Les soignants face à Ebola : Marisol Touraine répond à ActuSoins

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Face au risque d'Ebola en France, Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, n'a pas fait le choix de la médiatisation à outrance et d'une prévention exagérée, voire anxiogène, ce qui avait pu être reproché à Roselyne Bachelot, lors de la gestion de la crise H1N1. Dans ces conditions, comment informer, comment former : la ministre répond aux questions d'ActuSoins.

©Cyrienne Clerc Marisol Touraine assiste à un exercice de préparation à Ebola au Samu de Necker

©Cyrienne Clerc
Marisol Touraine assiste à un exercice de préparation à Ebola au Samu de Necker

 ActuSoins : Comment se passent la formation des soignants et les exercices dans les établissements et que privilégiez-vous dans ce domaine ?

Marisol Touraine : La France s’est préparée à prendre en charge des malades du virus Ebola. Je suis allée à la rencontre des équipes et j’ai pu constater leur forte mobilisation.

Nous avons fait le choix de privilégier des stratégies ciblées selon les catégories de professionnels. Il faut en effet bien différencier la formation des professionnels de première ligne, dont les infirmiers et médecins font partie, et l’information de l’ensemble des professionnels.

Mon objectif, c’est la gestion opérationnelle des cas suspects, avec l’Institut de veille sanitaire qui les classe ou non en cas possibles (ce qui amène alors à faire un test biologique), tout en assurant la protection des personnels. A cette date, 18 cas possibles ont été testés, tous se sont révélés négatifs.

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]Nous avons fait le choix de privilégier des stratégies ciblées selon les catégories de professionnels.[/dropshadowbox]L’organisation de la formation des équipes médicales et paramédicales des douze établissements de santé de référence et les exercices auxquels j’ai demandé aux SAMU de se livrer se déroulent dans de bonnes conditions.

Toutes les personnes qui pourraient être concernées par la prise en charge d’un cas possible ou confirmé d’Ebola sont formées au dispositif, avec des entraînements à l’habillage et au déshabillage.

L’ensemble des professionnels a été sensibilisé au geste réflexe à accomplir en cas de suspicion : l’appel systématique du 15 pour interrogatoire puis classement éventuel par l’Institut de veille sanitaire.

ActuSoins : Comment informer les infirmières libérales ? Considérez-vous qu'elles disposent d'une information suffisante ?

Marisol Touraine : Devant tout patient revenant depuis moins de 21 jours d’une région où circule le virus Ebola et qui présenterait une fièvre supérieure ou égale à 38, il est important d’appeler le 15, d’isoler la personne, de lui faire porter un masque et de se protéger en évitant tout contact direct.

Dans ce dispositif, les infirmières libérales ont donc un rôle essentiel de repérage, d’identification et d’orientation d’un cas suspect vers le 15 pour permettre, si nécessaire, une prise en charge rapide et éviter toute contamination secondaire.

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]Grâce à leur expérience du terrain et à leurs compétences, (les infirmières) jouent un rôle de pédagogie et peuvent contribuer à améliorer le dispositif. C’est pourquoi j’ai demandé que leurs représentants puissent contacter de façon privilégiée et rapide la direction générale de la santé, au moyen d’une adresse dédiée.[/dropshadowbox]Pour faire face au virus en France, il faut que le grand public soit informé sur la maladie et connaisse ses modes de transmission. J’ai donc ouvert un numéro vert disponible 7j/7, le 0800 13 00 00, de même qu’un site web dédié à Ebola : ebola.sante.gouv.fr.

J’invite les infirmières libérales à aller le visiter et surtout à s’inscrire directement sur internet, sur la liste de diffusion par mèl « DGS urgent ».

Je souhaite également qu’elles se sentent libres de me faire part de leurs propositions et suggestions. Grâce à leur expérience du terrain et à leurs compétences, elles jouent un rôle de pédagogie et peuvent contribuer à améliorer le dispositif. C’est pourquoi j’ai demandé que leurs représentants puissent contacter de façon privilégiée et rapide la direction générale de la santé, au moyen d’une adresse dédiée.

