15 mesures contre le mal-être des étudiants en santé

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé et Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur ont pris 15 engagements en faveur du mieux-être des étudiants en santé. 

Stages mieux encadrés, examens assouplis et structures d'écoute renforcées, évaluation systématique des lieux de stage par les étudiants, repenser les cursus pour "sortir d'une logique de compétition", création de passerelles tout au long du cursus... Les engagements des ministres Agnès Buzyn et Frédérique Vidal (voir encadré) font suite au rapport accablant du Dr Marra sur les risques spécifiques auxquels les étudiants en santé sont confrontés. 

Les difficultés des étudiants en santé

La question du bien-être ou de la santé mentale des futurs soignants avait notamment déjà été posée au travers de plusieurs enquêtes réalisées par les organisations étudiantes. Celles-ci avaient permis, selon des méthodes diverses, de recueillir l'avis de très nombreux étudiants. 

L'enquête menée au premier trimestre 2017 par la Fnesi a permis l'expression de plus de 14 000 étudiants en soins infirmiers. Celle menée par les associations représentant les étudiants en médecine, les internes et les chefs de clinique-assistants hospitaliers a concerné plus de 20 000 étudiants ou jeunes professionnels. "Dans les deux cas, les réponses montrent une déclaration de troubles anxieux, de troubles dépressifs, et d'idées suicidaires élevée, et supérieure à celle observée dans cette tranche d'âge de la population générale", explique un communiqué du ministère des solidarités et de la santé. 

Ainsi, 66% de la population des étudiants en médecine et jeunes médecins ayant répondu à l'enquête se disent anxieux, et 78% des étudiants en soins infirmiers se déclarent souvent ou tout le temps stressés. 

"Des évènements dramatiques de suicide d'étudiants en santé surviennent, générant chaque fois la tristesse, l'incompréhension et parfois la colère. Même si la survenue d'un suicide est toujours multifactorielle, la littérature internationale permet d'affirmer une fréquence plus élevée chez les soignants, liée à la fois à des difficultés spécifiques et à un accès facilité à des toxiques". 

Un rapport confié au Dr Donata Marra

Fin juillet 2017, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal ont missionné le Dr Marra afin d'identifier la spécificité des risques auxquels les étudiants sont confrontés durant leur parcours de formation ainsi que les étapes du parcours posant des problèmes particuliers (admission, orientation, diplomation...)

Il s'agissait d'établir des préconisations sur la prise en compte des facteurs de risques tout au long de la formation et d'en assurer le suivi. 

L'élaboration du rapport s'est appuyée sur la littérature internationale, un questionnaire adressé aux facultés de médecine concernant les dispositifs existant et près d'une centaine d'entretiens (associations étudiantes, directions d'administrations centrale, Observatoire de la vie étudiante, experts...), ainsi que sur les enquêtes étudiantes. 

"Il est temps d'intervenir, pour les étudiants, les soignants et les patients", explique le Dr Donata Marra, dans un communiqué diffusé par le ministère des solidarités et de la santé

Son rapport rappelle d'abord les données, qui sont suffisamment convergentes pour justifier une intervention. Il explique en l'occurence que le taux de suicide est élevé chez les professionnels de santé (34,3/100000), que "le caractère multifactoriel, systémique des difficultés, est lié à la nature même des études en santé, aux conditions de l'encadrement en stage, à la pression induite par des études compétitives, au temps insuffisant pour la vie personnelle et les activités extra universitaire, au faible accompagnement du projet professionnel, à la formation pédagogique parfois insuffisante des encadrants". Certaines éléments sont spécifiques au système français d'organisation des études de santé. 

Le rapport rappelle aussi que des dispositifs d'aide aux étudiants ont été mis en place de façon très inégale sur le territoire et selon les filières. "Des écueils existent, dont celui de réserver ces dispositifs à une frange d'étudiants supposés en difficulté, ce qui peut participer à les stigmatiser. Tous les étudiants, même les plus brillants peuvent être en difficulté". 

Les interventions proposées

"La prévention des RPS chez les étudiants, associe des interventions primaires à tertiaires, individuelles et collectives", préconise le rapport. 

Interventions d'aide au développement personnel et compétences transdisciplinaires, diffusion des soutiens disponibles, tutorat/mentorat, aide par les pairs, médecine narrative...tels sont les interventions proposées par le Dr Marra. 

