Violences à l’hôpital : la Conférence nationale des directeurs des centres hospitaliers appelle à un “sursaut” collectif

Violences à l’hôpital : la Conférence nationale des directeurs des centres hospitaliers appelle à un “sursaut” collectif

Face à l'augmentation des incidents, des menaces et des agressions, la Conférence nationale des directeurs des centres hospitaliers (CNDCH) en appelle à "un sursaut".
Violences à l'hôpital : la Conférence nationale des directeurs des centres hospitaliers appelle à un "sursaut" collectif
© Luis Molinero / ShutterStock

S’il y a bien un combat qui doit être mené et qui engage tout le monde – professionnels hospitaliers, institutions, usagers, familles, pouvoirs publics, élus – c’est bien celui qui vise à favoriser la sérénité, à valoriser chacun, à préserver de façon claire l’hôpital public de tous les phénomènes de tensions, d’oppositions, de polémiques qui traversent notre société.

Comme l’école, il faut tenter de sanctuariser l’hôpital, le préserver autant que possible de ces phénomènes de messages au sein de l’hôpital qui disqualifient certains et font des rapports sociaux un enjeu permanent de batailles plus ou moins violentes, parfois en utilisant largement la messagerie interne ou les réseaux sociaux“, estime Francis Saint-Hubert, le président de la CNDCH, dans un communiqué. 

Violences relationnelles : “chacun a un rôle à jouer”

La conférence note la multiplication de discours “qui méprisent” de façon plus ou moins systématique certaines catégories d’hospitaliers, dont les personnels administratifs, logistiques, informatiques. 

Par ailleurs, dans certains établissements, pointe-t-elle, les directions sont “mises à mal, dénigrées, parfois menacées, accusées” de “ne jamais faire assez, pas assez vite“, et sont “violemment contestées quand elles relaient les messages nationaux des ARS“. 

Pourtant, “elles aussi, sont en première ligne, parvenant, dans bien des cas, à faire l’impossible“. 

Les présidents de CME ne sont pas épargnés non plus, note la Conférence, de même que les responsables médicaux impliqués dans les instances, comme les chefs de pôles et les chefs de service, mais aussi l’encadrement soignant. “Finalement, tous ceux qui ont des responsabilités sont devenus des cibles. Il ne faut pas croire que déstabiliser systématiquement ceux qui acceptent de prendre des responsabilités ne sera pas sans conséquence. Il ne faut pas être naïf non plus : la violence verbale précède souvent d’autres types de violence“. 

Alors que faire? La conférence appelle, au-delà de la réponse institutionnelle, qu’elle juge toutefois “indispensable“, à une “réponse claire et immédiate du ressort de chacun. Quelle que soit la place qu’on occupe à l’hôpital, qu’on ait ou non des responsabilités, chacun est appelé à rester courtois, respectueux à la fois des institutions et des personnes. Ce sont ça, les vraies valeurs hospitalières!“, explique Francis Saint-Hubert. 

Violences des usagers : “l’hôpital a besoin de soutien”

L’exercice hospitalier est également frappé par des comportements “certes minoritaires, mais bien réels“, de patients ou de leurs proches “qui n’hésitent pas à passer à l’acte, soit par des menaces, injures, agressions physiques, utilisation de réseau social“, remarque la Conférence. 

La régulation des visites aux patients décidées après une large concertation et pour des raisons sanitaires génèrent des réactions inacceptables et complètement disproportionnées“, estime Francis Saint-Hubert, qui remarque que les directions ne comptent plus aussi les appels téléphoniques et les courriers plus ou moins menaçants. 

L’hôpital est marqué par la crise épidémique, mais la Conférence estime que celle-ci n’explique qu’une partie des difficultés de l’hôpital public. 

Aujourd’hui, la réalité qui est incontestable est que certains établissements, certains secteurs sont en grande difficulté. Des services sont contraints de réduire leur activité, comme les services d’urgence“, poursuit la Conférence. 

Dans les territoires, souvent les plus fragiles (zone économiquement faible, désertification de la population…) et où ces phénomènes sont plus ou moins massifs, “nous tous, les hospitaliers, on a besoin de soutien! On a besoin de solidarité. Pas d’accusations!”, observe-t-elle. 

L’hôpital : un bien collectif  “si précieux”

Se disant consciente que les phénomènes de violence concernant la société entière et “particulièrement toutes les figures qui représentent les institutions républicaines et l’autorité“, la CNDCH en appelle à une “prise de conscience rapide, à la fois collective et individuelle“. 

L’implication formidable de toute la communauté hospitalière rendue sans doute plus visible pour la population avec la crise mérite un sursaut“, explique-t-elle. 

Même si rien ne détournera les hospitaliers de leur mission et de leurs valeurs, les protéger et prévenir toute situation de violence est tout autant un devoir qu’une nécessité. L’hôpital est un bien précieux pour la Nation : prenons-en soin à tous les niveaux“, conclut la conférence. 

Rédaction ActuSoins

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