Dons du sang : les homosexuels ne seraient plus exclu du don

Revoir les critères  d’éviction des donneurs ? C’est une des recommandations du rapport sur la filière sang remis le 16 juillet par Olivier Véran – député PS de l’Isère et neurologue -  à Marisol Touraine.

don du sang homosexuelsLe critère qui fait le plus débat est l’éviction systématique de tout donneur masculin ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme. « L’erreur consiste à se limiter à la sexualité, lors même que c’est le comportement sexuel qui peut être à risque, quelle que soit l’orientation sexuelle par ailleurs », souligne le rapport.

« Du point de vue scientifique, les critères actuels ne sont donc pas satisfaisants », affirment les auteurs. Il faut « renforcer la sécurité du don en faisant évoluer le questionnaire de l’orientation sexuelle vers le niveau de risque individuel du donneur ».

Ce qui permettrait à la France de se mettre en conformité avec la demande européenne. Plusieurs pays ont révisé les critères d’éviction en autorisant le don aux homosexuels à l’issue d’une période d’abstinence variant de 1 à 5 ans.

En décembre, la ministre Marisol Touraine avait toutefois estimé que les conditions n'étaient pas réunies pour cesser d'exclure les homosexuels du don du sang.

Les experts s’accordent à dire que la mise en quarantaine systématique du plasma, associée au dépistage virologique, permettrait de neutraliser tout risque de transmission virale. Dans le cas des produits sanguins labiles (globules et plasma frais), il existe une brève fenêtre virologique, au cours de laquelle un dépistage peut s’avérer faussement négatif. Pour l’InVS, 1 poche sur 20 millions contient du VHC (hépatite C), 1 sur 2,5 millions contient du VIH actuellement. La moitié des cas incidents sont des homosexuels mais également un quart des femmes.

Autre problématique soulevée, l’éviction systématique et à vie des personnes ayant bénéficié d’une transfusion, les personnes ayant séjourné en Grande Bretagne plusieurs mois au cours de la crise de la vache folle,… A l’opposé, des associations de malades, comme la maladie de Lyme par exemple, s’interrogent sur leur droit à donner sans danger pour les receveurs. Autre préconisation du rapport : « ne pas lever l’interdiction du don pour les mineurs ».

Des questions de compétitivité

Parmi les autres sujets de préoccupation figure le problème de la compétitivité de la filière française. « Une particularité du modèle Français tient à l’application systématique du principe de précaution, parfois de manière trop extensive,(…) ce qui finit par nuire à la filière, au risque d’obtenir l’effet inverse de celui recherché », souligne le rapport qui cite en exemple le cas des rappels de lots pour cause de détection de la maladie de Creutzfeldt-Jakob alors que tous les autres pays ont arrêté de le faire.

Olivier Véran propose également la mise en place d’ « un modèle de prévision des besoins » en PSL (produits sanguins labiles) et l’intégration « dans le code de santé publique un objectif de pluralité de l’offre » pour les MDS (médicaments dérivés du sang comme les facteurs de coagulation, l’albumine et les immunoglobulines), « de manière à limiter les risques de pénurie en cas d’anomalie affectant la production sur un site industriel ». Environ 500 000 patients en sont bénéficiaires chaque année.

Questions d’éthique

Si la totalité des PSL sur le marché français sont d’origine éthique - provenant de dons bénévoles -, en raison du monopole de l’Etablissement français du sang (EFS), l'ouverture des marchés et le système d'autorisations de mise sur le marché accordées au niveau européen se sont traduits par un afflux de MDS issus de sang rémunéré. Ainsi 40 % des médicaments issus de produits du sang utilisés dans les hôpitaux français proviendraient aujourd'hui de sang rémunéré.

Partant du principe que le don du sang bénévole répond aux objectifs de sécurité et d’autosuffisance et « qu’il n’est pas avéré qu’il engendre un réel surcoût par rapport à une collecte rémunérée », Olivier Véran estime qu’ « un label éthique devrait figurer sur chaque flacon de médicaments fractionné à partir de plasma bénévole » et propose « de mettre en place une contribution sur les médicaments issus de plasma rémunéré ».

Enfin, le rapport reproche « un manque de pilotage stratégique global » de la filière dont les différentes missions sont réparties entre plusieurs acteurs et réclame notamment « une meilleure coordination » entre l’EFS et le LFB (Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies). L’EFS a le monopole de la collecte de sang, de plasma et de plaquettes auprès des 1,7 millions de donneurs bénévoles que compte la France, ainsi que celui de la commercialisation des PSL. Le LFB fractionne le plasma acheté à l'EFS et commercialise des MDS sur un marché où les laboratoires étrangers sont déjà très présents.

Claire Dubois

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