Mobilisation du 8 mars : les soignants dans les rangs

En cette journée internationale des droits des femmes, les soignantes étaient dans la rue pour faire valoir les leurs. Egalité salariale, reconnaissance de la pénibilité, retraite… Les revendications sont nombreuses…

Mobilisation du 8 mars : les soignants dans les rangs

La manifestation "santé", qui s'est greffée le 8 mars au rassemblement pour la lutte pour le droit des femmes, a rassemblé 3000 personnes, selon le SNPI, l'une des huit organisations ayant appelé les soignants à se mobiliser. photo © Laure Martin.

« Les hausses de salaire qu’on nous a accordées dans le cadre du Ségur de la santé ne sont pas suffisantes et en plus, je n’ai toujours rien touché », dénonce Claudie, infirmière depuis 37 ans, exerçant aujourd’hui au sein d’un Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) privé à but lucratif.

A Paris, elle est venue battre le pavé avec Valérie, également infirmière mais dans un établissement public en psychiatrie. « Déjà qu’en tant qu’infirmière, on travaille pour un salaire bien en deçà de notre charge de travail, mais avec la crise, les procédures se sont alourdies et les salaires ne suivent toujours pas », ajoute-t-elle.

Un point de vue partagé par Samira, infirmière depuis 14 ans à l’hôpital Bichat : « Aujourd’hui, je gagne 1850 euros par mois. Les techniciens de l’hôpital ont un salaire plus élevé que moi alors que j’ai un bac+3. Ce sont des hommes… Il n’y a rien à dire de plus. Tous les métiers majoritairement féminins sont sous-payés. »

Et les soignantes ne font bien entendu pas partie des exceptions. Pour les manifestants, c’est justement parce qu’il s’agit de métiers majoritairement féminins qu’ils sont si mal payés.

 L’augmentation des salaires annoncée dans le cadre du Ségur de la santé ne change rien à la place de la France, « qui se situe toujours au 22e rang des pays de l’OCDE concernant la rémunération des infirmières, regrette Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT Santé Action Sociale, qui vient d’arriver au point de départ de la mobilisation à Port Royal (14earrondissement de Paris). Les métiers du sanitaire et du social doivent être reconnus et valorisés notamment pour devenir attractifs car nous avons besoin d’emplois. Aujourd’hui, dans le cadre de la crise sanitaire, nos libertés sont restreintes car les hôpitaux manquent de personnel pour accueillir les patients, ce n’est pas normal. Nous ne pouvons plus accepter que les infirmières travaillent seules la nuit. Il faut améliorer les conditions de travail. »

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Une évolution de carrière ralentie

Dans la fonction publique hospitalière, la grille salariale encadre les salaires et garantit une égalité de traitement entre les hommes et les femmes, du moins sur le papier... « Dans les faits, lorsqu’une infirmière prend un poste, elle doit s’imposer pour bénéficier du même coefficient d’embauche que celui des hommes, dénonce Sylvie Pons, infirmière depuis 36 ans, actuellement dans un établissement public, et membre du bureau fédéral de la CGT Santé et Action Sociale.

Et les conséquences d’être une femme se ressentent tout au long de sa carrière. « Quand j’ai annoncé ma cinquième grossesse, ma direction m’a répondu ″encore″ et personne ne m’a facilité le travail, sauf bien entendu mes collègues, témoigne Anissa, aide-soignante depuis 21 ans, au sein d’un Ehpad public, présente aujourd’hui sous la bannière Sud-Santé. Et c’est sans compter l’impact de nos arrêts sur nos avancements, nos échelons ou encore les refus qu’on essuie vis-à-vis de demandes de formation parce qu’on rentre de congé maternité″. »

Un lourd désavantage pour la retraite

Au moment du calcul de la retraite, la situation est loin de s’améliorer. « Nous sommes désavantagées, dénonce Laurianne, aide-soignante depuis 13 ans et actuellement en poste à l’hôpital de Charles Foix (Val de Marne). Puisque nous nous arrêtons pendant notre carrière lorsque nous sommes enceintes ou pour nous occuper de nos enfants, nous ne pouvons pas partir à la retraite à âge et salaire équivalents. »

Aujourd’hui, dans les couloirs des services au sein des établissements publics, il n’est plus rare de voir des infirmières de 65/67 ans travailler encore, alors qu’auparavant, elles s’arrêtaient à 55 ans. « Bien entendu, ce sont les femmes qui travaillent plus tardivement car elles se sont arrêtées pendant leur carrière, et les réformes successives avec l’instauration de la décote et l’augmentation du nombre de trimestres les obligent aujourd’hui à travailler plus longtemps pour toucher une meilleure retraite, dénonce Valérie. En plus, l’organisation du travail ne s’est pas adaptée à cette situation… »

« Pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait pris l’engagement de faire de l’égalité femmes-hommes une grande cause nationale, il est temps qu’il tienne ses promesses », conclut Mireille Stivala.

Laure Martin

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