Attractivité : l’université est l’avenir de l’infirmière

Le Cefiec, qui rassemble les Ifsi français, a organisé mardi dans le cadre de ses journées nationales d’étude un débat sur l’attractivité du métier d’infirmier. Avec un mot d’ordre : pour susciter les vocations, la profession doit entrer pleinement dans le monde universitaire.

Attractivité : l’université est l’avenir de l’infirmière

« Universitarisation. » Le mot n’est pas des plus beaux. Ni des plus faciles à prononcer. Et pourtant, il est l’avenir du métier d’infirmier. C’est du moins ce qui ressort du débat organisé le 4 juin dernier à Paris par le Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec) à l’occasion de ses journées nationales d’études.

A en croire les experts invités par cet organisme qui représente les Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) auprès des pouvoirs publics, c’est en effet en s’arrimant pleinement à l’université que la profession pourra gagner en attractivité.

D’après le Pr Isabelle Richard, conseillère santé au ministère de l’Enseignement supérieur invitée par le Cefiec, l’intégration des formations infirmières à l’université répond en effet à quatre objectifs permettant tous d’améliorer l’image du cursus infirmier auprès des futurs étudiants : donner aux étudiants en soins infirmiers les mêmes droits que les autres étudiants, développer la recherche en soins infirmiers, développer les interfaces avec les formations aux autres professions de santé, et rendre les parcours plus flexibles. Et d’après cette spécialiste de médecine physique et de réadaptation, le graal de l’universitarisation serait proche. « Nous sommes en train d’y arriver, nous sommes tout près du col, et nous sommes peut-être déjà de l’autre côté », a-t-elle déclaré devant le public de formateurs réunis à la Maison de la Mutualité.

L’universitarisation fait également partie des objectifs à atteindre selon les étudiants en soins infirmiers eux-mêmes. Pour Bilal Latreche, président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) également invité par le Cefiec, les patients « ont besoin de professionnels de santé aux compétences élargies, et c’est pour cela qu’il faut aller vers l’universitarisation ». Car selon se représentant des futurs professionnels, « l’université est le lieu où l’étudiant en soins infirmier peut s’émanciper, créer une culture commune de la santé » avec les autres professionnels.

Des obstacles

Reste que tout n’est pas rose dans futur universitaire du métier d’infirmier. Jean-Christophe Boyer, avocat spécialisé en droit de la santé public, est venu le rappeler aux invités du Cefiec. « Vos champs de compétences sont dictés par des textes qui sont des carcans », a expliqué ce juriste, se référant au fameux décret d’actes. « Penser un champ de compétences comme une liste d’actes, est-ce vraiment compatible avec la reconnaissance d’une science infirmière ? », s’est-il interrogé.

Pour lui, l’universitarisation ne sera une réalité quotidienne que quand « l’infirmier sera vu comme un scientifique qui maîtrise son domaine, et non comme un professionnel limité par une liste d’actes ». Et pour cela, une seule solution : « la construction d’une recherche autonome par un système d’enseignants-chercheurs reconnus au sein de leur discipline ».

Mais il n’est pas besoin d’aller si loin pour trouver des limites à la fameuse universitarisation : bien qu’administrativement inscrits en université, certains étudiants en soins infirmiers peinent à bénéficier des services universitaires, comme l’a rappelé Elisabeth Jouneaux-Pedrono, conseillère régionale et déléguée aux formations paramédicales en région Bretagne. « Nous sommes confrontés à des inégalités pour certains instituts éloignés géographiquement de leur université de rattachement », a rapporté cette élue locale. « Cela se traduit par un accès insuffisant à des services comme les Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) ou les bibliothèques universitaires. »

Isabelle Jourdan ne méconnaît pas ces difficultés. « Nous sommes maintenant dans une situation où normalement, tous les étudiants sont inscrits à l'université et peuvent à ce titre bénéficier de l'ensemble des services », affirme la représentante du ministère de l’Enseignement supérieur, ajoutant que cet accès se fait certes « plus ou moins facilement selon la proximité de ces services », mais qu’on« ne peut plus voir un étudiant en soins infirmiers qui bataille pour déjeuner au restaurant universitaire. » Et la conseillère ministérielle de se montrer optimiste : « Il reste des difficultés, des obstacles, nous avons l’habitude de les prendre les uns après les autres et de les régler », affirme-t-elle. Gageons que le message sera retenu par les étudiants du centre de la Bretagne !

Adrien Renaud

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