Vaccinations : convaincre dans un contexte de défiance

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Pour lancer la semaine européenne de la vaccination, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a présenté ce 22 avril au centre de vaccination Charles Bertheau (Paris 13ème) les grandes lignes du calendrier vaccinal 2014. L'occasion pour la ministre de chercher à "convaincre" : "se vacciner, c'est faire reculer la maladie".

Vaccinations : convaincre dans un contexte de défianceLes petits crayonnent dans un coin de le salle d'attente pendant que Marisol Touraine, à quelques mètres, est entourée d'une forêts de micros. La ministre de la santé a choisi ce centre de vaccination situé en plein quartier chinois à Paris où se croisent toutes les populations pour lancer un plaidoyer en faveur de la vaccination.

"N'entrons pas dans un débat d'un autre temps. (...) C’est l’un des plus grands succès des politiques de santé publique. C’est la protection d’aujourd’hui face aux maladies d’aujourd’hui.", a-t-elle martelé en annonçant le nouveau calendrier vaccinal et la campagne de communication lancée par le ministère et l'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) sur les rappels : " être à jour dans ses vaccinations, c’est être protégé durant toute la vie." 

Pour la ministre, l'heure est à la "conviction" mais aussi à la "transparence et la communication", a t-elle ajouté, en citant le débat qui a fait rage ces dernières semaines sur la vaccination contre les infections à papillomavirus humains(HPV).

Défiance anti-vaccins

Depuis fin 2013, une dizaine de plaintes au pénal ont été déposées par des jeunes filles atteintes de troubles qu’elles attribuent aux injections de Gardasil ou de Cervarix, les deux vaccins destinés à protéger contre le cancer du col de l'utérus.

Fin mars, une pétition était lancée par l'association Med’Océan, du docteur Philippe de Chazournes, généraliste à la Réunion, arguant de l'absence de preuves de l'efficacité du vaccin, des risques d'effets secondaires et de son coût.

Les quelques milles signataires (à la mi-avril) dont  630 médecins et 270 sages-femmes réclamaient une mission parlementaire sur le sujet. Face à ce " discrédit" jeté sur ces vaccins, sept sociétés savantes, se sont insurgé et ont lancé un appel à contre-pétition paru dans le Quotidien du médecin du jeudi 10 avril. La ministre de la Santé a donc aussi décidé de rassurer : "les vaccins font l'objet d'études approfondies", a-t-elle rappelé.

Concernant le vaccin anti-HPV, "on peut éviter le cancer du col de l’utérus, responsable de 1 000 morts par an. J’appelle à un débat serein, guidé par la science. Il faut être attentif aux effets secondaires et réévaluer les situations, mais ne renonçons pas à la vaccination », a-t-elle assuré.

Les campagnes médiatiques anti-vaccination ont fait reculer de 60 % à 50 % la couverture des personnes à risque contre la grippe entre 2009 et 2012 et la rougeole réapparaît "en raison d'un fléchissement de la vaccination", souligne Marisol Touraine.

Selon le Baromètre santé INPES 2010, la majorité des 15-79 ans (81 %) se dit favorable à la vaccination. Cependant 28 % des Français ne connaissent pas la nature de leur dernier vaccin et 19 % des 15-79 ans estiment ne pas être à jour de leurs vaccins. Un Français sur cinq ne serait ainsi pas protégé de manière optimale face aux maladies infectieuses.

Nouveau calendrier vaccinal

La seule modification importante tient au passage de trois à deux doses du vaccin anti-HPV : deux doses espacées de 6 mois à administrer entre 11 et 13 ans pour le vaccin quadrivalent (Gardasil®), et entre 11 et 14 ans pour le vaccin bivalent (Cervarix®). Au delà de ces âges, le schéma antérieur à trois doses s’applique.

Le vaccin contre le méningocoque B, contrairement à certaines attentes, n'entre pas dans le  calendrier vaccinal de la population générale.

Contre les infections invasives à pneumocoque, la vaccination des personnes présentant des facteurs de risques est actualisée. Désormais, la liste des indications est la même quel que soit l’âge. En outre, la stratégie de cocooning pour la coqueluche est encore renforcée. D'autres spécificités concernent les professionnels de santé comme la nécessité d'apporter la preuve de la protection contre l'hépatite B.

Cyrienne Clerc

Pour aller plus loin :

Le calendrier des vaccination et des recommandations 2014

L'INPES et la vaccination

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Réactions

2 réponses pour “Vaccinations : convaincre dans un contexte de défiance”

  1. cath dit :

    S’il y a méfiance, ce n’est pas tant en raison d’un défaut de communication que du vrai manque de transparence sur les effets positifs ou négatifs attribués vaccins. Entendre la ministre de la santé affirmer que le vaccin antiHPV « peut éviter le K du col de l’utérus responsable de 1000 morts par an » m’interpelle sur la qualité de l’information médicale reçue par notre ministre et sur sa capacité à la traiter. Le grand mérite de la grotesque équipée pandémie H1N1 est de nous avoir démontré que la grippe n’est pas responsable des 3000 à 7000 (!!!) morts que lui attribuaient les experts mais de +/- 100 à 300 morts annuelles. Nous sommes plus dans la raison industrielle et sociale que dans une vraie politique sanitaire, comme dab..

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