M.S

 

Les 15 engagements d'Agnès Buzyn et de Frédérique Vidal

Des mesures immédiates de soutien et d’intervention

1. Créer dans toutes les universités une structure d’accompagnement des victimes de violence,

2. Créer dans toutes les facultés de santé une structure d’accompagnement, ouverte à tous les étudiants et garantissant la confidentialité ; identifier des circuits courts d’obtention d’un avis psychiatrique pour les étudiants en santé, respectant la confidentialité et tenant compte des difficultés spécifiques de ce public ; former des personnes ressources, y compris parmi les étudiants au dépistage des signes de souffrance mentale,

3. Renforcer les moyens des Services de Santé Universitaires et favoriser leur évolution vers des centres de santé universitaires,

4. Mettre en place une cellule nationale d’évaluation des situations exceptionnelles permettant en dehors des règles liées au classement à l’ECN le changement de filière ou de subdivision,

5. Assurer l’évaluation systématique des lieux de stage par les étudiants, dans toutes les filières et déclencher une procédure de réexamen de l’agrément ou des conventions en cas d’évaluation insatisfaisante,

6.Introduire un module transversal concernant les risques psycho-sociaux, la gestion du stress et les stratégies d’empowerment dans toutes les formations en santé,

7. Améliorer les conditions de travail en stage : respect strict du repos de sécurité et limitation à 48h du temps de travail hebdomadaire ; formation pédagogique de tous les encadrants ; amélioration des conditions d’accueil et d’hébergement lors des stages en milieu rural.

Une transformation globale des études de santé

8. Rendre l’étudiant acteur de son orientation : créer un module d’information sur les formations en santé accessible sur Parcoursup à la rentrée 2018, Inclure un module de préparation du projet professionnel dans toutes les expérimentations d’alternatives à la PACES ; Faire de l’orientation progressive des étudiants en santé une priorité dans la réflexion sur les formations en santé ; Assurer des passerelles de sortie avec validation des acquis pour tous les étudiants en santé à tous les niveaux de leurs études,

9. Rapprocher toutes les formations de l’université et assurer l’accès de tous les étudiants en santé à la médecine préventive, aux activités culturelles et sportives au plus tard à la rentrée 2019,

10. Repenser les cursus pour les centrer sur les compétences à acquérir et sortir d’une logique de compétition : poursuivre les expérimentations d’alternative à la PACES et les travaux concernant la réforme du second cycle des études médicales avec l’objectif d’une disparition de l’iECN dans sa forme actuelle.

Une coordination régionale et nationale pour mesurer, repérer et partager les bonnes pratiques

11. Créer un centre national d’appui, doté de moyens spécifiques, et réunissant des enseignants de toutes les formations en santé,

12. Créer, en lien avec les associations étudiantes des structures régionales permettant le recours pour des difficultés non résolues localement, notamment pour les internes,

13. Réaliser, en lien avec les associations étudiantes, une enquête à jour fixe et développer une communication spécifique,

14. Réaliser en lien avec Santé publique France et les associations étudiantes un clip pour aider les étudiants à détecter la souffrance psychique chez leurs collègues et à les accompagner vers des ressources. Cette mesure s’articulera avec le développement de la formation aux premiers secours en santé mentale prévue dans le plan national de santé publique,

15. Développer un module spécifique de formation des formateurs, nécessaire pour accéder aux fonctions de direction des instituts de formation et de coordonnateur de Diplôme d’Etudes Spécialisées.

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Réactions

31 réponses pour “15 mesures contre le mal-être des étudiants en santé”

  1. wiwi dit :

    Pour ma part, je garde deux expériences en stage cauchemardesques. !!!!!!!C’était au printemps 2009. J’étais en 2e année. Les conditions de travail n’avait rien à voir dans l’approche de l’encadrement et de l’étudiant de manière générale par les soignants en question. Humiliation, reproches et critiques permanentes étaient mon quotidien. J’en garde encore une blessure morale qui ne s’est pas complètement refermée. Mais j’ai appris une chose essentiel au contact de ces « soignants ». Vous m’avez montré le soignant que je ne serai JAMAIS !!!!!!!!!!!!
    Depuis mars 2012, je suis infirmier. J’ai passé 5 ans et demi dans un service de médecine où mon investissement, mon savoir-être et savoir-faire, en tant que tuteur et référent des étudiants, ont été largement reconnus. Aussi bien par mes collègues que par les étudiants eux-mêmes et les IFSI.
    Aujourd’hui, je sais que je suis un soignant compétent, passionné et reconnu pour son approche si singulière et particulière des soins et des patients.
    Ces soignants qui m’ont ‘ »encadré » au cours de ces stages m’ont nourri et inspiré pour savoir ce qu’il ne fallait pas faire en tant que soignant. Et qu’il y a des soignants qui ne devrait jamais encadrer. Qui font plus de mal que de bien autour d’eux. Des personnes qui n’ont pas les capacités humaines et parfois intellectuelles pour se voir confier la responsabilité d’une partie de l’avenir professionnel de futurs infirmier(e)s.

    Bien à vous.

    William.