ActuSoins : Le nombre de signalements et de cas suspects déjà enregistrés vous permet d'avoir un certain recul. Comment se passe cette gestion et ne risque-t-on pas de voir les difficultés de tri augmenter avec l'arrivée des pathologies hivernales ?

Marisol Touraine : La procédure établie permet de faire rapidement le tri entre une personne susceptible d’avoir contracté le virus Ebola et d’autres situations infectieuses. Contrairement au virus de la grippe, le virus Ebola ne se transmet pas par voie aérienne et sa phase d’incubation n’est pas contagieuse.

Si une personne revient d’un pays touché par le virus Ebola, elle est informée à l’aéroport des dispositions à prendre en cas de fièvre dans les 21 jours suivant son retour. Encore une fois, il faut appeler le centre 15.

Depuis des mois, je prépare notre système de santé à répondre à la menace du virus Ebola. Un dispositif de surveillance continue a été mis en place, des contrôles aux aéroports ont été mis en place et des mesures ont été prises il y a quelques jours sur les flux maritimes.

ActuSoins : Qu'en est-il sur le plan des actuelles capacités d'accueil et des pénuries d'approvisionnement ?

Marisol Touraine : Douze établissements de santé de référence peuvent prendre en charge des cas classés possibles par l’InVS. L’objectif est que ces cas soient pris en charge le plus en amont possible.

Il n’y a pas actuellement de risque de pénurie d’approvisionnement en matériel de protection en France.

Nous sommes dans une démarche d’achats responsables, en fonction du niveau réel de risques et non de la perception médiatique du sujet. Les professionnels n’ont heureusement pas à porter des combinaisons intégrales étanches pour questionner une personne.

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]Il n’y a pas actuellement de risque de pénurie d’approvisionnement en matériel de protection en France.[/dropshadowbox]En revanche, l’intervention active et en proximité des SAMU auprès de patients ayant eu une exposition à risque, et donc classés possibles, nécessite un habillage par combinaison étanche, notamment dans les véhicules.

ActuSoins : Comment sont gérés les cas des soignants de retour des pays touchés et le suivi des soignants qui prennent en charge ?

 Marisol Touraine : Nous avons d’emblée pris des mesures pour protéger nos concitoyens, notamment les soignants les plus exposés se rendant en zone épidémique. Je tiens à saluer leur courage et leur engagement.

Nous avons déjà rapatrié une jeune infirmière volontaire de Médecins sans Frontières contaminée au Libéria. Elle a été remarquablement bien prise en charge à l’hôpital Bégin et le professionnalisme des équipes de cet hôpital a été exemplaire. Tous les professionnels ayant été en contact avec elle ont été suivis.

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]Tout doit être fait pour éviter de susciter sans raison l’inquiétude dans notre pays. [/dropshadowbox]Un employé de l’Unicef est actuellement hospitalisé à l’hôpital Bégin dans les mêmes conditions. Des précautions ont également été prises pour assurer la sécurité des soignants qui le prennent en charge. Enfin, toutes les personnes qui reviennent de la zone touchée et ont été en contact avec des malades doivent surveiller deux fois par jour leur température et se signaler au 15 dès qu’une fièvre apparaît dans les trois semaines après le retour.

Par ailleurs, je rappelle que les cas possibles pris en charge sur le territoire ont tous été classés négatifs et que les deux personnes prises en charge en France ont été acheminées par convoi sanitaire spécial depuis le lieu de leur contagion.

ActuSoins : Quelles sont les difficultés en matière de communication et d'information dans le cadre d'Ebola et votre stratégie en la matière, y compris auprès du grand public ?

