Présidentielles : six organisations infirmières invitent les candidats à s’exprimer

Dans le cadre des prochaines élections présidentielles, six structures infirmières invitent les candidats à la présidence de la République à venir présenter le 10 mars leurs propositions concernant le système de santé et à répondre aux attentes de la profession infirmière.

Présidentielles : six organisations infirmières invitent les candidats à s’exprimer

©Sergey Tinyakov / ShutterStock

L’ANFIIDE1, l’ANPDE2, le CEFIEC3, la FNESI4 et l’UNAIBODE/SNIBO5 invitent les candidats à la Présidence de la République à présenter leur programme concernant l’évolution du système de santé de demain, et plus particulièrement la profession infirmière.

Cette journée avec les présidentiables se déroulera dans un studio TV et sera retransmise en direct sur YouTube.

La crise sanitaire a renforcé les problématiques déjà connues du système de santé. Et les structures organisatrices espèrent qu’elles seront au cœur des campagnes des candidats.

Un changement de paradigme nécessaire ?

Les six organisations ne souhaitent en aucun cas faire du corporatisme, elles ont avant tout souhaité « lancer le mouvement » et entendent bien aborder des thématiques concernant l’ensemble de la profession les spécialités, les infirmiers hospitaliers et libéraux, afin d’échanger sur l’avenir du système de santé.

Comme elles le rappellent, l’avenir du système de santé « doit se construire avec l’ensemble des acteurs qui le composent et inévitablement en considérant ceux du terrain. »

Dès lors, quelles préconisations sont envisagées pour faire évoluer un système qui tend à montrer ces limites face à la crise ? Quelles solutions pour endiguer les problématiques de ressources humaines ? Comment lutter contre le désintérêt des métiers de la santé, contre les abandons de postes et de formation ? Quelles sont la vision des candidats quant au défi de l’attractivité des métiers de la santé? Autant de questions légitimes que la profession souhaite aborder avec les candidats.

Et ce d’autant plus que la Fédération hospitalière de France (FHF), la Fnesi et le Cefiec ont mené fin 2021 une enquête « Crise Covid-19 : quelles évolutions de la perception de leur métier et attentes pour l’avenir des étudiants en santé », qui a révélé que « 96 % des étudiants en soins infirmiers sont fiers de leur futur métier, mais 1/3 n’a pas confiance dans le système de santé, fait savoir Michèle Appelshaeuser, présidente du Cefiec. On suppose que cette même conclusion peut être appliquée à l’ensemble des professionnels de santé. De fait, l’une des réponses que l’on attend de la part des candidats à la présidence de la République, est de savoir comment ils comptent nous redonner confiance. Nous avons tous cette attente, et nous voudrions savoir où nous allons. Nous sommes en ce moment dans des injonctions paradoxales concernant les formations, leur réingénierie, mais aussi la réduction du nombre de lits, les problèmes d’effectifs dans les hôpitaux, la désertification médicale. Quelles sont les réponses ? Quels professionnels vont être formés pour soigner les patients de demain ? »

Les thématiques globales

Trois thématiques vont plus particulièrement être approfondies : comment s’occuper des personnes fragiles (aînés, personnes atteintes de handicap, enfants) ; le développement de l’autonomie de la profession ; enfin, l’évolution des professions d’aides-soignantes et infirmières notamment pour libérer du temps médical.

Les candidats seront interrogés par rapport à leurs objectifs et leur mise en œuvre concrète. « Certes, nous allons émettre des idées, mais la finalité d’une campagne présidentielle, c’est aussi d’être séduits par les propositions des candidats en réponse à nos problématiques », rappelle Sébastien Devillers, en charge de la communication de cet événement.

Nous nous attendons donc à ce qu’ils exposent leur vision, leurs propositions pour développer et renforcer le lien ville-hôpital et encourager à l’attractivité des métiers. »

Revendications particulières

Les associations infirmières vont également pouvoir aborder des thématiques qui leur sont propres. A titre d’exemple, les infirmières puéricultrices se battent depuis des années pour une nomenclature d’actes pour l’exercice libéral. Elles attendent un texte de loi sur le sujet.

