L’idée est venue d’un coup du sort. Suite à un grave accident de voiture, en septembre 2011, Julien Artu, alors cadre dans l’hôtellerie, passionné de nouvelles technologies, est hospitalisé six mois.
Il en passera trois, cloué au lit. Et au bout de quelques temps, quand les visites des proches s’espacent, internet ne suffit pas à rompre l’isolement.
« Sur Facebook, les gens bossent et ne savent pas comment vous parler, à vous le malade ; sur Twitter, raconter sa vie en 140 caractères, c’est compliqué ; et les réseaux sociaux professionnels sont juste inadaptés pour échanger sauf si vous voulez changer de job ! ».
Mais pourtant, à deux chambres de la sienne, il y avait peut-être quelqu’un avec qui il aurait pu discuter. Comment entrer en contact ? L’idée taraude Julien Artu, à tel point qu’une fois rétabli, il décide de créer ce réseau social qui lui manquait.
En 2013 naissait My Hospi Friends. « C’est finalement un site de rencontre », résume l’entrepreneur. Les patients communiquent entre eux, sous pseudonymes, derrière des profils où ne sont renseignés ni l’âge, ni le sexe et encore moins la maladie du patient. Seules infos divulguées : les centres d’intérêts. Littérature, jardinage, randonnée dans le 78, gastronomie… les malades se retrouvent autour de passions partagées avec les autres patients du même hôpital. Reste quelques sujets tabous, selon la charte de My Hospi Friends : la religion, la politique et le sexe.
Réticence et modération
Le service, gratuit pour les patients, est pris en charge par l’hôpital qui se sert aussi du réseau pour communiquer avec les malades. Pour Jean Artu, tout le monde est gagnant, car « un patient occupé, est un patient moins casse-pied pour les soignants ». Il a donc défendu son projet auprès de nombreux cadres hospitaliers pendant neuf mois.
En avril 2014, il convainc un premier hôpital, l’hôpital Foch, à Suresnes, situé en région parisienne. Aujourd’hui, My Hospi Friends est déployé sur sept hôpitaux en Île de France. Les directeurs et cadres craignaient que le réseau ne s’emballe et ne devienne un lieu de règlement de compte et de diffamation sur l’hôpital. Ainsi, « la modération est assurée par la dizaine d’employés de l’entreprise », assure Julien Artu, et en six mois « nous n’avons pas eu à modérer de propos, les utilisateurs sont plutôt reconnaissants du travail du personnel hospitalier ». My Hospi Friends compte poursuivre son développement en 2015 et devrait se déployer en région, notamment en Corrèze et en Aquitaine. Julien Artu souhaite aussi établir un maillage entre les réseaux My Hospi Friends de certains hôpitaux. Le début d’une vraie communauté de patients ?
Ariane Puccini
Publié dans ActuSoins n°16
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