Des infirmières décident de faire former une fac aux gestes de premiers secours

Infirmières de profession, Aude Tessier et Clémentine Hamel sont également étudiantes en licence professionnelle de santé, sécurité au travail et environnement. Avec trois autres étudiants de leur promotion, elles ont décidé de sensibiliser les étudiants, enseignants et personnels administratifs de leur université* aux gestes de premiers secours. L’opération, baptisée « SOS, passant en détresse !» se déroulera le 21 mai. Plus de 200 personnes seront concernées. Entretien avec Aude Tessier.

Aude Tessier est étudiante en LP SSTE. Elle est aussi infirmière. © DR

Aude Tessier est étudiante en LP SSTE. Elle est aussi infirmière.
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Pourquoi avez-vous décidé de sensibiliser près de 200 personnes de votre université aux gestes de premiers secours?

Dans le cadre de notre licence professionnelle santé et sécurité au travail et environnement (LP SSTE), nous avions à mener un projet autour de la santé au travail et à mettre en place un événement. Le groupe dont je fais partie a décidé à l’unanimité d’organiser une journée de sensibilisation aux premiers secours pour un bâtiment de notre université. Ce thème nous plaisait car il nous semblait que la France était très en retard sur ce sujet. C’est aussi un thème d’actualité, qui concerne tout le monde. Former les autres étudiants de notre université, qui, pour la plupart sont des salariés en alternance, c’est les rendre capable d’agir en cas d’urgence.

Vous avez demandé à la Protection Civile et la Croix Rouge Française d’intervenir bénévolement pour former étudiants et enseignants. Comment les formateurs vont-ils procéder ?

Oui en effet, nous avons demandé à ces organismes d’intervenir car nous ne sommes pas titulaires d’un monitorat de premiers secours. Nous ne sommes donc pas habilités à former nous mêmes les étudiants et les enseignants, car la formation délivrée sera certifiante. Il s’agira d’une formation courte intitulée « Appeler, Masser, Défibriller ». On aurait aussi souhaité que les étudiants voient la PLS (Position Latérale de Sécurité), mais ce n’était pas réalisable en 30 ou 40 minutes, le temps qui nous est octroyé par groupe. Il y aura en totalité 4 formateurs, 1 médecin, 1 logisticien, et 2 présentateurs d’un jeu multi-média sur les premiers gestes de secours.

Qu’attendez-vous des étudiants ensuite ?

On a envie de sensibiliser les étudiants et tous les professionnels qui travaillent à l’IFIS. Le but est aussi qu’ils aient envie de se former davantage aux gestes qui sauvent, avec une formation plus longue et plus complète. L’objectif, c’est vraiment d’aller plus loin. Il faut savoir que la France atteint actuellement un nombre record d’étudiants, avec près de 2, 39 millions recensés en 2012. Seulement 20 000 d’entre eux, en formation initiale, sont formés aux gestes de premiers secours (par la Croix-Rouge, ndlr). Ces gestes qui sauvent, s’ils ne sont pas répétés et pratiqués régulièrement, sont oubliés. Retenons une chose, nous voulons que les participants soient préparés à être prêts pour agir !

Souhaiteriez-vous élargir cette action à l’ensemble de votre université, et pourquoi pas, la proposer ailleurs ?

Malheureusement pour nous, cette action s’arrêtera là car nous ne sommes présents sur l’université que pendant une année. Après, soit nous reprenons nos postes, soit nous continuons nos études. Mais j’espère que l’année prochaine, d’autres groupes de la licence LP SSTE reprendront le projet et l’étendront à d’autres bâtiments dans l’université. Cette année, nous avons été un peu bloqués par le plan Vigi-Pirate, ce qui a limité la programmation de cette sensibilisation à un seul bâtiment.

Vous êtes par ailleurs infirmière en santé au travail à la SNCF. Ce projet peut-il vous servir professionnellement ?

Oui, et c’est aussi le but. Mener ce projet tout au long de l’année me donne une crédibilité professionnelle. Je prouve ainsi à mon entreprise que je suis capable d’une telle organisation et que je suis impliquée dans cette cause. J’aimerais passer mon monitorat SST (Sauveteur et Secouriste au Travail) pour former les autres salariés de mon entreprise aux premiers gestes de secours. Cela représente un objectif professionnel pour moi. Le projet mené ici, à la faculté, peut motiver mon entreprise à me former et à me financer cette formation dont j’ai besoin pour concrétiser ce projet.

 Propos recueillis par Malika Surbled

* Université Paris-Est, Marne la Vallée. Institut Francilien d’ingénierie des services. 6-8 Cours du Danube 77700 Serris.

Pour aller plus loin : formation continue DPC pour les infirmières et infirmiers libéraux

 

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Réactions

2 réponses pour “Des infirmières décident de faire former une fac aux gestes de premiers secours”

  1. CAPSU dit :

    La PLS est un geste majeur en secourisme !
    Concernant la conduite à tenir face à l’urgence (et/ou l’arrêt cardiaque) soit les mots-clés de la FFC : « 1 vie = 3 gestes » soit ALERTER-MASSER-DEFIBRILLER » c’est en effet essentiel, mais beaucoup de personnes sont inconscientes, mais respirent, il faut donc les mettre en PLS !
    C’est le même objectif avec le CAPSU avec les « 5 gestes qui sauvent » face à un accident de la route avec les mots-clés : ALERTER-BALISER-VENTILER-COMPRIMER-SAUVEGARDER (sauvegarder = garder la vie sauve par la PLS), formation pratique de 4 heures que nous demandons de rendre obligatoire pour obtenir un permis de conduire.
    Assez désolant de lire que sur 2,39 millions d’étudiants en 2012, seulement 20 000 auraient suivi une formation aux « gestes de premiers secours » d’après la CRF !
    C’est pourquoi la période de préparation d’un permis de conduire permet de rattraper cette lacune incroyable de notre système pour tous ceux – des centaines de milliers, qui n’auront pas eu d’attestation de formation auparavant !
    Nous devons tous savoir agir face à une détresse c’est à dire face à quelqu’un qui risque d’être mort à l’arrivée des secours si nous ne savons rien faire !
    Didier BURGGRAEVE, Président du CAPSU (Voir page CAPSU sur site secourisme.net)

  2. cette formation n’est pas certfiante puisqu’ils ne voient pas l’ensemble de la formation aux premiers secours. Par contre l’arrêté du 06 novembre 2009 autorise les infirmiers à réaliser cette initiation : art 3 : « Cette initiation est dispensée par les formateurs en premiers secours des associations agréées ou des organismes habilités à l’enseignement du secourisme, des enseignants des centres d’enseignement des soins d’urgence et les professionnels de santé dont l’éducation et la prévention font partie de leur domaine de compétences.
    Sa durée est au maximum d’une heure.
    Elle est réalisée en groupes de dix à douze personnes afin que chacune d’elles puisse pratiquer, elle-même, les gestes adaptés en situation de simulation.
    Elle ne donne lieu à aucune délivrance de diplôme ou d’attestation. »

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