La mesure numéro 40 du plan santé 2022, présenté en septembre, prévoit l’« amélioration des conditions de reclassement des aides-soignants, accédant, dans le cadre de la promotion professionnelle, au grade infirmier ». Si ses détails ne sont pas encore connus, la mesure interpelle les représentants des aides soignants. « La possibilité de passerelle entre différents métiers n’est pas inintéressante mais ce n’est pas la principale préoccupation des aides-soignants », explique Mireille Carrot, aide-soignante, et par ailleurs, membre de la direction confédérale CGT en charge du dossier politique de santé et offre de soins.
Surtout que cette mesure ne concerne qu’une frange minime d’aides-soignants. « En termes d’évolution il faut penser au-delà des aides-soignantes qui deviennent infirmières car cela représente peu d’entre elles, explique Martine Somelette, présidente du Cefiec (Comité d’entente des formations infirmières et cadres). Toutes les aides soignantes ne veulent pas devenir infirmières ».
« Toutes les aides-soignantes ne veulent pas devenir infirmières »
« La préoccupation principale des aides soignants est de pouvoir exercer leur métier dans de bonnes conditions, précise Mireille Carrot. Les aides soignantes veulent, avant tout, avoir les moyens d’exercer dans de bonnes conditions de travail, être reconnues pour leur qualification et avoir le temps d’exercer leur métier correctement ». Et de rappeler les mobilisations d’aides soignants travaillant en Ehpad de ces derniers mois. Ces professionnels ont alors alerté sur des conditions de travail délétères, ancrés dans une logique de chiffres, forcément nuisibles pour les patients. « Aujourd’hui nous sommes réduites à faire des actes. En une matinée nous devons faire manger tel nombre de personnes, faire tant de toilettes etc.», souligne la militante CGT.
Finalement, « cette mesure est un effet d’annonce qui laisse entendre que la seule façon pour une aide soignante de s’en sortir, d’avoir un meilleur salaire et une meilleure reconnaissance… serait de devenir infirmière, dénonce-t-elle. Pourtant, comme le souligne cette aide-soignante, dans la majorité des cas, ce métier est un choix, pour son aspect relationnel et moins technique que celui d’infirmière. Et beaucoup n’ont pas l’intention d’en changer. « En revanche, elles peuvent souhaiter évoluer à d’autres missions, postes, acquérir des compétences complémentaires, comme celles d’assistant soins gérontologiques, précise Martine Somelette. Pour ces évolutions là, pour les aides-soignants qui acquièrent de nouvelles compétences, il serait intéressant d’avoir une valorisation pécuniaire. Le nerf de la guerre c’est quand même la reconnaissance pécuniaire».
Alexandra Luthereau
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