Le CNOI souhaite « une refonte de l’exercice infirmier en psychiatrie et en santé mentale ». Un remaniement qui passerait notamment par l’élaboration d’un « nouveau référentiel de compétences et de formation de l’infirmier spécialisé en psychiatrie ». Selon le CNOI, les infirmiers devraient acquérir « des compétences professionnelles, cliniques spécialisées et des connaissances scientifiques actualisées dans les domaines de la santé publique, de la pratique interprofessionnelle, de l’intégration des soins et des services ». Aussi propose-t-il la mise en place de deux années de spécialisation, après les trois années d’études communes en IFSI ; le master 1 serait consacré à une spécialisation clinique et le master 2 aux pratiques avancées. Une proposition bien accueillie par la Coordination nationale infirmière (CNI) : « La spécialisation est une demande ancienne de la CNI, explique Christine Abad, cadre supérieur de santé et vice-présidente du CNI au centre hospitalier de Montperrin à Aix-en-Provence. Car avec le décret de 1992, la spécificité de l’apprentissage des infirmiers psychiatriques a été généralisée. »
Un peu d’histoire
Depuis le décret de 1992, le programme d’études en soins infirmiers incorpore les connaissances en psychiatrie. En 2004, le drame de Pau1 a permis de pointer les carences en matière de gestion de la politique de santé mentale et, à la suite de cet événement, le ministre de la Santé de l’époque, Philippe Douste-Blazy, a décidé de l’élaboration du plan santé mentale 2005-2008. Ce plan a « institué une consolidation des savoirs avec un tutorat pour les infirmiers travaillant dans le secteur psychiatrique », se rappelle Danielle Hengen infirmière en psychiatrie depuis 30 ans et cadre de santé dans un centre hospitalier dans les Bouches-du-Rhône. Toutefois, les subventions n’ont pas été renouvelées en 2009 ; la formation continue des infirmiers en milieu psychiatrique relève désormais essentiellement d’une politique d’établissement.
Une formation incomplète
Une spécialisation est-elle pour autant nécessaire ? Pour Christine Abad, elle est « indispensable, car les étudiants manquent d’une formation complète permettant de répondre à la diversification des soins offerts en psychiatrie ». Idem pour Dominique Giffard, infirmier en milieu psychiatrique. « Proposer une spécialisation est un très grand progrès car c’est reconnaître que la formation n’est pas adéquate et qu’elle ne permet pas aux étudiants d’appréhender les différentes facettes de la psychiatrie ». Formé avant 1992, il estime que les élèves manquent aujourd’hui d’une formation notamment en histoire de la psychiatrie, en psychiatrie comportementale ou en psychiatrie psychanalytique.
Si le manque de formation des infirmiers en milieu psychiatrique semble être admis, la voie de la spécialisation ne fait pas consensus. Un infirmier en milieu psychiatrique depuis 10 ans à Perpignan estime que ce n’est pas la solution car les carences peuvent être comblées par la formation continue. « Les compétences en psychiatrie sont des compétences humaines, cela s’apprend sur le terrain. Aujourd’hui, l’exercice des infirmiers est tellement vaste qu’on ne peut pas d’emblée être efficace à la sortie du diplôme. » De plus, la spécialisation peut avoir un effet pervers. « Si les étudiants en Ifsi potentiellement intéressés par le travail en psychiatrie se voient contraints de valider des années d’études supplémentaires, ils ne le feront pas. Or, il n’y a déjà pas beaucoup de candidats pour ce secteur. »
Les priorités
Avant de mettre en place une spécialisation, il faut d’abord « définir les compétences que l’on veut en psychiatrie pour demain », explique Marie-Dominique Girard, cadre supérieur dans un centre hospitalier psychiatrique à Aix-en-Provence, avant d’ajouter : « Il faut définir le référentiel métier et ensuite déterminer le type de formation qui va correspondre. » Et si une spécialisation est accordée, les revendications salariales vont certainement suivre. Ce dossier n’en est qu’à ses balbutiements et pour le moment, les priorités du Gouvernement semblent plutôt se concentrer sur la réforme LMD et la reconnaissance des compétences des infirmiers.
Laure Martin
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