Les infirmiers aussi veulent racheter leur clinique en coopérative

Des infirmières et infirmiers de deux cliniques (l'une fermée, l'autre en passe d'être cédée) soutiennent les projets de sociétés coopératives d'intérêt collectif (SCIC) montés par les salariés pour poursuivre leur activité. Une aventure collective motivante et innovante dans le domaine de la santé. Les infirmiers aussi veulent racheter leur clinique en coopérative

Véronique Distel, infirmière à la clinique SSR Saint-Louis de Rodez (fermée en mars 2014), fait partie de la trentaine d'ex-salariés fondateurs du projet de reprise de la clinique en société coopérative d'intérêt collectif (SCIC).

« Je trouve que c'est bien de relever des défis, explique-t-elle, et de participer à la création d'une structure qui nous appartienne. J'apprécie aussi l'idée qu'on travaille pour nous, d'être propriétaire de son job. »

Après une carrière de 30 ans dans des structures hospitalières, cela constituera une grande nouveauté pour elle !

Rapprocher la gouvernance de l'activité

Autre point motivant pour elle : le fait de pouvoir influer, via les instances de gouvernance, sur le fonctionnement de la clinique. Que tout le monde « ait son mot à dire, quel que soit sa place, sa profession », au sein des différents collèges professionnels, notamment.

Son espoir : que la personne soignée soit replacée au cœur des soins. Comme les autres membres fondateurs, elle a déjà adhéré à l'Union régionale des SCOP (URSCOP) de Midi-Pyrénées et prévu d'investir plusieurs centaines d'euros dans le capital de la future entreprise.

Si entreprise il y a : en effet, le dossier d'autorisation de l'activité de SSR cardiovasculaire, respiratoire et polyvalente, par cette SCIC doit être examiné puis validé en commission par l'ARS avant la fin mai, explique Laura Barlaguet, ex-responsable qualité de la clinique.

Selon elle, le projet de SCIC présente bien des atouts par rapports aux autres projets : les locaux sont prêts à être utilisés, le matériel est toujours opérationnel, la plupart des personnels est disponible... La municipalité de Rodez aurait d'ores et déjà manifesté son intention d'investir le projet.

Idem à Ollioules, dans le Var. Le projet de reprise de la clinique chirurgicale Malartic par ses salariés, en SCIC aussi, a recueilli le soutien de la commune et de sa voisine la Seyne-sur-Mer, indique le Dr Jean-Marc Devevey, chirurgien dans cette clinique et initiateur du projet. Ici, aussi, il s'agit de reprendre l'activité, pas de racheter les murs ou des terrains.

Un projet collectif

Le statut de SCIC prévoit comme toutes les coopératives que les salariés soient détenteurs du capital mais il oblige aussi les entreprises à obtenir la participation financière des « bénéficiaires » de l'activité mais aussi de partenaires extérieurs, notamment des collectivités locales ou territoriales, explique Adelphe de Taxis, responsable de l'innovation à la Confédération générale des SCOP.

Des banques peuvent aussi soutenir le projet, ce devrait être le cas à Ollioules, ainsi que des laboratoires d'analyses, des cabinets de radiologies, etc.

Au delà du maintien de l'emploi, les salariés de la clinique, qui soutiennent le projet dans leur grande majorité, souhaitent à travers ce projet « continuer de travailler dans le même cadre, à but non lucratif, et dans les mêmes bonnes conditions de qualité », explique Frédéric Beynet, infirmier anesthésiste.

Autre motif de motivation : la possibilité de rapprocher la gouvernance du lieu de l'activité et régler plus vite les problèmes. Frédéric Beynet fait partie du comité de pilotage du projet, qui se réunit régulièrement pour être prêt à installer la future structure si la clinique est cédée à la SCIC. Il se dit prêt à s'investir, le cas échéant, dans les instances de décision de la coopérative.

Un fossé culturel

Certes, le statut de SCIC est peu connu, souligne Adlephe de Taxi. « Il existe encore un fossé culturel à franchir », selon lui, pour que ce statut trouve sa légitimité dans le domaine de la santé aux yeux du monde économique.

Mais « il va se développer, ne serait-ce que parce que les collectivités locales s'intéressent de plus en plus à l'offre de soins sur leur territoire », prévoit-il.

Pour des professionnels de santé, profanes en la matière, « il s'agit d'une grosse plongée dans le monde administratif, juridique » et financier, reconnaît Frédéric Beynet. Mais cela ne semble pas décourager le moins du monde ceux qui soutiennent ces deux projets innovants.

 Olivia Dujardin

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