Le 4 avril 2012, les pharmaciens décrochaient pour la première fois de leur histoire une rémunération forfaitisée pour le suivi des patients sous AVK. Une décision historique, inscrite dans le marbre d’un avenant conventionnel. Les infirmières pourraient-elles prétendre à bénéficier d’un même dispositif ?
Oui, déclare sans ambages Daniel Guillerm, vice-président délégué de la Fédération Nationale Infirmière (FNI): « nous voulons revendiquer le même droit que les pharmaciens pour les personnes non autonomes sous AVK et auprès desquelles les infirmières libérales sont les dernières à se déplacer”.
Pour l’heure, rien d’officiel. « Nous avons uniquement entamé des discussions avec les autres professions dans le cadre de l’Union Nationale des Professions de Santé ». Objectif : ouvrir le débat et trouver un terrain d’entente… ce ne sera pas facile, car la frontière entre complémentarité et transfert de tâches est parfois ténue.
Et si les professions de santé libérales appellent la première de leur vœu, elles sont beaucoup plus réticentes envers la seconde. « Il ne serait pas illogique de voir les infirmières impliquées dans le suivi des patients sous AVK, concède Michel Chassang, président de la confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Mais il faudra pour cela bien définir les rôles de chacun : coopération ne veut pas dire transfert de compétences, et il ne faudrait pas que les professionnels donnent l’impression d’entrer en compétition les uns avec les autres ».
Si les infirmières veulent aboutir, le travail sera long. « Il n’y a pas de re-négociation conventionnelle en vu » et, de l’aveu même de Daniel Guillerm, « la profession n’a pas les mêmes armes dissuasives que les pharmaciens ».
Comprenez les génériques. Pour Gilles Bonnefonds, président délégué de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO), le tour de force qu’a réussi la profession malgré l’opposition de syndicats médicaux, tient à tout autre chose : « la loi HPST, qui a donné de nouvelles missions aux pharmaciens » et qui a ouvert la voie à de nouveaux modes de rémunération.
La profession infirmière a malgré tout réussi à mettre un pied dans la porte. Si elle n’est pas conventionnelle, le Programme d’Accompagnement du retour à domicile (PRADO) en orthopédie ou en sortie de maternité montre que le suivi infirmier peut s’inscrire durablement dans le parcours de soins. Il en est de même pour le programme ASALEE qui repose sur des consultations infirmières en maison de santé pluridisciplinaire auprès de patients chroniques.
Plus récemment, la création d’une majoration de coordination infirmière (MCI) pour la coordination de patients en soins palliatifs ou ayant des pansements lourds ou complexes, va dans le bon sens. Pour le représentant de la FNI, nous n’en sommes donc qu’au début : « il faudra rediscuter des modalités de ces coopérations pour les inscrire en dure dans la convention ». Mais la tendance est plutôt favorable. « Dès qu’infirmiers, médecins et pharmaciens parlent politique, ça coince, mais dès qu’ils échangent au sujet d’un patient, ca marche » ironise Gilles Bonnefonds. La coopération des professionnels libéraux est en marche. En tout cas, « elle est indispensable si l’on ne veut pas voir l’hôpital préempter sur la ville ».
Caroline Guignot
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