Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (11)

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Vincent Marion, étudiant infirmier en deuxième année à l'IRFSS de la Croix Rouge de Saint-Etienne est parti du 18 mars au 23 avril en stage dans un centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso). De jour en jour, il a rédigé un journal que nous publions. Passionnant et instructif !

Le 08 avril 2014

Infirmier stagiaire à Bobo-Dioulasso (11)

©Vincent Marion

Je suis en médecine depuis deux jours. Le service est un peu plus structuré qu’en chirurgie. Il y a 2 grandes chambres de 8 lits chacune, la première pour les femmes et la seconde pour les hommes. Et puis, il y a 2 chambres doubles dédiées mère-enfant.

Une visite de tous les malades est assurée chaque matin par un médecin accompagné des infirmiers. Je trouve que le Dr O a un très bon contact avec les patients et les accompagnants. Il fait aussi preuve de pédagogie avec l’équipe. On sent qu’il veut s’assurer que la conduite à tenir qu’il dicte pour chaque malade est comprise et partagée par le personnel.

Les pathologies les plus présentes sont les accès palustres graves, les méningites, les AVC et quelques cas de SIDA. Malheureusement, pour les affections les plus graves, les moyens sont limités. J’en ai eu deux exemples ce matin.

[dropshadowbox align="none" effect="lifted-both" width="autopx" height="" background_color="#ffffff" border_width="1" border_color="#dddddd" ]« Il n’y a qu’à Ouagadougou qu’ils font la chimiothérapie, à Bobo ce sera du soin palliatif ».[/dropshadowbox]

Une femme hospitalisée a fait une échographie abdominale. L’examen conclut à une tumeur rénale. Son état général est très mauvais. Le Dr O dit à son accompagnant qu’il faut la transférer au CHU de Bobo, car le service de médecine du CMA n’est pas compétent pour la prendre en charge. L’accompagnant voudrait qu’elle reste néanmoins sur place ; je suis persuadé qu’il redoute que les frais induits par ce transfert soient insupportables pour la famille. Le Dr O refuse, il explique qu’il garde tous les malades pour lesquels il peut quelque chose, mais que pour cette dame, il n’est pas compétent. L’accompagnant semble se résigner.

Lorsque nous passons dans la chambre suivante, je demande au Dr O si le coût de la chimiothérapie est à la charge des familles. Il me répond qu’en théorie oui, mais qu’en pratique, il n’y a pas de chimiothérapie au CHU. « Il n’y a qu’à Ouagadougou qu’ils font la chimiothérapie, à Bobo ce sera du soin palliatif ».

Un second patient très mal en point a eu des résultats sanguins révélant une insuffisance rénale. Le Dr O le fait adresser au CHU. Je lui demande si le patient va bénéficier d’une dialyse péritonéale ou d’une épuration extra-rénale. Il me répond « ni l’une ni l’autre, il n’y a qu’à Ouagadougou qu’on dialyse».

Après avoir découvert que les patients qui se font soigner sont uniquement ceux qui peuvent payer, je découvre que les prises en charge plus techniques ne sont même pas disponibles dans la seconde ville du pays (plus d’un million d’habitants). A la fin de la visite, le Dr O m’a dit : « Tu vois Marion, on a très peu de moyens pour soigner les malades. C’est bien que les étrangers comme toi viennent voir comment ça se passe ».

A défaut d’apporter une aide quelconque, je peux au moins témoigner, c’est déjà ça !

Vincent Marion

Retrouvez demain la suite du journal de Vincent Marion

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