
C’était la 28ème édition du salon infirmier et, dans les allées, chacun s’offusquait : “c’est honteux, cette absence. A ma connaissance, cela ne s’est produit que deux ou trois fois”, estime Kamel Boudjedra, responsable d’Intermedis et habitué du salon.
“Cette non-communication témoigne d’une arrogance et d’un mépris insupportable. Cet impair résonne tel un camouflet que le syndicat CNI dénonce avec force”, s’est offusquée Nathalie Depoire, sa présidente.
La première journée avait commencé par un petit défilé de l’intersyndicale opposée au projet de réorganisation du temps de travail – et de réduction des RTT – à l’AP-HP. “Martin Hirsch (directeur général de l’APHP, ndlr) ne risque pas de se pointer”, entendait-on, deci-delà.
L’absence de Marisol Touraine remarquée
Marisol Touraine était pourtant particulièrement attendue cette année, entre son projet de loi de santé actuellement au Parlement, et les réunions de la Grande Conférence de Santé qui ont débuté.
L’excuse de l’agenda ministériel a bien-sûr était évoquée. Mais pour Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI, qui l’a étudié en détail, cette excuse ne tient pas : “malgré un trou dans son agenda officiel entre l’heure du repas et les Questions d’actualité au Gouvernement à 15 h, mercredi et jeudi, Marisol Touraine n’a pas daigné rencontrer la première profession de santé de France !”
“Y a-t-il un pilote dans l’avion ? La question se pose, car depuis des mois nous sommes dans l’attente d’arbitrages ministériels qui bloquent tous les dossiers professionnels. Comment expliquer le blocage de la réingénierie des paramédicaux ? (…) Quand aurons-nous le calendrier des réingénieries ? Quand les travaux sur le référentiel de formation des IBODE (et l’intégration des nouveaux actes exclusifs, ndlr), bloqué depuis 2009 vont-ils reprendre ?”, s’interroge Thierry Amouroux.
Autres question toujours sans réponse, celles sur la formation des infirmières puéricultrices, dont le dernier remaniement de de trente ans, sur le contour des pratiques avancées et sur un éventuel grade master.
La formation : une question centrale
“Il faut d’abord construire les contenus de la formation avant de parler de grade. C’est un projet qui me tient à coeur. Les travaux débuteront dès que la loi sera votée. Au-delà d’un tronc commun pour les pratiques avancées, il faut réfléchir à des spécialisations, en cancérologie, en diabétologie”, a précisé Michèle Lenoir-Salfati, qui a éludé de nombreuses questions. Les 35 heures ? Les revalorisations salariales ? “Les messages politiques, cela est du ressort du ministère et de son cabinet”, a-t-elle répondu.
Thierry Amouroux évoque aussi ses craintes sur un possible “tronc commun” dans le cadre de la formation de l’ensemble des professionnels médicaux et paramédicaux.
“Les enseignements partagés ou mutualisés (centrés sur l’interdisciplinarité) ne doivent représenter qu’une part minoritaire de la totalité des unités d’enseignement à valider. Les infirmières sont majoritairement hostiles à l’idée d’une “L1 paramédicale” (…) car nous souhaitons le respect des trois filières professionnelles : soins infirmiers, médico-technique, rééducation. Nous ne souhaitons pas que certains se retrouvent dans telle filière par dépit, au vu de ses résultats scolaires. (…) Les modalités ne sont pas les mêmes, les socles des métiers ne sont pas les mêmes, les finalités ne sont pas les mêmes ! Il serait sans doute plus intéressant de renforcer dans chaque filière, l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité. Mais il faut respecter le cœur de métier”, souligne-t-il.
L’Ordre infirmier en pleine campagne d’adhésions
Du côté de l’Ordre, les ordinateurs ont tourné à plein régime pour entrer les nouvelles adhésions. Il est vrai que l’Ordre est face à un important challenge : les infirmières libérales qui désirent voter aux URPS doivent être à jour de leur adhésion pour être électeurs ou candidats.
Certes, pour inciter les infirmières à adhérer, le discours était parfois, très moralisateur, agitant le chiffon rouge mettant en avant un des rôles de l’Oni consistant éplucher les casiers judiciaire et à exclure les brebis galeuses.
Les membres du Conseil national de l’Oni ont ainsi rappelé que la publication du Code de déontologie doit intervenir avant le 31 décembre, le Conseil d’Etat ayant fixé au Gouvernement cette date ultime, sous peine d’une amende de 500 euros par jour de retard.
“L’existence de l’Ordre n’est pas remise en question par les jeunes. Ils comprennent l’intérêt dune institution qui rassemble, fédère et défend la profession”, estime Karim Mameri, secrétaire général de l’Oni.
Des jeunes et des professionnels inquiets sur leur avenir
De fait, dans les allées du salon, les jeunes (et les étudiants) étaient nettement majoritaires. “Les ateliers et conférences sont très enrichissants. Je regrette juste que certains soient juste ouverts aux diplômés ou aux libéraux”, indique Victoria, étudiante à l’IFSI de Dax. “Tous les acteurs de la profession sont présents et à l’écoute. Même si ce n’est pas un salon de recrutement, c’est aussi une opportunité de rencontrer des recruteurs”, ajoute-t-elle.
Du côté des infirmiers libéraux, l’ONSIL insiste sur le nombre de salariés qui viennent se renseigner sur la possibilité de se mettre en libéral. “le malaise dans la fonction publique hospitalière renvoit la profession vers le libéral”, estime Amador Perez, vice-président. Pourtant l’avenir de la profession libérale est en danger, selon ce syndicaliste : “J’ai l’impression que l’objectif est de nous faire rentrer dans des structures salariées. Avec la loi de santé la profession d’infirmière libérale est appelée à disparaître. En outre, le rapport de la Cour des Comptes nous diabolise”.
Un malaise qui pousse aussi des salariés du publics à se renseigner sur les opportunités dans le privé. “Nous voyons beaucoup de salariés de la fonction publique hospitalière qui viennent nous remettre des CV”, note un responsable de Korian (groupe privé d’Ehpad).
Les réponses du ministère à ce malaise sont pour l’instant inexistantes !
Cyrienne Clerc
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