Radioactivité : comprendre les risques

Alors que les explosions et incendies s'enchainent à la centrale de Fukushima et que l'on parle désormais de catastrophe nucléaire, ActuSoins prends du recul et fait le point sur la radiactivité, ses effets et les procédures de décontamination.

Radioactivité : comprendre les risques

Explosion à la centrale de Fukushima - © NHK

Le danger

Suite au séisme et au tsunami de vendredi 11 mars, les incidents se multiplient à la centrale de Fukushima-1. Ce mercredi matin trois réacteurs sur quatre avaient explosé et le quatrième a subi un incendie. Au moins une des enceintes de confinement d’un réacteur est fissurée et du matériel radioactif s’en dégage.

Cet accident engendre deux menaces des risques d’irradiation à proximité immédiate des bâtiments touchés et la projection de particules radioactives dans l’atmosphère peut entrainer des contaminations à plus longue distance : les niveaux de radiations dans la ville de Tokyo, située à 250 Km, ont été supérieurs à la normale durant quelques heures.

Les risques

En matière nucléaire le risque dépend de plusieurs facteurs : le niveau de radiation, le temps d’exposition et le mode de contamination. « Ce sont les particules radioactives ingérées ou inhalées qui sont les plus dangereuses » explique Elsa Merle-Lucotte, du Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie de Grenoble.

L’irradiation ou la contamination peuvent avoir des conséquences immédiates, c’est le fameux « mal des rayons », ou retardée ave une augmentation des cancers, des malformations congénitales ou des risques de stérilité.

La dosimétrie

Les médecins utilisent le Sievert (SV) pour mesurer l'absorption du rayonnement par le corps humain et les effets qui y sont associés. La radioactivité naturelle est de l’ordre de 0,0001 mSv/ h, une dose de 1mSv par est acceptée pour le grand public et on tolère 20 fois plus pour les professionnels exposés aux rayonnements.

Dès que la dose cumulée atteint 400 mSv (un taux atteint entre lundi et mardi à proximité de la centrale japonaise), les premiers troubles peuvent apparaître et à 1Sv on considère qu’il s’agit d’une irradiation grave nécessitant une hospitalisation.

Les premiers symptômes sont d’ordre digestif (nausées, vomissements) puis vers 2 Sv les troubles hématopoïétiques dominent. A 5 Sv la moitié des contaminés décèdent et à 10 la quasi-totalité.

Prévention et décontamination

En cas d’accident nucléaire, la meilleure solution reste encore l’éloignement avec la délimitation d’un périmètre de sécurité. Ainsi, autour de la centrale de Fukushima une zone de 20 Km a été évacuée. Des comprimés d’iode ont également été distribués mais la consigne de les prendre n’a pas encore été donné.

« Il faut bien se dire que ces comprimés servent à protéger d’un éventuel cancer de la thyroïde qui se manifestera dans 20 ans » précise Lionel De Ruta, infirmier au Samu et formateur relai risque NRBC (Nucléaire, radiologique, biologique, chimique).

Dans le périmètre de contamination, les victimes doivent subir une procédure de décontamination précautionneuse « qui consiste en un lavage intégral du corps pendant 20 minutes » rajoute-t-il.

Ensuite elles peuvent être traitées et évacuées comme n’importe quelle autre victime. Un film des procédures de découpe des vêtements et de décontamination est disponible sur le site du CESU 13

A ce jour,  le niveau de radiation qui s’échappe de la centrale reste encore largement méconnu mais plusieurs nouveaux incidents laissent penser que les fuites radioactives se multiplient.

Joël Ignasse

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Réactions

7 réponses pour “Radioactivité : comprendre les risques”

  1. La catastrophe première et ses dramatiques conséquences que nous constatons actuellement sont effectivement liées exclusivement au Séisme et au Tsunami . Les explosions à la centrale de FUKUSHIMA sont de très graves  » dommages collatéraux » à ce séisme et à ce Tsunami. Mais malheureusement , dans le cas présent , les conséquences de ce grave  » dommage collatéral  » que constitue FUKUSHIMA, risquent d’être beaucoup plus catastrophiques encore dans les décennies à venir, en terme de Santé humaine et Santé dans l’Environnement… L’actualité , au risque de se tromper , tendrait à montrer qu’il est important , en plus des accidents d’origine exclusivement interne à une centrale , d’envisager l’impact d’éléments et facteurs externes aux centrales Nucléaires dans les accidents de Centrales Nucléaires … Et pas uniquement une attaque terroriste du type « 11 septembre » . Cela peut également être transposé aux entreprises SEVESO. Mais bon … ce n’est là que mon humble avis et mon modeste ressenti de la situation .

  2. Ericmobile dit :

    Une petite précision, dans le paragraphe « Prévention et décontamination », dans le sigle « NRBC », le « B » ne veut pas dire « Bactériologique » mais « Biologique » (il n’y a pas que des bactéries, il y a aussi des toxines, virus, champignons…).

    Merci
    Eric

  3. Scalpel dit :

    Intéressant.
    J’aimerais savoir la différence entre les radiations subies par les populations exposées au risque nucléaire et le technétium 99 utilisé couramment en médecine nucléaire.
    Si quelqu’un a une réponse simple pour un simple IDE… merci !

    • Ericmobile dit :

      Pour faire simple, il existe une « décroissance radioactive » (période) : la matière nucléaire (radionucléide) perd de son « pouvoir radioactif ». Le technétium 99 à une période de 6 heures environ.
      On peut dire qu’à partir de 10 fois la période écoulée, il n’y a plus de radioactivité.
      Donc, dans le corps humain, le Technétium 99 ne sera plus radioactif à partir de la 60 heure, donc plus aucune nocivité. A savoir aussi, ce radionucléide n’est pas très « puissant », de facto il peut être utilisé en médecine (le ratio nocivité / utilité est en faveur du corps humain !!).

      Les radionucléides rencontrés lors d’une explosion nucléaire sont eux, beaucoup plus « nocif » tant par leur « puissance de radioactivité » que par leur période. Ils sont « actifs » beaucoup plus longtemps (quelques fois des dizaines ou des centaines d’années).
      En espérant avoir été clair !
      Cordialement
      Eric

      • Scalpel dit :

        Merci Eric !
        Les deux sont donc radioactifs avec une durée d’action différente… on pourrait presque parler de « durée d’action » comme pour les médocs.
        Mmm… j’en connais qui seraient heureux d’avoir une morphine à durée d’action de 10 ans 😉

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