Marisol Touraine : Je veux être très précise sur les principes de cette communication. Tout doit être fait pour éviter de susciter sans raison l’inquiétude dans notre pays. Depuis le début, j’ai fait le choix de la transparence, parce qu’elle est la condition de la confiance des Français. Si un cas devait être confirmé, je m’engage donc à en informer immédiatement l’opinion publique. Par ailleurs, c’est au niveau du ministère que se fera toute communication.

Propos recueillis par Cyrienne Clerc

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Réactions

19 réponses pour “Les soignants face à Ebola : Marisol Touraine répond à ActuSoins”

  1. Ét quand je lis  » elle n’a qu’à les soigner elle meme »… Franchement on peut se demander pourquoi certains ont choisi ce métier… Ca c’est un autre débat…

  2. Alors pour info : le risque de contamination pendant la phase d’incubation s’il n’y a pas de contact direct est TReS FAIBLE ( contrairement à le grippe par exemple qui est contagieuse en période d’incubation) le premier signe est une fièvre d’apparition tres brutale. Il n’y a donc pas à s’inquiéter si vous avez un patient lambda qui ne rentre pas d’Afrique avec 38 de temp. Si suspicion il faut appeler le samu ét dire aux gens de rester chez soi et prendre sa temp 2 fois par jour. La période d’incubation étant de 21 jours maximum. Si vous avez des doutes ou des questions il suffit d’appeler le numéro indiqué ( au lieu de se faire des frayeurs pour rien par exemple ). Pour ceux qui sont inscrit à l’onil je pense que vous recevrez des mails (comme ils l’ont toujours fait )d’information et de prévention. Pour le reste c’est à l’hosto que Ca se passe. Le mieux si vous êtes vraiment inquiets au lieu de  » râler » c’est vraiment de s’informer … Bien que je conçois que râler fait du bien 🙂 !

  3. Un rôle pédagogique c’est pas plus que de l’éducation qui entre tout à fait dans le rôle de tous les jours des libérales.. Et des autres aussi … Je ne vois absolument pas en quoi Ca pose un problème … Puis il y n’y a qu’à fouiller sur le net si on cherche de l’info. Ca se trouve. Mais c’est pas sur Facebook ou doctissimo qu’on apprend notre métier. C’est certain…

  4. Martine Aube dit :

    Faudrait encore être briffer! A ma clinique,on en sait autant sr ebola que n’importe quel français, c’est à dire presque rien!

  5. J’hallucine d’avoir une nenette aussi déconnectée au ministère de la santé. Merde qu’il arrête avec leur connerie. C’est évident qu’un mec qui a Ebola va appeler une infirmière libérale… Que de prendre la température des passages à l’aéroport, ça va servir à quelque chose. Et de faire chier les français avec la vaccination de la grippe quand on sait quand bonne partir n’est pas à jour des autres vaccination, c’est une urgence.
    Bref elle est au top, elle assure…

  6. Et pour la protection des libérales au cas où…..elle a prévu quoi ?

  7. Myriam Petit dit :

    on ne peut pas faire les vaccins mais on peut avoir un rôle pédagogique pour Ebola? Mdr

  8. Piso Lalaina dit :

    Elle me fait rire cette bonne femme quand même ! lolll

  9. Ah bah ça s est sur ,elle a voulu tout contrôler …elle contrôle tout pas de doute l avion est bien sur le dos et en piquer

  10. Ed Soignant dit :

    Elle a qu’a s’occuper elle même des patients Ebola.Quand c’est pour ce genre de truc les soignants ont un rôle a jouer.C’est trop facile !

  11. Ingrid Haie dit :

    Elle est ou cette préparation, j’en ai pas entendu parler ???

  12. Astrid Dupuy dit :

    A bon? Les idel ont un rôle pédagogique ? Faut le dire a la sécu!

  13. c’est qui marisol…. ??? lol

  14. Sabine Qdx dit :

    Oui ce doit être ça!

  15. Ah pour ebola les IDEL existent et elles ont un rôle. Et pour le reste on est de la daube.

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