Booster la chirurgie ambulatoire : avis mitigés des associations

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La chirurgie ambulatoire, brandie par le gouvernement comme une source d'économies, offre des avantages aux patients, à condition de bien les accompagner, selon des experts interrogés par l'AFP.

Booster la chirurgie ambulatoire : avis mitigés des associations "Les nuits à l'hôpital ne sont pas sereines, c'est beaucoup mieux de se reposer à la maison!" : atteint d'une maladie chronique, Henri Barbier, 74 ans, est un habitué des opérations pratiquées en ambulatoire qui se sont "toujours bien passées" selon lui.

"On évite aussi de contracter des infections liées à l'hôpital (nosocomiales)", témoigne-t-il.

Prothèse de la hanche, hernie discale ou encore anévrisme de l'aorte: cinq nouveaux projets ont récemment vu le jour en Ile-de-France pour développer ces pratiques qui prévoient une hospitalisation de moins de douze heures.

La poule aux oeufs d'or ?

"Les séjours hospitaliers doivent être moins fréquents et moins longs", affirme la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, qui veut doubler le rythme de croissance de la chirurgie ambulatoire dans le cadre d'un plan d'économies de dix milliards d'euros. Dès 2016, une opération sur deux pourra être réalisée ainsi, selon elle.

Actuellement, 40% des actes en chirurgie le sont, avec d'importantes variations en fonction des régions et des spécialités.

La France est en retard dans ce domaine: selon la Haute autorité de santé, sur 37 gestes sélectionnés, le taux d'ambulatoire atteignait 45% en France en 2009 contre plus de 65% dans les pays d'Europe du Nord.

La Cour des comptes a évalué en septembre à cinq milliards d'euros le "potentiel d'économies" réalisable, via la suppression des lits, engendrant des économies de fonctionnement.

Un chiffre remis en cause par la Fédération hospitalière de France (FHF): la chirurgie ambulatoire est "une voie d'avenir" mais "ce n'est pas la poule aux oeufs d'or", a affirmé en janvier son président Frédéric Valletoux, évaluant le gain à 570 millions d'euros.

Mieux gérer l'amont et l'aval

L'association des accidentés de la vie FNATH émet pour sa part des "inquiétudes pour des personnes dont l'état de santé peut être fragile et qui nécessitent une hospitalisation plus longue". Le développement de l'ambulatoire "ne peut se faire que de manière concertée et réfléchie".

Développer l'ambulatoire "peut être une bonne chose" mais il faut tenir compte des "effets de structure" entre les cliniques privées et l'hôpital. Ainsi, les cliniques privées se "sont positionnées très tôt sur les actes chirurgicaux ambulatoires", rentables. En revanche, l'hôpital a "un cahier des charges qui lui impose de pratiquer tout type de soins, y compris non chirurgicaux, souvent plus longs et plus coûteux", estime Brigitte Dormont, professeure à Paris Dauphine.

Le développement de l'ambulatoire nécessite aussi "de bien gérer l'amont et l'aval" de l'intervention, or "tout cela n'est pas suffisamment pensé aujourd'hui", selon elle. "Il faut organiser le parcours des personnes affectées de maladies chroniques et penser l'accompagnement social des personnes isolées et démunies".

"Le patient doit avoir certaines garanties", renchérit Nicolas Brun, représentant du CISS, un collectif d'usagers.

Il doit ainsi être parfaitement informé en amont, accompagné et surveillé par un tiers dès sa sortie, posséder un numéro de téléphone en cas d'urgence 24H/24 et disposer de prescriptions médicales en cas de douleur, détaille-t-il. Car "si l'on constate des avantages, des craintes et des interrogations demeurent".

Rédaction ActuSoins, avec AFP

 

 

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Réactions

2 réponses pour “Booster la chirurgie ambulatoire : avis mitigés des associations”

  1. je confirme, pas assez d’aide au domicile ensuite, sauf si on peut payer, et pour les mères de famille pas évident, infirmière aussi, j’ai testé la même op à 10 ans d’intervalle, c’était mieux en hospi normale la première fois

  2. Attention à ne pas tout miser sur l’ambulatoire : des lits d’hospitalisation sont à maintenir voir renforcés avec du personnel qualifié suffisant pour garantir la sécurité à l’hôpital. Soyons vigilants: des choix lourds de conséquences sont pris actuellement.

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