Tous les 5 ans, l’ERC réactualise ses “guidelines” pour y intégrer les derniers résultats d’études menées sur la réanimation de l’arrêt cardio respiratoire (ACR). L’édition 2010 remet l’accent sur l’importance primordiale des compressions thoraciques.
Le développement de la défibrillation automatique, pour les non-médecins puis pour le grand public avait eu tendance à occulter le rôle central des compressions thoraciques dans la survie post ACR. La mise au point est faite, et quelques modifications ont été apportées à la technique.
Si le ratio 30 compressions thoraciques pour 2 insufflations reste d’actualité pour l’adulte, L’ERC préconise une fréquence d’au moins 100 compressions par minute, sans dépasser les 120. L’amplitude de celles-ci augmentent également, pour passer à “au moins 5 cm” là ou les référentiels actuels préconisent 4 à 5 cm.
L’accent est également mis sur la reconnaissance des “gasps” comme signe d’ACR dans les formations grand public, ce qui risque fort de poser un certain nombre de problèmes aux formateurs, y compris faces à des professionnels. Certains se limiteront probablement à la notion “d’absence de respiration normale” telle qu’elle est décrite dans le nouvel algorithme de RCP non médicalisée.
Des chocs électriques externes réalisés avec interruption minimale du massage cardiaque externe
On réalise d’autant mieux la volonté de l’ERC de privilégier un massage cardiaque externe (MCE) quasi ininterrompu à la lecture des principales recommandations concernant la défibrillation. Les auteurs considèrent que le temps de délivrance d’un choc ne doit pas interrompre les compressions thoraciques plus de 5 secondes. Ils proposent ainsi une réduction drastique des temps de pause pré et post choc et conseillent de continuer le massage pendant la charge du défibrillateur.
De même, chaque choc doit être immédiatement suivi d’une séquence de réanimation pulmonaire, sans perte de temps consacré à la recherche d’un pouls. Parmi les acteurs concernés, les concepteurs de défibrillateurs grands public ont un grand rôle à jouer, dans la qualité et la rapidité de l’analyse ECG, ainsi que dans la concision des messages vocaux.
Une réanimation spécialisée de l’ACR remise à jour
La réalisation précoce de l’intubation trachéale lors de la RCP spécialisée perd de son importance, toujours dans l’objectif d’un massage cardiaque externe ininterrompu, à moins que sa réalisation ne nécessite qu’une interruption minimale des compressions thoraciques. Une intubation oro trachéale sans interruption du MCE est en effet possible, mais nécessite une réelle expertise du geste. De même, l’administration d’adrénaline par voie intra trachéale en l’absence de voie veineuse n’est plus recommandé, au profit de la voie intra osseuse, actuellement en plein essor.
Vers un développement de l’hypothermie thérapeutique?
L’effet neuroprotecteur de l’hypothermie est désormais bien établi, avec notamment une diminution de la consommation en oxygène du cerveau et une réduction de l’œdème cérébral. Deux études récentes ont démontré une amélioration de l’état neurologique de patients bénéficiant d’une hypothermie thérapeutique entre 32 et 34°C après un ACR sur fibrillation ventriculaire. Le bénéfice en pédiatrie n’a en revanche pas été démontré.
Une simplification bienvenue de la formation grand publique
Depuis quelques années, la formation à destination du grand public a considérablement évoluée, devenant de plus en plus pragmatique au fur et à mesure des référentiels. Nous sommes ainsi passé de “Masser un coeur qui bat c’est tuer la victime”, à “Dans le doute, masser”, et de “la partie supérieure de la moitié inférieure du sternum” au “milieu de la poitrine”… Reste à convaincre le grand public de l’importance primordiale d’une formation, et à rappeler aux professionnels de santé (de l’ASH au médecin), qu’une réactualisation régulière de leurs compétences en matière de gestion d’un arrêt cardio respiratoire est une absolue nécessité.
Pour aller plus loin:
Guidelines 2010 (version complète, en anglais)
Synthèse des principales évolutions et schémas décisionnels (en anglais)
Thomas Duvernoy
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quel est le conseil de base , en ce qui concerne les insuflations : doivent elles etre réalisées avec une feuille filtre protectrice? ou avec un support masque? merci , car je change de clinique, et les pratiques ne me semblent pas uniformisées.me mc swiggan marylène, infirmière. mon adresse email a changée
oui tu m’étonnes surtout vu le niveau des étudiants infirmiers ou des infirmiers eux-même sur la prise en charge d’un ACR… donc bravo à Actusoins de véhiculer cela !
Toujours bon la réactualisation…
Important et intéressant effectivement