Le triste succès du 39 77, numéro national contre la maltraitance des personnes âgées et handicapées

Près de deux ans après sa mise en service, le 39 77, numéro national contre la maltraitance des personnes âgées et handicapées, affiche un succès inquiétant. L'Association Française pour la Bienveillance des Aînés et des Handicapés (AFBAH), qui gère la plateforme téléphonique, a enregistré plus de 85 000 appels depuis l'ouverture de la ligne, en février 2008.

Un rythme d'appels soutenu et constant

Le triste succès du 39 77, numéro national contre la maltraitance des personnes âgées et handicapées Il est des succès dont on aimerait qu'ils soient moins francs. Celui du 3977 en fait partie. En témoigne Caroline Lemoine, la chargée de communication de l'AFBAH. « Là où l'on s'attendait à recevoir une dizaine de milliers d'appel par an à la mise en service du numéro, on en recense aujourd'hui plus de 40 000 chaque année. » Soit plus du quadruple. Et, si en 2009, le compteur des appels affiche un chiffre moindre que pour l'année précédente, la jeune femme, lucide, recommande de ne pas trop s'y fier. « C'est vrai que l'on constate un léger fléchissement entre 2008 et 2009, de 43 000 appels, on est tombés à 41 000. Mais cela montre surtout l'efficacité des campagnes de sensibilisation mises en œuvre autour du lancement du 39 77, davantage qu'un recul des maltraitances, malheureusement », tempère-t-elle. « Le bon point, c'est que beaucoup de gens savent que l'on existe ».

Premiers appelants : les personnes handicapées

Parce qu'elles sont plus jeunes, plus conscientes de leurs droits, plus aptes moralement à se défendre que les personnes âgées, les personnes handicapées sont les plus nombreuses à composer le 39 77. De plus en plus nombreuses, même, à faire état de maltraitance, selon l'AFBAH. Autre enseignement : la majorité des appelants sont des appelantes. « Les femmes ont sans doute une plus grande facilité à parler et à demander de l'aide, pour elles ou pour autrui », avance l'association. En ce qui concerne les personnes âgées, les plaintes émanent en revanche le plus souvent de l'entourage et des proches, mais aussi, plus rarement, des professionnels de santé, aides-soignants ou aides à domicile, qui dénoncent des situations vécues en institutions aussi bien qu'à domicile.

Des maltraitances diverses

Mais ces maltraitances, quelles sont elles? « Cela va des violences psychologiques, du type chantage affectif, à des négligences, volontaires ou non, qui concernent par exemple les traitements médicaux... » explique Caroline Lemoine. « Parfois, il s'agit d'enfants qui exercent une pression sur leurs parents âgés pour obtenir de l'argent. Ou bien, dans les maisons de retraite, le personnel débordé ou insuffisamment formé oublie la toilette, les médicaments ». Selon les cas, les « écoutants », huit professionnels salariés par l'association – psychologues et assistantes sociales agissant en collaboration avec une psychologue coordinatrice – transmettent les dossiers constitués à partir des témoignages aux autorités compétentes à l'échelle départementale. Il s'agit dans la majorité des cas, de la DDASS, à qui il incombe l'épineuse tâche de mener enquêtes et investigations pour établir les responsabilités et régler les problèmes.

Emilie Gavoille

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