Celiwe, infirmière en Afrique du Sud

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Alors qu'en juin dernier l'Afrique du Sud vibrait au rythme de la Coupe du Monde, Celiwe, 35 ans, se réjouissait d'assister à l'évènement. Car cette infirmière, native de la banlieue de Johannesburg, n'a retrouvé son pays que depuis quelques mois.

Celiwe, infirmière en Afrique du Sud - Crédits: DR

Comme beaucoup de soignants sud-africains, elle s'était expatriée. En 1997 après deux années d'études en école d'infirmière et deux années de spécialisation en psychiatrie, elle a travaillé quelque temps à Johannesburg. Avant de partir pour l'Angleterre en 1999. A cette époque, le pays de Nelson Mandela, libéré de l'Apartheid depuis 1991, n'offre pas beaucoup d'opportunités. « En Grande-Bretagne, je pouvais gagner quatre fois plus que les 300 euros que je touchais en Afrique du Sud. Ce n'était pas que financier, j'avais aussi cette envie de voyager et d'acquérir plus d'expérience ». Mais après 10 ans passés « au service de sa Majesté », en psychiatrie à Peterborough puis à Londres dans une unité de soins intensifs, « la maison  et la  », deux frères docteurs et une mère infirmière, manquaient à Celiwe.

Et ces dernières années, en Afrique du Sud, la situation économique dans le secteur de la santé semble s'améliorer. « Le système s'était affaibli et le gouvernement a compris qu'il fallait faire des efforts pour nous garder, car ils en étaient venus à éduquer des professionnels pour d'autres pays. Depuis quelques années les salaires sont bien meilleurs, de même que les opportunités d'avoir un poste managérial ou de travailler dans le privé, en libéral ou pour des entreprises ». C'est d'ailleurs dans une clinique privée, au cœur de Rosebank, un quartier chic de Johannesburg, qu'elle a retrouvé un , en tant qu'infirmière en chef des unités de soins intensifs et de neurologie.

Elle gagne 2700 euros par mois, un salaire un peu plus élevé que dans le public, où une infirmière gagne entre 1000 et 2500 euros par mois. Arborant le traditionnel uniforme à épaulettes comme toutes les infirmières du pays, Celiwe semble heureuse du regain d'intérêt pour sa profession. « Avant notre seule possibilité d'évolution, c'était d'attendre 20 ans pour espérer devenir infirmière en chef. La fonction et la relation avec les docteurs ont aussi évolué. Quand je suis partie, il n'y avait pas beaucoup de respect pour les nurses, maintenant qu'elles sont mieux éduquées, cela change, on leur confie plus de responsabilités».

Dans son service, comme souvent dans le pays, les infirmières travaillent 3 ou 4 jours par semaine pour des gardes de 12h (42 heures par semaine en moyenne). « Bien évidemment ici nos patients sont aussi des clients et veiller à leur satisfaction est primordial », sourit-elle, même si parfois certains sont difficiles : « tout à l'heure un monsieur incommodé par son voisin, a menacé de faire la grève de la faim si on ne le changeait pas de chambre ».

Si de sa clinique privée la situation semble privilégiée, les choses ont aussi changé dans le secteur public, qui prend en charge entre 60 et 70% des malades. « Depuis la fin de l'Apartheid, il y a eu une migration des zones rurales vers le centre (qui était alors souvent interdit aux Noirs) ainsi qu'une nouvelle émigration, du Zimbabwe ou du Mozambique. Pour faire face à cet afflux de population, les grands ont du s'équiper. Voici pourquoi certains aujourd'hui ont de véritables équipements de pointe, meilleurs que ce que j'ai vu en Angleterre ». Mais en dehors des grandes villes, le pays compte encore nombre d'hôpitaux et de dispensaires vétustes. « Là-bas, les compétences que j'ai acquises en Angleterre me seraient sans doute utile. J'y viendrai certainement un jour », promet-elle.

David Breger

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