D’un côté, il y a les associations de patients, qui clament haut et fort qu’une forme chronique et tardive de la maladie de Lyme existe.
De l’autre, il y a l’académie nationale de médecine, qui, depuis plusieurs mois déjà, dénonce avec insistance “des assertions empiriques dénuées de toute base scientifique“, notamment l’existence d’une forme chronique de maladie de Lyme avec des “symptômes polymorphes mal définis et subjectifs“. Elle dénonce aussi “l’efficacité revendiquée de traitements prolongés associant des antibiotiques et divers médicaments“.
Entre les deux, il y a la HAS, qui, fin juin, a émis des recommandations, dans le cadre du “plan national de lutte contre la maladie de Lyme et les autres maladies transmissibles par les tiques“. Ces recommandations concernent entre autres, la forme chronique de la maladie. Celle-là même qui est niée par la médecine. D’ailleurs, la Société de pathologie infectieuse de la langue française (Spilf), qui a coprésidence le groupe de travail de la HAS, n’a pas signé le texte final de l’instance, qui définit les modalités de prise en charge des patients.
Une maladie qui divise
Les recommandations de la HAS ont un goût amer pour l’académie nationale de médecine. Par voie de presse, cette dernière met en garde les pouvoirs publics “contre la tentation de céder au chantage de groupes de pression en s’écartant des données de la science” et condamne fermement “les campagnes de désinformations menées par les prosélytes des doctrines d’une association américaine, l’ILADS (International Lyme and Associated Diseases Society)”.
Selon l’académie, le texte de la HAS, prétendant “dépasser les controverses et proposer une solution à chacun” est destiné à “contenter tout le monde” et “ne satisfait personne“. “Elle maintient l’ambiguïté, en particulier sur la notion de Lyme chronique, à travers ce qu’elle dénomme symptomatologie/syndrome persistant polymorphe après piqure de tique ou SPPT“, explique l’académie. “L’HAS reconnaît de fait implicitement l’existence d’une telle pathologie sans la moindre preuve avec, pour conséquence, des propositions de prise en charge lourde impliquant des investigations nombreuses, coûteuses et souvent inutiles“.
Quant à vouloir créer des “centres spécialisés des maladies vectorielles à tiques“, l’Académie a tenu à émettre ses “plus extrêmes réserves” sur une proposition dispendieuse qui “tend à désavouer l’expertise des services de maladies infectieuse et tropicales existants“.
Autre son de cloche côté patients. La frustration face aux recommandations de la HAS existe aussi, mais pour des raisons inverses. D’ailleurs, l’association France Lyme dénonce elle aussi des pressions, aux antipodes de celles décrites par l’académie nationale de médecine.
“Le SPILF a fait pression sur la HAS, par le biais d’une lettre secrète, estime-t-elle, pour faire changer le contenu du texte, et bloquer sa sortie officielle“. L’association souligne un “grave manquement à la démocratie sanitaire“.
Saluant dans un premier temps la reconnaissance par la HAS “de symptômes persistants et invalidants chez les malades potentiellement mordus par une tique et ayant à priori reçu une antibiothérapie bien conduite”, qui “autorise même un traitement antibiotique pour des personnes présentant une sérologie négative et/ou n’ayant pas de souvenir précis de morsure de tique, ni Erythème migrant identifié“, elle pointe ensuite des dysfonctionnements : une méthodologie qui ” a volé en éclat“, l’absence de moyens financiers “concrets” pour mettre en place “des partenariats ville-hôpital ainsi que des protocoles de recherche type PHRC (Programme hospitalier de recherche clinique)“.
Le bras de fer est loin d’être terminé.
M.S
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Et bien on a pas fini de se battre ça ne fait que commencer
Emilie Lecointe Alice Thellier