Coronavirus : les dépenses de santé vont augmenter, mais nul ne sait de combien

Le coronavirus entraîne des coûts supplémentaires pour l’Assurance maladie, mais il est aussi à l’origine d’une sous-consommation de soins. Si bien que le comité d’experts chargé de surveiller les dépenses de santé, qui a rendu un avis très attendu le 15 avril, ne sait plus trop à quel saint se vouer.

Coronavirus : les dépenses de santé vont augmenter, mais nul ne sait de combien

Tous les ans, au mois d’avril, le comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’Assurance maladie rend un avis très attendu, car il donne la température financière des mois à venir pour le système de santé.

Étant donnée l’incertitude dans laquelle la crise liée au coronavirus a plongé la conjoncture, c’est peu de dire que la publication de la sentence de ces trois experts était particulièrement scrutée cette année. Le fameux rapport est tombé mercredi dernier… mais force est de constater qu’il refuse de trancher.

Les auteurs de ce court document de trois pages commencent par constater que le cadre budgétaire voté fin 2019 semble caduc. « Cette crise d’une ampleur exceptionnelle, sans précédent depuis la création de l'Objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam), bouleverse les conditions de sa mise en œuvre moins de trois mois après l’entrée en vigueur de la loi de financement de la sécurité sociale », écrivent-ils.

Ils estiment notamment que les 616 millions d’euros mis en réserve, comme chaque année, pour aider à respecter l’Ondam en cas de dépenses supérieures aux prévisions « sont sans commune mesure avec les dispositions envisagées pour faire face aux conséquences de l’état d’urgence sanitaire ».

En effet, relève le comité d’alerte, le projet loi de finances rectificative présenté en conseil des ministres le 15 avril prévoit pas moins de 8 milliards d’euros de dépenses supplémentaires, pour financer notamment des achats de masques et ainsi que la fameuse prime de 1500 euros maximum destinée aux soignants les plus impliqués dans la lutte contre l’épidémie. Un chiffre qui, rappelons-le, pourrait faire passer l’augmentation prévue de l’Ondam de 2,5 à 7 %, ainsi que l’a indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran à l’issue du conseil des ministres le même jour.

De la difficulté des prévisions

Mais tout n’est pas si simple en matière de prévision, et le comité d’alerte le sait bien. Les dépenses des prochains mois « seront affectées par des mouvements de sens contraire de grande ampleur », prédisent ses membres.

Il ne faut en effet d’après eux pas uniquement compter sur une forte activité liée aux soins aux personnes affectées par le coronavirus, ainsi qu’aux indemnités journalières et autres achats de matériel. La crise s’accompagne aussi selon eux de « baisses d’activité parfois très fortes, notamment des professionnels de santé en ville, déjà constatées sur les trois premières semaines de confinement ».

Et pour ne rien arranger, il faut ajouter que toutes les conséquences médicales, et donc financières, du coronavirus sont loin d’être tirées.

C’est en tout cas ce que laissait entendre le 15 avril le Pr Jean-François Delfraissy, président du comité scientifique qui conseille Emmanuel Macron sur le coronavirus, auditionné par une mission d’information de l’Assemblée nationale. « Quand on fera le bilan très global de cette crise sanitaire, on aura d'un côté évidemment les décès liés au Covid-19, et nous aurons sûrement une série de surmortalités liées aux conséquences indirectes de Covid-19 », a-t-il déclaré, cité par l’agence APMNews.

C’est donc avec une certaine sagesse que le comité d’alerte indique qu’il scrutera l’évolution des dépenses pour les mois à venir, et qu’il rendra un nouvel avis avant le 1er juin.

Adrien Renaud

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