En constatant une hausse des Accidents exposants au sang (AES) chez leurs étudiants, les formateurs de l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) de Laon (Aisne), ont mis en place un enseignement dédié en faveur de la prévention des AES.
« Nous avons décidé d’instaurer ce projet car nous avons constaté qu’il y avait beaucoup d’AES chez les étudiants de l’Ifsi », explique Lysiane Boukhari, formatrice à l’Ifsi de Laon, et cadre de santé.
En 2010, sur une population de 250 étudiants répartis sur les 3 années de formations et incluant les aides-soignantes, 12 cas d’AES ont été recensés.
De plus, l’hôpital de Laon, au sein duquel les étudiants effectuent leurs stages, réalise un bilan annuel sur les AES.
« Depuis 2008, le nombre d’AES sur l’hôpital, tout professionnel confondu, était en augmentation constante avec une soixantaine de personnes concernées, précise Noëlla Fritte, également formatrice à l’Ifsi et cadre de santé. Et parmi elles, des étudiants de l’Ifsi étaient concernés. »
Travail collaboratif
En 2011, après un travail collaboratif avec le médecin et l’infirmière de santé au travail de l’hôpital, « nous avons élaboré un projet d’enseignement autour de la prévention des AES sur les trois années d’études en soins infirmiers et pour les aides soignantes, explique Noëlla Fritte. Tous les ans, il y a un renforcement des enseignements de l’année précédente avec une évaluation des pratiques professionnelles chez les étudiants. »
Cet enseignement, intégré en première année, aux unités d’enseignements « Hygiène » et « Gestion des risques », implique l’intervention du médecin et de l’infirmière de santé au travail de l’hôpital pour une partie théorique de deux heures avec un support vidéo. L’apport théorique est complété par une mise en pratique de deux heures également, par petits groupes de 20 étudiants, avec une sensibilisation à la pratique et à la prévention des AES.
L’équipe présente aux élèves les objets piquants, coupants, tranchants (OPCT) en vue des injections, l’utilisation de la seringue et de l’aiguille, et les sensibilise aux normes de bonnes pratiques avec le port de gants à usage unique, le positionnement de la boite OPCT ou DASRI à proximité du soin afin d’éviter les gestes inutiles et dangereux, et la préparation des injections sans recapuchonner l’aiguille.
Enseignement régulé
« Nous avons aussi travaillé des questionnaires d’évaluation des pratiques professionnelles des étudiants que nous leur faisons remplir après leur deuxième stage de première année, ajoute la formatrice. Nous exploitons alors les données pour savoir où mettre l’accent lors de la formation. »
L’équipe régule donc l’enseignement en fonction des pratiques des étudiants. Les questionnaires ont permis de constater que généralement l’utilisation de la boite à DASRI, le recapuchonnage ou encore la désadaptation des aiguilles à la main, sont les pratiques qui font le plus défaut chez les étudiants.
En 2013, à l’issue de l’enseignement adapté, aucun AES n’a été recensé à l’Ifsi, toutes promotions confondues. Une initiative qui porte donc ces fruits et qui a été récompensée en mai dernier par le prix Prévention-Promotion de la santé de la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH).
Laure Martin
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