Noël : un jour de soin singulier pour les soignants

The show must go on pour les soignants. La maladie ne connaît pas la trêve des confiseurs. Jour ordinaire dans le soin, Noël est aussi fait de moments de partage un peu différents. En cette veille de fêtes, ActuSoins a demandé aux infirmiers quel sens revêtait pour eux cette période.

C’est une donnée qu’on intègre en choisissant cette profession. L’obligation de travailler week-ends et jours fériés. Et Noël est un jour de travail comme les autres pour les soignants. Ou presque. « Je l’inclus totalement dans mon parcours de soins, témoigne Sylvain, infirmier libéral à Cambrai (59). On parle, on chante, je demande aux patients ce qu’ils vont faire à Noël. C’est super important. Il y a aussi des personnes âgées isolées, qui attendent mon passage. Je leur apporte un peu de réconfort. »

« Nous sommes là pour faire passer les fêtes dans la bonne humeur aux résidents qui ne sortent pas, abonde Marie-Annick, infirmière qui a exercé la majorité de sa carrière en Ehpad. Mais on n’est pas sans penser à notre famille, qui fait la fête et ouvre les paquets sans nous », avoue-t-elle.

« La fête fixe les émotions »

Cette période marque les évènements. « L’an dernier, j’ai dû annoncer le décès d’une maman à son fils, juste avant le réveillon. Nous avons eu un échange particulier, un peu plus émouvant, se rappelle Cécile, infirmière en unité de soins palliatifs. Les fêtes fixent les émotions. »

Noël recèle une dimension douce-amère. Pour Laurent, jeune diplômé de 43 ans, cela a un « côté inquiétant. Être hospitalisé ces jours-là rappelle de manière cruelle aux patients qu’ils sont alités, malades. Nous savons d’avance devoir gérer des patients plus anxieux, tendus, déprimés, que nous n’aurons pas le temps de prendre en charge aussi bien qu’on le voudrait.»

« Le rythme de travail ne change pas beaucoup, poursuit cet infirmier qui travaille en soins de suite et de réadaptation après un passage en chirurgie digestive. Mais l’intentionnalité du soin est un peu différente. On a envie d’y mettre encore plus de douceur. Il y a un truc qui se passe, une envie d’échanger quelque chose d’agréable, pour recréer une chaleur humaine. Cela vient aussi du patient d’ailleurs. »

« Un moment douloureux »

Ces fêtes peuvent aussi générer un sentiment aigu de solitude. « Pour beaucoup de détenus, c’est un moment douloureux, en rapport avec l’absence ou l’éloignement de leur famille, explique Roch-Etienne. Alors pour les infirmiers en prison, le 25 décembre, c’est surtout la prévention des suicides. Nous sommes plus vigilants. Ces jours-là, des patients demandent à nous rencontrer pour discuter parce que leurs enfants leur manquent ou qu’eux-mêmes repensent à leur enfance avec leurs parents. Lorsqu’on rentre du boulot sans qu’il y ait eu d’accident, on se dit qu’on a réussi à être présent. Même si je ressens toujours un pincement car je sais que les détenus demeurent seuls dans leur cellule. »

Restent les sourires de « ceux qui ont eu un parloir avec leurs enfants. Il y a quand même une atmosphère particulière. Même les surveillants pénitentiaires sont un peu plus détendus. Et on essaye de marquer le coup. J’avais une collègue qui apportait les médicaments en cellule, coiffée d’un bonnet de père Noël qui s’allumait. »

Danse, champagne et chocolats

En dépit de la maladie, l’ambiance de Noël perce tous les milieux. En pédopsychiatrie, cela vire carrément à la fête. « C’est un lieu de vie. Il y a beaucoup de choses organisées avec les patients. Ils nous aident à installer les décorations, le sapin. La relation devient très chaleureuse et conviviale. On est un groupe, plus que d’habitude, apprécie Anne. J’ai le souvenir de booms, où on danse avec les patients… »

On se réunit aussi entre collègues. « Nous fêtons notre petit Noël entre nous, avec un repas. Cela résonne car le service est petit, raconte Cécile. Les patients et leurs familles le ressentent. On amène parfois une petite coupe de champagne pour trinquer avec les malades cohérents. »

Sylvain apporte son humour dans sa sacoche. « Parfois toute la famille est attablée quand j’arrive. J’ai l’habitude de dire des conneries, de blaguer, par exemple sur un neveu que je vois depuis des années à la même place. Et on est récompensé aussi : je fais la quête, rit-il. J’ai déjà eu deux boites de chocolats ! » Marie-Annick, elle, se souvient de cette résidente qui avait offert à chaque soignant de l’Ehpad un petit père Noël en chocolat. « Elle les avait emballés elle-même », sourit-elle. De menus plaisirs, gages de la reconnaissance des patients.

Emilie Lay

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Réactions

19 réponses pour “Noël : un jour de soin singulier pour les soignants”

  1. Oh mince les pauvres. Quelle tristesse.

  2. C’est surtout dur de voir des résidents pleurer de ne pas avoir vu leur famille aujourd’hui pendant que d’autres sortaient dîner à l’extérieur…difficile d’être gaie pour leur faire passer une bonne journée de Noël quand on voit leurs larmes couler

  3. Respect pour le personnel soignant toujours dévoué et à l’écoute.

  4. Manon Dunand Lauren Dalla Pietra

  5. Manon Dunand Lauren Dalla Pietra

  6. Sophie Lisoo dit :

    Bon courage et gardez le sourire, chers collègues qui travaillez ce we de Noël et/ou au Nouvel An

  7. Lelex Mignot dit :

    Avec les années ça me pèse de plus en plus de devoir travailler quand la plupart sont en famille, du coup je n’aime plus Noël mais je fais bonne figure au boulot.
    Déçue de la nouvelle génération qui refuse de travailler, je ne fais pas une généralité.

  8. Bon courage les filles pas facile ces jours là

  9. C est mon tour cette année avec Picsou Baltazar

  10. Fati Fati dit :

    C est toujours triste de laisser son enfant le jour de noël mais c est un choix que nous connaissons lorsque on veut faire un métier dans le soins et les patients ont besoin d être pris en charge 7/7 et 24/24 c est ainsi mais effectivement heureusement que l on peut s arrangé et s entraider entre collègues du coup merci k. de prendre mon matin contre ton soir pour voir mon fils ouvrir les cadeaux

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