Guérir en mer : la voile comme thérapie pour les soignants

Créée en 2019 à l’initiative d’un médecin généraliste et d’un kinésithérapeute, l’association Guérir en mer apporte un soutien aux soignants en difficulté en leur proposant des sorties en mer comme moyen de prévention et de traitement face au burn-out.

Guérir en mer : la voile comme thérapie pour les soignants

© Guérir en mer

L’idée est née d’un binôme médecin-kinésithérapeute. « J’ai toujours fait du bateau mais uniquement en loisir, raconte le Dr Marine Crest-Guilluy, médecin généraliste à Marseille et co-fondatrice de l’association.»

« En arrivant à Marseille, Jean-Baptiste Bourlard, kinésithérapeute et ami d’enfance, m’a initiée à la régate. J’en ai rapidement apprécié les bienfaits. Quelques heures passées sur l’eau offrent une réelle déconnexion. »

Après avoir tenue la barre pour la régate "Les Dames à la barre", le Dr Crest-Guilly est convaincue de la nécessité de mettre en place une offre pour faire découvrir la voile aux soignants, comme outils de prévention et thérapeutique.

Rapidement, le binôme obtient un soutien financier de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et du Club nautique de Marseille. L’association est créée.

Une double action

L’action de l’association est organisée autour d’un événement annuel « Guérir en mer ».

« Nous organisons tous les ans une régate pour casser les hiérarchies entre les professions de santé, et créer du lien ville-hôpital », rapporte le médecin.

Mais en raison de la crise sanitaire, la première édition a été reportée deux fois, avant de se tenir en 2021.

Ouvert à tous les soignants et leurs familles, l’événement est organisé sur trois jours. Le premier jour, à terre, permet d’expliquer lors d’un colloque, les liens entre la voile et la santé. Les deux autres jours sont consacrés à une régate, ouverte aux novices également, et rassemble entre 350 et 400 personnes sur l’eau. « Les bateaux sont mis à disposition bénévolement par des propriétaires et des skippers », précise le Dr Marine Crest-Guilluy.

En parallèle, des parcours « Guérir en mer » proposent « aux soignants ayant un besoin urgent de prendre l’air » des sorties en mer sur la journée, des soirées à thèmes et des conférences tout au long de l’année.

« Nous organisons une sortie en mer par mois pour une trentaine de soignants en épuisement professionnel », rapporte le Dr Crest-Guilluy.

Ils sont orientés par le réseau de Guérir en mer, l’association Soins aux professionnels de la santé (SPS), la plateforme Med’Aide, la Région ou encore leur Ordre professionnel.

« Cette journée a une visée thérapeutique car le but est de les déconnecter de leur quotidien professionnel, explique le médecin, indiquant que les infirmiers sont les bénéficiaires majoritaires. Ceux ayant déjà effectué de la voile, peuvent naviguer. Quant aux novices, ils découvrent l’univers de la voile. »

Cette rencontre leur donne également une dynamique, d’autant plus qu’ils peuvent revenir plusieurs fois dans l’année. 300 soignants en ont bénéficié depuis mars 2022.

"J'ai constaté une amélioration de mon moral"

Guérir en mer : la voile comme thérapie pour les soignants

© Guérir en mer

C’est le cas de Cécile, infirmière en pédopsychiatrie dans un Centre hospitalier du Sud de la France. Elle, a effectué toute sa carrière dans la fonction publique.

« Depuis 20 ans, la charge administrative qui nous incombe ne fait que s’alourdir, et encore hier, on m’a annoncé le passage au dossier informatisé, avec toutes les difficultés que cela implique, témoigne-t-elle, las. Cela vient heurter mes valeurs professionnelles car ce temps que je consacre aux dossiers, à l’informatique, je ne le consacre pas aux patients. »

C’est une collègue de travail qui lui a parlé de l’association Guérir en mer. « Je me suis inscrite d’abord à la journée annuelle, puis aux parcours GEM, raconte-t-elle. Depuis, j’ai constaté une amélioration de mon moral. »

En 2022, elle a bénéficié du parcours trois fois. « Ce rendez-vous est devenu un incontournable pour moi, alors que je n’avais jamais mis un pied sur un bateau », souligne-t-elle.

Ces journées en mer lui apportent un apaisement psychologique très important. « Fixer l’horizon me vide la tête et m’apporte un lâcher-prise, précise-t-elle. Le contact avec l’eau est réparateur. Lorsque je suis sur le bateau, j’oublie le reste. »

Sur le plan physique, l’équipage est également sollicité donc tout le temps en mouvement. « J’ai travaillé au bloc opératoire, dans un petit espace, dans lequel chaque professionnel se trouve à un poste précis, partage-t-elle. Le travail sur le bateau m’y fait penser mais dans le respect de mes valeurs, sans les contraintes associées. » 

Les parcours GEM sont aussi créateurs de liens sociaux, d’échanges et de confiance en soi. « J’ai appris à travailler sur le bateau, alors que j’étais totalement novice, confie-t-elle. C’est vraiment une belle expérience que je recommande. »

L’association s’ouvre aujourd’hui à d’autres territoires avec une antenne aux Sables d’Olonne, et prochainement à Cherbourg-en-Cotentin, La Trinité-sur-Mer et peut-être Ajaccio.

Laure Martin

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