Pour les infirmiers de bloc opératoire (Ibode) en particulier, « nous attendons depuis dix ans la réingénierie de la profession, regrette Richard Leroux, président de l’Association d’Ile de France des Infirmier(e)s de Bloc Opératoire Diplômé(e)s d’Etat (AIFIBODE). Depuis cinq ans, on nous dit qu’elle va avoir lieu et nous attendons toujours. Nous ne sommes pas valorisés dans notre spécialité. Nous avons des actes spécifiques qui ne sont pas appliqués, nous attendons donc des réponses et que les candidats précisent leurs orientations pour nos questionnements. »

Pour les cadres, les problématiques sont en lien avec leur formation. « On prévoit d’augmenter les effectifs mais personne ne se demande comment les cadres vont être formés et quel sera le profil des formateurs », pointe du doigt Michèle Appelshaeuser.

Les structures organisatrices cherchent à obtenir une vision sur le long terme, allant au-delà du quinquennat.

Les candidats ne seront pas être pris au dépourvu. Les thématiques et les principales questions des différentes associations leur seront envoyées en amont afin qu’ils aient le temps de formuler leurs réponses.

Les candidats vont être accueillis les uns après les autres, pendant 40 minutes, l’objectif n’étant pas de faire de débat entre eux mais d’aborder les problématiques de manière individuelle. Pour le moment, le contact a été pris avec l’ensemble d’entre eux et certains ont déjà répondu présents.  

Laure Martin

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ANFIIDE1 : Association Nationale Française des Infirmières et Infirmiers Diplômés et des Etudiants, ANPDE2 : Association Nationale des Puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s et des Etudiants, FNESI : Fédération Nationale des Etudiants en Sciences Infirmières, CEFIEC3 : Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres, UNAIBODE/SNIBO4 : Union Nationale des Associations d’Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômés d’Etat, Syndicat National des Infirmiers de Bloc Opératoire.

Le collectif Santé en danger lance son « vrai » Ségur de la santé

En marge de cette journée d’échange, le collectif Santé en danger a annoncé lancer officiellement le « vrai Ségur de la santé ».

Une initiative qui s’organise autour de 40 jours d’auditions pour « changer le système de santé » en réponse au Ségur de la santé organisé en 2020 par le ministère de la Santé et présenté  comme « un sparadrap sur un malade en état de choc ».

Pour le Collectif, « les soignants sont restés sur un sentiment de trahison : aucun de leurs problèmes n’a été réglé ! »

Parmi les problématiques : les déprogrammations médicales, les fermetures d’unités de soins et des services d’urgence de nuit, les personnels soignants qui démissionnent et quittent le monde de la santé. Le collectif Santé en danger, porté par le Dr Arnaud Chiche, estime que des « vraies » solutions existent, d’où le lancement de son « vrai Ségur de la santé » avec pour objectif d’engager « une refonte durable et pérenne » du système de santé pour permettre « aux citoyens français de bénéficier d’un secteur sanitaire et social performant et novateur ».

« On a voulu renvoyer à plus tard les questions qui fâchent, regrette le Dr Arnaud Chiche, fondateur et président du collectif Santé en danger. Or l’élection présidentielle est le moment à saisir pour adopter enfin un vrai programme Santé pour les Français. Les politiques doivent savoir que l’accalmie sur le front de la Covid ne doit pas nous détourner de l’urgence vitale de nous retrousser les manches pour rebâtir notre système de santé ! » 

Ce « vrai » Ségur entend être mené avec des experts, des citoyens et les candidats à l’élection présidentielle qui vont être auditionnés.

Les auditions avec l’ensemble des représentants des métiers de la santé ont débuté le 14 février, et vont être suivies, du 15 février au 23 mars, par des auditions expertes et citoyennes, puis les 27 et 28 mars, par les auditions des candidats à la présidentielle.

L’ensemble des échanges, qui vont se dérouler en visio-conférence, seront publiques et ouvertes à tous. « A chacun, à commencer par les praticiens de la santé, de toutes professions et de tous les territoires, de se l’approprier, d’apporter ses solutions », soutient le collectif.

La quatrième phase du projet consistera à remettre en mai, au président de la République élu, les conclusions du « vrai » Ségur de la santé.

Un site Internet a été créé pour l’occasion : www.levraisegurdelasante.fr.

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