  2. Anonyme dit :

    Je vous trouve bien durs… certes certains ne méritent sans doute pas toute notre attention… mais je ne crois pas que ce soit la majorité des cas tout de même!!! Je trouve ça très dur de les voir arriver le premier jour de stage dans un service avec la boule au ventre en se demandant « À quelle sauce je vais encore être mangé » nous sommes là pour leurs faire aimer notre profession et non les dégoûter!!! Je crois que certains/certaines prennent un plaisir monstrueux à tyranniser ces futurs professionnels qui seront certainement nos futurs collègues!!!

  3. Anonyme dit :

    Il était temps!!!

  4. Anonyme dit :

    Et lutter contre le mal être des soignants tout court ….

  5. Anonyme dit :

    oui enfin certains ce serait plus de bac, plus de concours, plus d’examen et tout donné rubis sur ongle. Quand on voit le niveau de la plupart on flippe

  6. Anonyme dit :

    Haha, quels champions. « Stages mieux encadrés » si le personnel à une charge de travail telle qu’il ne peut pas se prendre le temps pour l’étudiant… « Examens assouplis » alors avec la flopée d’étudiants qui en fouttent pas une, ils passeront encore plus facilement et ce seront eux qui nous soigneront.  » Évaluation systématique des lieux de stage par les étudiants » alors soit tu bosses à la place-to-be soit tu es le chat noir. Faudrait surtout évaluer les étudiants. Leur proposer une formation adaptée, des cours plus clairs, plus de stages … Et au fait avant de faire un travail sur les étudiants en santé, pensez peut-être à améliorer les conditions de travail des soignants déjà diplômés.

  7. Anonyme dit :

    Au boulot les étudiants et ne vous plaigniez pas!!!!!! Vous avez déjà choisi un métier qui devient un métier de merde et malheureusement pour vous les encadrants sont tous en faillite mentale alors…. bien sûr c’est difficile….. !!!!

  8. Anonyme dit :

    Faudrais avant tout aider les soignants et le secteur de la santé!!! Des soignants détendus et non stressés accueille et encadre mieux les étudiants

  9. Anonyme dit :

    Camille Guerrero Nathan Planel

  10. Anonyme dit :

    15 engagements en faveur du mieux-être ! Déjà il faudrait arrêter de virer les soignants des hôpitaux, pour qu’il en reste un peu pour pouvoir FORMER les pauvres étudiants qui arrivent…

  11. Anonyme dit :

    et des mesures contre le mal-être général de la profession non ? ah ben non..

  12. Anonyme dit :

    Constance Dufailly pour ton mémoire

  13. Anonyme dit :

    Qu’ils prennent de vraies mesures afin d’améliorer les conditions de travail des agents salariés déjà… Peut-être que ça passera l’envie de certains de se décharger sur les stagiaires !!!!

    • Anonyme dit :

      Donc ça justifie la maltraitance des étudiants ???!!! Serieusement ?

      Allons y alors, maltraitons nos enfants : ils n’ont qu’à augmenter le salaire des parents aussi, c’est ça la cause !

      Vous pensez réellement ce que vous dites là ??!

    • Anonyme dit :

      Thibault Limorté oui je pense ce que j’ai dit, pas ce que vous avez interprété !

    • Anonyme dit :

      Thibault LimortéLimorté oui une personne en burn out deviens maltraitant avec ses collègues. .ses patients et sa famille ..et on pas d’augmenter le salaire ..mais d’avoir le temps de prendre soin …hein ..!!

    • Anonyme dit :

      Ce n’est pas une interprétation. Ou alors vous vous êtes mal exprimée.

      Mais votre schéma résulte d’un fait que vous évoquez : maltraitance institutionnelle des soignants = justification de maltraitance des étudiant.e.s

      Or rien, que ce soit un soucis extérieur, interne, familial, ou autre : ne peut justifier qu’on ait à se défouler sur un.e étudiant.e qui est là pour apprendre.

      Donc selon ce schéma : prendre des mesures pour protéger les étudiant.e.s est inutile.

      Lisez l’enquête de la FNESI sur le mal-etre des étudiant.e.s infirmier.e.s, lisez omerta à l’hôpital : et revenez écrire que la maltraitance institutionnelle explique que l’on maltraite des étudiant.e.s.

  14. Anonyme dit :

    lol j’ai failli m’etouffer en lisant ça !!
    être renvoyée de son Ifsi parce que l’on dénonce un cas de maltraitance, ne pas être soutenue par la directrice, son formateur référant et les collègues de promo.
    Alors les réformes c’est bien mais parfois ce sont les mentalités que l’on devrait faire changer ou évoluer

    • Anonyme dit :

      Comme une charte de bien traitance et d’accueil des étudiants en santé ?

      Les mentalités ne changent pas si on ne met pas en place certaines mesures.

      Sinon, on continue de se plaindre en ne faisant rien et rien ne changera alors.

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