’y sont mis ensuite, en intégrant les compte-rendus d’hospitalisation.
En Aquitaine, autre terre d’expérimentation, ce sont les établissements de soins qui créent le plus de DMP. Mais la faible participation des médecins ralenti la dynamique et peu d’infirmiers non-expérimentateurs s’y sont attelés au final. De leur côté, les éditeurs de logiciels ont résolu la question de l’accès au DMP et une liste des logiciels DMP compatibles est désormais disponible sur le site de l’Asip santé.
Vers un DMP plus intuitif et mieux organisé ?
De faiblement actif, le DMP serait donc entré en quasi hibernation. La nouvelle mouture du dossier – de personnel, il est devenu partagé – désormais pilotée par l’Assurance maladie sera-t-elle plus incitatrice ? Nicolas Schinkel l’espère.
Il regrette cependant qu’une rémunération soit prévue pour les médecins mais pas pour les infirmiers libéraux alors que ce sont eux qui l’alimenteront le plus en données, estime-t-il, notamment pour les patients atteints de maladies chroniques. Il espère aussi que la structure sera modifiée dans le sens d’une meilleure ergonomie et d’une hiérarchisation des informations plus claire : « on ne sait pas bien ou placer les documents », explique l’infirmier.
Il trouverait judicieux que le DMP permette de transformer en graphique les données chiffrées sur un patient histoire de percevoir au premier coup d’oeil une évolution. Plus intuitif et mieux organisé, le DMP sera selon lui « un très bon outil de coordination ».
Au nouveau pilote du DMP de donner une véritable impulsion. Et à faire en sorte qu’il soit accessible même sur les dernières versions des systèmes d’exploitation, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Olivia Dujardin
Cet article est initialement paru dans le n°19 d’ ActuSoins Magazine (dec, janv, fev 2016). Pour vous abonner, c’est ICI.
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