Infirmier en pédopsychiatrie, il anime des séances d’arts martiaux pour les jeunes patients

Au CMPEA de l'hôpital Béziers, les séances d'arts martiaux organisées par un infirmier participent à la prise en charge de jeunes patients ayant des troubles psychiques. En groupe ou en individuel, ces ateliers les aident à progresser sur le chemin du rétablissement.

Guillaume Generoso, infirmier au CMP pour enfants et adolescents de l'hôpital de Béziers

© DR

Guillaume Generoso, infirmier au CMP pour enfants et adolescents de l'hôpital de Béziers, a commencé à encadrer des ateliers d'arts martiaux avec les jeunes patients un peu par hasard.

« J'étais en stage de deuxième année et mon tuteur exprimait la difficulté de trouver des éducateurs sportifs abordables, raconte-t-il. Moi j'étais déjà instructeur d'Aïkido. Je lui en ai parlé et on a écrit un projet », avec le soutien d'un pédopsychiatre.

Pendant cinq ans, il a ainsi animé, avec l'autre infirmier, des séances collectives bimensuelles d'arts martiaux avec les jeunes patients, dans un but thérapeutique. Même quand il travaillait dans un autre établissement.

Le départ à la retraite de son ex-tuteur a signé la fin du projet. Temporairement seulement, car quelques années plus tard, Guillaume Generoso est revenu travailler au CMPEA  et a naturellement proposé de renouveler le projet. Les séances avaient laissé de bons souvenirs à certains soignants de l'équipe. Depuis deux ans, donc, il travaille dans le service et consacre, depuis que la crise sanitaire s'est apaisée, une partie de son temps à des séances d'arts martiaux, individuelles pour le moment.

Approche corporelle

La psychiatre Pascale Blanchard, notamment, oriente vers lui certains jeunes patients, par exemple ceux « qui ont des difficultés avec l'expression orale, pour lesquels une approche corporelle peut favoriser la verbalisation de ce qu'ils vivent, explique-t-elle, et aussi des enfants et des adolescents qui on une impulsivité importante et du mal à gérer leurs émotions ».

En réunion de synthèse pluriprofessionnelle, psychiatres et psychologues évoquent les fragilités des enfants qu'ils orientent vers cet atelier et indiquent à l'infirmier des axes de travail, à charge pour lui de les traduire à travers son approche des arts martiaux. Il peut s'agir de travailler « sur l'estime de soi, la confiance en soi et dans l'adulte, la gestion des émotions, des contacts physiques, du toucher, la représentation de l'enveloppe corporelle ou encore les interactions avec les autres », observe la psychiatre.

Après un moment d'accueil, la séance débute par un échauffement puis se poursuit avec une pratique d'arts martiaux variés, avec leurs règles précises, adaptée à chaque patient. Elle s'achève par un moment défouloir de « combat libre » où l'enfant ou l'ado met en oeuvre ce qu'il a appris durant la phase précédente avec des gants et des « armes » en mousse. « Ils projettent vers moi tout qui leur fait mal, ce qu'ils ont besoin d'expulser », explique Guillaume Generoso. La séance s'achève par un temps de respiration ventrale.

Régulièrement l'équipe du CMPEA fait le point sur la manière dont se déroulent les séances, les progrès observés, l'évolution de la prise en charge. Le Dr Blanchard et l'infirmier constatent des effets positifs sur les enfants orientés vers cette pratique. « Ils se sentent valorisés, observe le médecin, par le regard de l'adulte. Souvent, ce sont des enfants à la recherche d'un regard soutenant de la part des adultes et c'est ce qui se produit lors des séances ».

Au bout d'un certain temps, variable pour chaque enfant, elle constate aussi que beaucoup parviennent à mieux verbaliser ce qui se passe pour eux, à mieux faire avec leurs émotions, à développer leurs échanges avec les autres jeunes, à avoir plus d'assurance.

Compétences psychosociales

Peu à peu, « ils relèvent le menton », commente Guillaume Generoso, développent leur confiance et l'anxiété de certains (ou plutôt certaines) par rapport à leur corps diminue, l'agressivité d'autres diminue, l'appréhension des règles de vie s'améliore. Selon lui, les arts martiaux constituent un support très pertinent pour travailler sur ces compétences à la fois sociales, psycho-émotionnelles et corporelles.

Dans le prolongement de ces séances individuelles mais aussi du projet originel des années 2010, l'équipe a souhaité remettre en places des ateliers collectifs d'arts martiaux.

Un projet qui motive beaucoup Guillaume Generoso. Il fallait qu'un deuxième professionnel accepte de d'investir et c'est chose faite : une de ses collègues est partante. Les séances collectives devraient pouvoir recommencer prochainement.

En attendant, l’infirmier reste enseignant d'aïkido en club sur son temps libre. Il accueille dans ses cours des jeunes présentants des troubles psychiques et du spectre de l'autisme et œuvre pour une meilleure inclusion de ces sportifs dans les clubs.

Géraldine Langlois

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