Les syndicats représentatifs des infirmiers libéraux reçus par le ministre délégué à la Santé

Les présidents des syndicats représentatifs des infirmiers libéraux ont, tour à tour, rencontré le nouveau ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, la semaine du 19 février. L’occasion de rappeler les enjeux pour la profession dans un contexte de tensions.

Les syndicats représentatifs des infirmiers libéraux reçus par le ministre délégué à la Santé

Photo d'illustration. © Indypendenz / ShutterStock

« La rencontre s’est bien passée, lance en guide d’introduction, John Pinte, président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). Nous constatons chez Frédéric Valletoux une volonté d’avancer sur les points urgents concernant les infirmiers libéraux. Maintenant, nous attendons de voir la suite. » 

Agir pour le pouvoir d’achat

Parmi les priorités évoquées par les syndicats : agir sur le pouvoir d’achat des infirmiers libéraux. Le ministre aurait d’ailleurs acté la nécessité d’organiser de nouvelles négociations conventionnelles, unique moyen de revoir le montant des lettres clés.

La Fédération nationale des infirmiers (FNI) – qui n’a pour l’heure pas répondu à la demande d’interview d’ActuSoins – précise dans son communiqué vouloir une lettre de cadrage d’ouverture de négociations et a prévenu Frédéric Valletoux « qu’elle ne pourrait se contenter de mesures d’affichage et de discours ».

« Nous avons rappelé à Frédéric Valletoux l’urgence de fixer la date rapidement, car les mesures financières prises dans le cadre des négociations conventionnelles ne peuvent entrer en vigueur qu’après un délai de six mois, rappelle John Pinte du Sniil. En attendant, l’inflation se poursuit. »

Convergence Infirmière, de son côté, plaide pour une revalorisation des actes de soins courants car « c’est bien beau de nous attribuer de nouveaux rôles, notamment la possibilité de remplir des certificats de décès, mais il faut être pragmatique, ce n’est pas avec ces actes que nous allons manger », estime Ghislaine Sicre, présidente du syndicat. Et d’ajouter : « L’AMI, aujourd’hui fixé à 3.15 euros, devrait être à 3.94 euros en raison de l’inflation. Nous demandons 4 euros afin de disposer d’une juste compensation par rapport au coût de la vie. »

Elle demande également une hausse des indemnités forfaitaires de déplacement (IFD). « Avoir obtenu une augmentation de 25 centimes, après 15 ans sans revalorisation, c’est injuste, dénonce-t-elle. D’autant plus que les sages-femmes ont obtenu des IDF à 10 euros pour certains de leurs déplacements. Pourtant, nos pneus coûtent le même prix ! »

Nouer des liens avec l’Assurance maladie

Autre urgence : renouer les liens avec la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) car aujourd’hui « le dialogue est complexe voire rompu, regrette Ghislaine Sicre. Personne ne nous répond alors que les idels rencontrent de nombreuses difficultés sur le terrain ».

Les syndicats sont en effet quotidiennement sollicités par les infirmiers libéraux en raison « des pressions qu’ils subissent des Caisses primaires d’assurance maladie (Cpam) », ajoute-t-elle.

« Nous avons des remontées du terrain qui font état d’interprétations de la Nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) par les Cpam, qui ne font aucun sens », souligne John Pinte. À titre d’exemple : des Cpam ont estimé que le forfait de perfusion AMI14 ou 15 ne pouvait être coté qu’une seule fois par semaine, et que les autres passages ne consistaient qu’à effectuer un changement de flacon, « alors qu’il n’en a jamais été question », soutient-il.

Frédéric Valletoux aurait informé les syndicats vouloir mettre en place une commission de travail avec l’Assurance maladie afin d’aborder la méthode et l’interprétation des textes pour qu’une orientation nationale soit donnée aux Cpam. « Entre l’inflation, la peur de facturer et les indus, les infirmiers libéraux ont un réel sentiment de perte d’argent, poursuit le président du Sniil.  Il est important de tout remettre à plat car nous ne pouvons plus passer notre temps à envoyer des mails à la Cnam pour répondre à chaque problématique. Cette pression est inacceptable. »

Des mesures concrètes

Les syndicats ont également abordé la question de la retraite, notamment la reconnaissance de la pénibilité du métier. Une requête partagée par la FNI, qui demande la prise en compte de cette pénibilité du métier « en miroir de ses spécificités » à savoir rythme de travail, déplacements, charge mentale et horaires de travail.

Une mission de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) devrait être lancée sur le sujet afin d’objectiver les données, mesurer l’impact de la pénibilité sur la profession pour éventuellement prendre des mesures.

Les syndicats ont aussi évoqué la réingénierie de la formation et les compétences infirmières avec la volonté de mettre en place « un projet ambitieux pour la profession, notamment la reconnaissance de la consultation infirmière », rapporte John Pinte.

La FNI demande en outre la publication « dans les meilleurs délais » des textes d’application des mesures portant sur l’infirmier référent inscrit dans la loi Valletoux. « Pour l’infirmier référent, nous pourrions envisager des missions spécifiques autres que la seule coordination, notamment le renouvellement des prescriptions de soins infirmiers, propose John Pinte. Il faut amener plus d’autonomie à la profession. »

Les représentants des syndicats sont dans l’attente de mesures concrètes de la part du nouveau ministre et refusent la multiplication de projets sans aboutissement, comme « avec les rendez-vous de prévention, pointe John Pinte. Aucune campagne n’a été mise en œuvre vis-à-vis de la population. Finalement, de nombreux dossiers sont lancés sans pour autant être concrétisés. On en arrive à une grande confusion, c’est insupportable. »

La FNI a elle aussi mis en garde Frédéric Valletoux, insistant sur « la nécessité d’obtenir des réponses rapides au risque d’une amplification de la colère infirmière et de son inscription dans la durée ».

Laure Martin

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