Les étudiants en soins infirmiers sont globalement dans une situation de mal-être physique, psychologique et financier profond, selon une étude menée par la Fnesi (Fédération Nationale des étudiants en soins infirmiers).
Cela fait 9 mois maintenant que la Fnesi (Fédération Nationale des Etudiants en Soins infirmiers) mène son enquête sur le bien-être des étudiants en soins infirmiers. Hier, les résultats sont tombés… et sont révélateurs d’un phénomène longtemps caché : les étudiants en soins infirmiers sont en situation de souffrance psychologique.
“Les résultats sont alarmants et révèlent une forte précarité, un état de santé physique et psychologique très dégradé en cours de formation et de nombreux témoignages d’étudiants en souffrance“, explique la Fnesi.
A titre indicatif, la fédération souligne que plus de 40% des ESI déclarent consommer des psychotropes et plus de 30% déclarent faire des crises d’angoisse. Aussi, un étudiant sur 2 déclare qu’il/elle a vu sa santé physique et psychologique se dégrader au cours de sa formation.
“C’est une partie de chiffres alarmants récoltés et qui confirment une altération majeure du bien-être des ESI et nous en avons de nombreux autres“, rapporte la Fnesi.
L’émergence d’un mal-être psychologique
“Lorsque l’on aborde la santé psychologique, 52,5% des ESI déclarent que celle-ci s’est dégradée depuis leur entrée en formation. Ce chiffre atteint même 62?3% des 3emes années“.
Selon l’étude, le stress est l’un des éléments piliers de cet épuisement psychologique puisque 78,2% des ESI se déclarent tout le temps ou souvent stressé (85,9% des 3emes années contre 66,2% en 1ere année).
“Le mal-être des ESI se manifeste de diverses manières avec des chiffres qu’ils convient d’observer“, souligne la Fnesi. Parmi eux, 33,9% ont déjà souffert de crises d’angoisses depuis leur entrée en formation. Par ailleurs, 19% déclarent avoir déjà souffert de dépression. Les pensées suicidaires sont présentes pour 7,4% des ESI.
Alors pourquoi une telle détresse? D’une part, il y a les conditions de stage, les pathologies lourdes, les situations stressantes. D’autre part, il y a les soignants eux-mêmes, sources de maltraitance parfois.
“J’ai perdu 10 kg au cours de ma première année. Je ne compte plus les nouvelles douleurs que mon esprit inflige à mon corps faute de pouvoir s’exprimer de vive voix. Je craignais ma rencontre avec les patients à l’entrée en formation. Aujourd’hui, ce sont les soignants que je crains“, témoigne une ESI.
La Fnesi explique que les ESI sont souvent mal intégrés en stage. “L’accueil, que ce soit au premier ou au dernier stage, est un moment charnière et un temps d’acclimatation, de découverte de l’équipe. Celui-ci est souvent négligé : il est possible qu’on ne présente pas le fonctionnement de service, l’équipe ou les patients avant de rentrer dans le vif su sujet“, explique la Fnesi.
Quand la maltraitance des Etudiants en soins infirmiers devient “intolérable”
En 2015, la Fnesi avait déjà réalisé une enquête qui révèlait que 44,61% des étudiants étaient d’accord avec l’affirmation “la formation est vécue comme violente dans la relation avec les équipes encadrantes“. En 2017, le Dr Valérie Auslender a publié un ouvrage sur les maltraitances faites aux étudiants en santé. Riche de nombreux témoignages d’ESI, ce livre révèle l’expression d’une souffrance des étudiantes en santé face à des situations vécues en stage et en formation.
L’enquête de la Fnesi met en avant deux formes principales de violence : les discriminations et le harcèlement.
En effet, selon l’étude, 36,5% des ESI estiment avoir été victimes de discriminations depuis leur entrée en formation. “Il est aussi important de connaître les origines et manifestations de ces discriminations. L’âge est le premier facteur avec 49,5% des situations de discriminations ainsi que les opinions pour 40,6%. Aussi l’apparence physique est pointée du doigt pour 29% des ESI victimes de discriminations ainsi que le sexe pour 17,6%. Enfin, au dernier plan apparaît les origines pour 12,6%, la religion pour 4% et l’orientation sexuelle pour 2%“. Les discriminations citées par les ESI sont estimées comme ayant un impact négatif sur leur bien-être pour 79,7% d’entre eux.
Dans certaines situations, le harcèlement est pointé du doigt. Ainsi, il a été demandé aux ESI s’ils estimaient avoir déjà été victimes de harcèlement au cours de leur formation. A cette question, 33,4% des ESI déclarent avoir déjà été harcelés par un soignant. A l’IFSI, 7,6% ont ressenti du harcèlement de la part d’un formateur et 2,2% de la part d’un directeur.
Conséquence du mal-être : l’interruption de formation
Outre le prise de psychotrope, la dépression et autres impacts sur la santé physique et mentale, la Fnesi dénonce une autre conséquence directe de ce mal-être étudiant : l’interruption de formation.
De nombreux ESI envisagent de mettre un terme à leur formation et cette part augmente avec le temps. Parmi les 271 ESI qui ont déclaré avoir déjà interrompu leur formation, 54,9% estiment que cela fait suite à des problématiques de stages et 26,1% à des problématiques liées aux cours. 80,4% des ESI déclarent que leurs études ont un impact négatif sur leur vie privée.
Rédaction ActuSoins
Pour mieux prendre en considération le mal-être des étudiants, la Fnesi propose la création d’un observatoire du bien-être pour les étudiants en santé.
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