Cytostatiques : l’ANSES identifie 18 principes actifs potentiellement cancérigènes pour les professionnels qui y sont exposés

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) recommande d’inclure les travaux exposant à 18 principes actifs cytostatiques à l’arrêté fixant la liste des procédés cancérogènes en droit du travail. L’Agence émet également des recommandations afin de protéger et sensibiliser les employeurs et les professionnels potentiellement exposés. 

Cytostatiques : l'ANSES identifie 18 principes actifs potentiellement cancérigènes pour les professionnels qui y sont exposés

© Numstocker / ShutterStock

Infirmiers, aides-soignants, médecins, vétérinaires, personnels de nettoyage…. De nombreux professionnels, en ville comme à l'hôpital, sont potentiellement exposés aux cytostatiques, qui, majoritairement utilisés pour traiter les cancers, sont aussi susceptibles de présenter des propriétés cancérogènes pour les cellules saines.

D'ailleurs, selon une enquête "SUMER 2017" relayée par l'ANSES, près de 92 000 salariés sont exposés à ces substances : de la fabrication à la manipulation, en passant par le transport, la gestion des déchets, le nettoyage...

Prévenir les risques

Après de premiers travaux publiés en 2018, et en s'appuyant sur des évaluations européennes ou internationales existantes, l'Anses propose d'inclure les travaux exposant à 18 principes actifs de médicaments anticancéreux à l'arrêté française fixant la liste des substances, mélanges ou procédés cancérogènes au sens du code du travail. 

« Aujourd’hui, les médicaments cytostatiques sortent du cadre de classification et d’étiquetage européen. Contrairement aux produits utilisés en milieu industriel, le règlement européen n’impose pas de prévenir l’utilisateur du caractère dangereux des médicaments via un étiquetage spécifique. En proposant d’inscrire les travaux exposant à ces 18 substances dans l’arrêté français, nous contribuons à l’évolution du cadre réglementaire pour une meilleure protection des professionnels exposés », souligne Henri Bastos, Directeur scientifique santé-travail à l’Anses, cité sur le site de l'agence sanitaire. 

Il s'agit de 11 alkylants : busulfan, carmustine, chlorambucile, chlorméthine (sous forme de chlorhydrate, Ledaga*, Recordati), cisplatine, cyclophosphamide, lomustine, prednismustine, melphalan, procarbazine (sous forme de chlorhydrate), thiotépa (Thiotepa*, Riemser). et tréosulfan (Trecondi*, Medac). Sont également concernés trois anti-topo-isomérase II: la doxorubicine (sous la forme de chlorhydrate), l'étoposide, le téniposide. 'agence propose également l'inscription de l'hypométhylant azacitidine (contenu dans Onureg* et Vidaza, BMS), de l'anti-métabolite azathioprine et du trioxyde d'arsenic.

Circonstances d'exposition

Pour déterminer des leviers de prévention efficaces, l'Anses recommande de prendre en compte les circonstances d'exposition à ces 18 substances plutôt que les professions exposées.

- exposition lors de la fabrication, du conditionnement, de la préparation, du transport et de la manipulation des médicaments ;

- exposition lors de la mise en œuvre de protocoles impliquant une ou plusieurs des substances identifiées ;

- exposition du fait de la contamination de l’environnement de travail ou via la gestion des déchets et des excrétions.

Sensibilisation

"Dans le cas des cytostatiques, la substitution des substances est difficile à envisager dans la mesure où leur utilisation s’impose dans l’intérêt thérapeutique des patients", indique l'Anses. 

Pour "maîtriser au mieux les risques existants", l’Anses recommande aux employeurs :

- d’identifier et d’évaluer le risque cancérogène pour les personnels exposés,

- de sensibiliser et former les travailleurs potentiellement exposés à ce risque (techniques de retrait de gants potentiellement contaminés par exemple),

- de mettre en place une surveillance des expositions de ces professionnels.

Elle préconise aussi de s'intéresser à d'autres médicaments anticancéreux et propose une harmonisation des informations relatives à la génotoxicité et à la cancérogénicité dans les résumés des caractéristiques des produits. 

Rédaction ActuSoins

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