Télémédecine : des formations à géométrie variable pour les infirmiers

Le développement des pratiques infirmières en matière de télémédecine, notamment dans l'accompagnement à la téléconsultation mais aussi le télésoin crée de nouveaux besoins de formation. Les universités et les organismes de formation déploient en cette rentrée 2022 des programmes de 14 à 60 heures.

Télémédecine : des formations à géométrie variable pour les infirmiers

© fizkes / ShutterStock

Les formations destinées aux infirmiers en matière de télémédecine ou télésanté se développent à mesure que les IDE investissent ce nouveau domaine d'exercice et que les pouvoirs publics incitent à leur développement.

Des universités et des organismes de formations s'emparent du sujet. « C'est une thématique poussée par les différents plans de santé publique et notamment par le plan "Ma santé 2022" », souligne Laurence Brunelle, directrice pédagogique de l'organisme de formation ISIS Infirmier.

La multiplication des téléconsultations lors de la crise sanitaire du Covid a aussi donné une impulsion à un nouvel acte infirmier ajouté en mars 2019 à la convention nationale des infirmiers, l'accompagnement à la téléconsultation.

Et en matière de télésanté, un arrêté du 3 juin 2021  a créé par ailleurs le télésoin.

Formation conseillée

Les occasions pour les infirmiers – essentiellement ceux qui travaillent en libéral ou en tout cas en ville – de devoir intervenir en matière de télésanté se multiplient.

Et même si aucune formation n'est obligatoire pour le faire, elle est fortement conseillée. En la matière, le diplôme inter-universitaire (DIU) national de télémédecine piloté par l'université de Montpellier fait partie des formations pionnières puisqu'il existe depuis 2016.

Il réunit aujourd'hui les universités de Montpellier, Besançon, Lille, Bordeaux et l'Université catholique de Lille. Les IDE représentent environ 30% des inscrits à ce DIU, observe Maurice Hayot, professeur des universités et praticien hospitalier en charge des formations en santé numérique dans cette université.

« Ce sont essentiellement des professionnels déjà en fonction et qui cherchent à développer leur propre projet, dans une MSP ou une association d'infirmières libérales », ajoute-t-il. Comme la santé numérique n'est pas encore intégrée à la formation initiale des infirmiers, ceux qui veulent se lancer expriment un besoin de connaissances.

Ce cursus, étalé sur un an (il commence fin novembre), se compose de six modules de 8 à 10 heures, certains en présentiel sous forme de cours ou de colloque, d'autres en e-learning sur une plateforme.

Il comprend aussi une immersion de 12 heures. Le programme, très complet, couvre les dimensions historique et réglementaire de la télésanté ainsi que les aspects technologiques et il aborde les différents types de pratique, par profession (médecins, infirmiers, pharmaciens...).

Il inclut également une dimension d'analyses d'expériences et de conseils au montage de projet.

60 ou 14 heures

Outre ce DU, de nombreux organismes de formation ont monté des programmes à destination des infirmiers, surtout libéraux (ils sont finançables dans le cadre du Développement professionnel continu).

Orion santé ou Isis infirmiers, par exemple, proposent une formation de deux jours (14 heures), en présentiel ou en classe virtuelle, le premier sur les bonnes pratiques en téléconsultation, le second sur les pratiques en téléconsultation et télésoin.

Dans les deux cas, il s'agit de formations principalement pratiques, qui portent notamment sur l'utilisation des appareils connectés dans l'accompagnement à la téléconsultation.

Dans l'acculturation des participants aux différentes dimensions de la télémédecine, la protection des données personnelles (RGPD) dans le cadre de la coordination des soins, notamment, est aussi abordée, tout comme la dimension relationnelle « car dans l'accompagnement à la téléconsultation, le patient dépend de l'infirmière et il faut savoir le mettre à l'aise face à l'écran », indique Catie Kindel, directrice scientifique et pédagogique d'Orion santé (70 IDE formées en 2022).

Certaines formations utilisent la simulation, les jeux de rôles. Des cas concrets sont examinés. Selon Laurence Brunelle, « on sent un frémissement » dans l'intérêt des Idel pour la formation sur la téléconsultation. Ce sujet arrive en troisième position dans leurs demandes après le BSI et le retour précoce à domicile après une chirurgie.

Écoles de télémédecine

Les prestataires de télémédecine forment aussi les infirmiers utilisateurs de leur matériel, notamment leurs salariés. C'est le cas de la Startup Toktokdoc, basée à Strasbourg, qui est en train de créer une « école de télémédecine » à laquelle l'université de Strasbourg prévoit de s'associer.

L'université de Montpellier, une des lauréats de l'appel à manifestation d'intérêt sur les compétences et métiers d’avenir lancé fin 2021 par le gouvernement dans le cadre du plan « France 2030 », projette aussi de créer une école de santé numérique qui regroupera à l'horizon 2023 une offre de formation, potentiellement spécialisée par métier, et une offre destinée aux formations initiales, notamment infirmière.

Pour Maurice Hayot, cet élan des pouvoirs publics inaugure « un moment charnière » pour ces formations car ils encouragent pour la première fois leur structuration.

Géraldine Langlois

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