IBODE : le Collectif inter-blocs demande une formation en alternance pour les IDE des blocs

Une solution à la difficulté de former suffisamment d'Ibode (Infirmiers de bloc opératoire diplômés d'État) pour respecter leur exclusivité d'actes réside, selon le Collectif inter-blocs, dans une formation en alternance des IDE (Infirmiers diplômés d'État) qui y travaillent déjà. En cette fin d'année 2022, il a rédigé une proposition de loi en ce sens.

IBODE : le Collectif inter-blocs demande une formation en alternance pour les IDE des blocs

© Gorodenkoff / ShutterStock

Le Collectif inter-blocs (CIB) poursuit ses démarches pour faire avancer une de ses priorités -100% d'Ibode au bloc avec exclusivité de fonction- à travers une proposition de formation Ibode en alternance pour les IDE qui travaillent déjà dans les blocs opératoires.

Le cœur de la proposition de loi du CIB consiste à instaurer une obligation de formation pour tous les IDE – non Ibode - travaillant dans les blocs opératoires.

Pour former « en masse » ces IDE, il propose un nouveau cadre de formation, en alternance, adapté au niveau d'expérience et d'ancienneté.

Pour les infirmiers ayant moins de cinq ans d'expérience au bloc, la formation porterait sur toutes les compétences du référentiel de formation Ibode et s'étendrait sur cinq ans.

Pour ceux qui ont entre cinq et quinze ans d'expérience, le CIB propose une formation théorique sur les blocs de compétences 1, 2 et 3, étendue sur trois ans.

Et pour les IDE travaillant au bloc depuis plus de 15 ans, un examen de validation porterait sur les cinq blocs de compétences du référentiel Ibode. Ces IDE expérimentés pourraient compléter leurs connaissances en alternance sur les compétences non validées.

Les cours théoriques pourraient se dérouler à 50% en distanciel. Et sauf dispense, les stages pourraient être effectués, en présence d'un encadrant Ibode, dans des structures privées ou publiques différentes ou pas du lieu d'exercice des IDE.

Proposition de loi

Le CIB est assisté dans la rédaction de sa proposition de loi par le député (LFI) de Haute-Garonne Hadrien Clouet. Il la portera avec d'autres députés au sein de la commission des Affaires sociales puis devant l'Assemblée, indique Grégory Chakir, porte-parole du CIB.

Cette proposition de loi vise à atteindre l'objectif de 100 % d'Ibode dans les blocs, prévu dans les textes mais inatteignable aujourd'hui du fait du trop petit nombre d'IDE formés à la spécialité Ibode.

Selon le CIB, la formation Ibode n'est pas suffisamment attrayante pour les IDE (le diplôme Ibode n'est pas assez valorisé et la formation de 24 mois en présentiel contraignante) comme pour les établissements (elle leur coûte financièrement et ils doivent se séparer d'un IDE pendant deux ans), et surtout elle n'est obligatoire que pour pratiquer les actes exclusifs...

« Si on se fixe sur le master, il faudra attendre 40 ans » pour avoir 100% d'Ibode dans les blocs, souligne Gregory Chakir, alors que la formation en alternance proposée par le CIB n'est destinée à ne fonctionner que pendant cinq ans.

La formation en alternance que propose le collectif est « une mesure d'urgence pour former rapidement des personnes qui ont de l'expérience et en terminer avec la juxtaposition de professions au bloc », indique Gregory Chakir.

Plus globalement, l'obligation de formation prévue dans cette proposition de loi devrait, insiste-t-il, « mettre fin aux mesures transitoires, un bourbier juridique pour les Ibode et les IDE ».

Flou juridique

Alors que la formation Ibode (4 semestres, grade master) est théoriquement obligatoire depuis 2015 pour exercer au bloc, des mesures dites transitoires visent à permettre aux IDE qui n'ont pas suivi la formation Ibode de réaliser certains des actes exclusifs aux Ibode, tant que suffisamment d'Ibode n'auront pas été formés.

Régulièrement, des décrets sont publiés pour allonger la période transitoire en question et aménager le cadre d'exercice des IDE, reportant d'autant l'application réelle de l'exclusivité d'actes des Ibode.

Un nouveau décret est attendu depuis avril 2022, délai donné en décembre 2021 par le conseil d'État au gouvernement pour revoir sa copie et permettre à plus d'IDE de réaliser les « actes exclusifs ».

Depuis avril, donc des infirmières et infirmiers non-Ibode « sont amenés à effectuer des dépassements de tâches » et se trouvent ainsi « en insécurité juridique », pointe Grégory Chakir.

Une version du projet de décret qui a circulé il y a plusieurs mois ne comprend toujours pas d'obligation de formation et viserait à élargir encore les actes pouvant être réalisés par les IDE...

S'il est publié tel quel, le CIB se prépare à le contester devant le conseil d'État. Il n'a pas connaissance en tout cas d'une date de parution. La période de flou juridique se poursuit donc...

Le collectif a envoyé sa proposition de loi à la DGOS et demandé une audience à sa nouvelle directrice, Marie Daudé, mais c'est le « silence radio ».

Géraldine Langlois

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