Les perfusionnistes veulent obtenir la reconnaissance de leur métier

Peu nombreux – environ 300 - et peu connus, les perfusionnistes, qui sont souvent des infirmiers, insistent pour faire reconnaître leur métier par les pouvoirs publics. En octobre, ils ont créé un syndicat et tentent de se faire entendre par le ministère de la Santé. En vain pour l'instant.

Les perfusionnistes peuvent aussi intervenir en dehors du bloc opératoire

Les perfusionnistes peuvent aussi intervenir en dehors du bloc opératoire. Ils ont été particulièrement sollicités dans les services de réanimation pour mettre en place des ECMO (photo ci-dessus), pendant la crise sanitaire liée au Covid. © M.Surbled

Le temps est-il venu de reconnaître les spécificités du métier de perfusionniste ? C'est l'avis de Laurent Mathieu, président du tout nouveau Syndicat national des perfusionnistes (SNPerfu) et de ses membres.

Avant la création du syndicat, en octobre, leurs revendications professionnelles étaient portées par la Société française d'assistance circulatoire et de circulation extra-corporelle (Sfaccec), issue de la fusion de deux sociétés savantes sur ces sujets. C'était d'ailleurs un des prérequis du ministère de la Santé pour envisager une reconnaissance du métier, souligne le président du syndicat.

Une autre condition nécessaire consistait à créer une formation unique. Généralement, les perfusionnistes se forment auprès de leurs pairs via le compagnonnage, remarque Laurent Mathieu. Mais depuis 2020 le master de circulation extra-corporelle et assistance circulatoire, validé par la Sfaccec et la Société française de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire est ouvert à Sorbonne université (Paris).

Les perfusionnistes peuvent désormais bénéficier d'une formation qui « rassure les chirurgiens et les anesthésistes », ajoute-t-il, car elle offre un socle unique et scientifique de connaissances et de compétences. Une vingtaine de professionnels obtiennent ce diplôme chaque année.

Mais cette formation n'est pas encore obligatoire. Issu d'un décret de 2006, l'article D6124-122 du code de la Santé publique indique juste qu'une « infirmière ou un médecin expérimenté en circulation sanguine extracorporelle » doit être présent lors de chaque intervention de chirurgie cardiaque, sans préciser ce que recouvre le terme « expérimenté ».

Lire aussi, sur ActuSoins.com : 

Perfusionnistes : aux manettes de la circulation extra-corporelle (2021)

Une grande majorité d'infirmiers

La très grande majorité des perfusionnistes sont des infirmiers (62% des IDE, 28% des Iade, 6% des Ibode) et une petite minorité (4%) des médecins.

Ces professionnels doivent mettre en place et gérer la circulation extra-corporelle des patients lors d'une intervention de chirurgie cardiaque mais aussi pour les patients en échec thérapeutique et en attente de greffe de poumons ou de cœur ou d'implantation de cœur artificiel.

Ils gèrent également la réhabilitation d'organes avant une greffe.

Ces fonctions sont très spécialisées et impliquent d'importantes responsabilités, souligne le président SNFPerfu. « Nous avons la vie des patients entre nos mains, insiste-t-il. Nous avons des responsabilités hors normes pour des paramédicaux. » Mais elles ne sont pas reconnues, selon lui.

Comme la plupart des infirmiers détenteurs d'un master, les perfusionnistes diplômés ne sont pas rémunérés plus que leurs collègues IDE (ou Iade ou Ibode) et comme ils sont peu nombreux, les astreintes sont fréquentes. Certains désertent donc ce type de poste, poursuit Laurent Mathieu, et « il manque une cinquantaine de perfusionnistes en France ».

Ce qui nuit à la qualité des soins et cause selon lui des pertes de chances pour les patients voire des décès car des interventions urgentes ne peuvent avoir lieu. Certains établissements en sont réduits à recourir à des confrères et consoeurs belges qui se font payer très cher...

Sortir du décret de compétences

Le SNPerfu demande donc une reconnaissance officielle du métier, pour éviter ces « désertions » et attirer de nouvelles recrues afin de répondre aux besoins.

Il faudrait pour cela rendre la formation obligatoire, insiste le président du syndicat, et mettre sur pied une grille salariale correspondant au niveau de compétence et de responsabilité des perfusionnistes.

Quitte à sortir du métier d'infirmier et de son décret de compétences. Dans un contexte où le ministère n'envisage pas de créer de nouvelles spécialités infirmières et où cette profession ne rentre pas dans le cadre de la pratique avancée : « il nous reste peu de possibilités pour faire exister ce métier », remarque Laurent Mathieu. Cela permettrait aussi, ajoute-t-il, à des professionnels venant d'autres filières comme les licences biomédicales, d'accéder à ces fonctions.

Après l'unification des sociétés savantes et la création du master, la Sfaccec et le SNPerfu sont revenus vers la DGOS à l'automne comme prévu pour faire avancer leur projet mais, malgré leurs relances, leurs demandes restent sans réponse.

Si ce silence perdure, le syndicat craint des mouvements sociaux qui pourraient mettre à l'arrêt les blocs de chirurgie cardiaque, mais aussi, surtout, de nouvelles défections.

Géraldine Langlois

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Réactions

1 réponse pour “Les perfusionnistes veulent obtenir la reconnaissance de leur métier”

  1. Luci2 dit :

    Il faudrait déjà que les compétences infirmières soient connues et reconnues pour que l’ensemble des spécialisations, le soit également . Tant que le mot « infirmière » sera galvaudé comme il l’est, rien ne sera possible.

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