Formation : adopter les bons gestes contre les TMS

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Prévenir les troubles musculo-squelletiques (TMS) chez les infirmiers et les soignants est une action dans laquelle s’est lancé le CHI de Marmande Tonneins (Lot et Garonne) depuis plusieurs années. Un groupe de soignants-animateurs accompagnent leurs collègues pour les sensibiliser à la manutention des patients[1].

L'équipe de formateurs "Manutention des patients", Karine Biscaro, Sylvie Coquet et Jean-Luc Cathala montrent des techniques non traumatiques de mobilisation de patients.

L'équipe de formateurs "Manutention des patients", Karine Biscaro, Sylvie Coquet et Jean-Luc Cathala montrent des techniques non traumatiques de mobilisation de patients.

Le CH Interdépartemental de Marmande Tonneins dispose en interne d’animateurs en manutention – trois infirmières et un masseur-kinésithérapeute – formés par le groupe Sifam.

Volontaires, ils organisent, parallèlement à leur travail sur leur poste habituel, des sessions intramuros de sensibilisation sur la manutention manuelle des malades afin de permettre aux soignants de travailler en toute sécurité.

Les TMS sont en effet la deuxième cause d’accidents de travail déclarés avec des rechutes qui aboutissent à des inaptitudes, des reclassements ou des postes aménagés.

 Référents dans les services

L’équipe propose annuellement 6 sessions de 2 jours de formation par équipe de 6 à 12 personnes, afin de dispenser des conseils autour de gestes et postures de base.

« Nous les encourageons à utiliser le potentiel des patients en les stimulant à garder leur autonomie et à utiliser le matériel d’aide à la manutention », rapporte Karine Biscaro, infirmière au sein de l’établissement et animatrice en manutention. Et d’ajouter : « C’est parfois difficile car les agents ont des habitudes de travail. Il faut donc désapprendre pour réapprendre. »

Comme les animateurs travaillent aussi à leur poste, ils sont identifiés et reconnus par les soignants. « Cela nous permet de faire du suivi, de faire vivre le projet, de le dynamiser et de rendre les agents acteurs, explique l’infirmière. S’il y a un problème avec un patient, les soignants nous interpellent, et nous pouvons nous rendre sur place pour les aider. » L’équipe a également instauré un réseau de référents manutention, des soignants relais et ressources au sein des services.

 Coaching sportif

L’équipe travaille en lien avec la direction, les ressources humaines et la médecine du travail afin d’isoler les mécanismes de survenue des TMS et tirer les axes prioritaires d’actions. Elle a d’ailleurs constaté que les soignants n’effectuent pas d’entretien physique régulier en dehors du travail, pourtant essentiel pour éviter les accidents au niveau de la colonne vertébrale, des épaules ou encore des cervicales.

Pour encourager ce maintien physique, les animateurs veulent organiser une formation de coaching sportif au sein l’établissement car « il faut savoir prendre soin de soi avant de savoir prendre soin des autres », soutient Jean-Luc Cathala, masseur-kinésithérapeute et également animateur. Les sessions d’une heure, deux fois par semaine, devraient commencer au premier trimestre 2015.

L’ensemble des formations se déroulent sur la base du volontariat mais un agent en temps de formation doit être remplacé, ce qui peut vite entrainer des difficultés de détachement. Un dixième des soignants sont formés par an, « cela reste insuffisant », estime Karine Biscaro. Mais l’équipe intervient désormais au sein de l’Ifsi rattaché à l’hôpital et de l’école d’aides-soignantes, ce qui permet de sensibiliser les futurs soignants aux bons gestes, dès leur formation initiale.

Laure Martin

[1] Cette initiative a remporté le Prix Prévention-promotion de la santé 2014 de la MNH.

Pour aller plus loin : formation continue DPC pour les infirmières et infirmiers libéraux

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Réactions

4 réponses pour “Formation : adopter les bons gestes contre les TMS”

  1. sancho dit :

    Bonjour,
    une formation continue qui va dans le même sens, est la formation PRAP SS (Valide par des experts nationaux et non pas tels ou tels médecins ou kine. du coin) – Prévention des Risques liés à l’Activité Physique dans le domaine Sanitaire et Social.
    C’est trois jours de formation initiale qui débouchent sur un diplôme reconnu au niveau national et ça devrait à mon avis, être une formation continue prioritaire mais surtout, elle devrait remplacer les nombreuses formations loco locale, qui ont certes le mérite d’exister mais elles ne reconnaissent aucune expertise aux participants après leurs réalisations.
    Cordialement

  2. Marmotte74 dit :

    mon vécu. J’ai vu mes collègues et des jeunes diplômées appliquer les nouvelles et fameuses règles d’ergonomie et se retrouver souvent douloureuses et en arrêt.
    Moi, les rares fois où j’ai voulu le faire, je me suis fait mal…
    En effet, ces règles sont des NORMES.
    Nous ne sommes pas constitués pareils. En taille, en musculature (certains ont des parties + musclées que d’autres).
    Je préfère suivre une méthode se rapprochant d’une gym Feldenkrais, qui est à l’ECOUTE de son corps. Ce qui fait mal, c’est justement ne pas savoir adapter sa posture pour ne pas étirer, etc.
    Moi, ma force, elle n’est pas dans mes bras. Donc si je monte trop, je ne vais avoir que les bras et le dos. Or, ce sont les deux parties de mon corps qui sont le moins musclées. Donc, si j’agis ainsi, je trinque (vraiment).
    Ma force, elle est dans mes jambes et bassin. Donc je fais en sorte de ne pas trop utiliser le haut, et de favoriser le bas de mon corps comme aide.
    J’utiliserai le drap pour élargir le champs de force. J’utiliserai la technique de planche à voile, etc. Mais monter haut le lit comme ils veulent, non.
    Ou alors, je laisse les barrières et n’utilise que mes bras, et plaque le haut de mon corps contre les barrières, pour éviter qu’il soit étiré.
    C’est difficile à bien expliquer.
    Mais le constat est que j’ai vu toutes mes collègues se « foutrent en l’air », mais moi non. Vraiment rien.
    Parce que j’ai observé ce qui me faisait légèrement mal et comment, et quand non. Enfin, j’ai aussi de l’instinct, donc ça aide.
    (Quand à l’âge, j’ai la mi-quarantaine… donc… alors que j’ai des collègues déjà foutues à à peine 20 ans…!)

  3. à quand les mêmes précautions sur le domicile?

  4. Rika Mat dit :

    En stage les étudiants ne sont plus notés sur l’ergonomie. C’est dommageable car à 20 ans tout va bien (en principe) mais plus tard… En tant que soignant, on prend soins des autres mais il faut penser à son corps. Quand je vois des étudiants ou nouveaux diplômes poser un cathlon debout le dos penché en avant ça m’interpelle.
    J’essaye d’expliquer aux esi l’intérêt mais c’est souvent difficile à intégrer car les habitudes posturales sont difficiles à changer.

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