« Dans le cadre de nos enquêtes sur l’implantation des IPA à la fin de leurs études et sur les conditions de travail des salariés, plusieurs étudiants nous ont informés rencontrer des difficultés pour trouver des stages, souligne Jordan Jolys, vice-président de l’Unipa en charge des réseaux territoriaux. Et ce ne sont pas des cas isolés car parfois, plus de la moitié d’une promotion est concernée. »
Pendant leurs études, les futurs IPA doivent suivre deux stages obligatoires, l’un en Master 1 (deux mois) et l’autre en Master 2 (quatre mois). L’Unipa a donc décidé de mener une enquête1 pour connaître l’ampleur de la problématique et 47,6 % des répondants IEPA ont témoigné de difficultés rencontrées pour l’obtention des stages. Tous les secteurs d’exercice sont touchés à part égale : établissements publics (26 réponses), établissements privés (27 réponses) et secteur libéral (26 réponses).
Les causes
Donnée surprenante : 43,7 % des étudiants en Master 2 ont indiqué avoir rencontré plus de difficultés en 2023 qu’en 2022 (soit Master 1), pour obtenir un lieu de stage. « Nous pensons que le contexte législatif n’est pas étranger à la situation, avec l’examen puis le vote de la loi portant amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé, qui a conduit les médecins à refuser des stagiaires IPA principalement en libéral », analyse Jordan Jolys.
Dans les établissements hospitaliers, les difficultés sont principalement liées à la place accordée aux IPA, « les services ne voyant pas comment articuler les stages ou les missions des IPA avec leur organisation », souligne-t-il. Le manque de clarté concernant le rôle des IPA complexifie leur intégration en interrogeant sur le rôle des tuteurs.
Des difficultés opérationnelles ont également été observées avec 91 % des IEPA expliquant avoir dû trouver un lieu stage par eux-mêmes, sans l’aide des universités. Le manque de réseau des étudiants conduit aussi à des recherches menées isolément et à des difficultés pour identifier les interlocuteurs. De plus, les lieux de stage, peu nombreux, sont vite saturés au vu du nombre croissant des IEPA.
Cette situation a un retentissement psychologique sur les étudiants, qui évoquent leur « stress » face à ces difficultés, leur « anxiété » et qui sont parfois démotivés.
Une communication de masse
Face à la situation, l’Unipa revendique le déploiement d’une communication renforcée, de la part des tutelles, sur les compétences et des missions des IPA.
« Il faut une plus grande clarté du rôle des IPA à l’hôpital, car il n’existe pas de modèle hiérarchique clair et nationalisé, pointe Jordan Jolys. Chaque hôpital fait à sa manière, ce qui conduit à des inégalités de fonctionnement. »
En fonction des structures, les IPA vont dépendre du cadre de proximité, du cadre supérieur, du chef de pôle ou encore de la direction des soins. « Nous observons que plus le n+1 de l’IPA se situe à un niveau hiérarchique élevé, plus ce dernier va détenir un rôle transversal dans l’établissement, indique-t-il. Pour cette raison nous encourageons à ce que cette fonction revienne au directeur des soins. » Ce choix doit être clairement affirmé car l’absence d’indication claire sur le supérieur hiérarchique de l’IPA influence l’organisation des stages, les stagiaires étant généralement refusés.
Côté libéral, le même travail doit être mené sur les missions des IPA. De même que « deux points majeurs ont cristallisé les tensions vis-à-vis des médecins libéraux, notamment le fait de dire que les IPA étaient mieux rémunérés qu’eux et que les praticiens étaient responsables des actes des IPA, rapporte Jordan Jolys. Dans les deux cas, ces informations sont fausses et il faut le faire savoir. »
L’Unipa plaide ainsi pour l’accélération du déploiement d’une stratégie de communication de la part des instances, auprès de toutes les parties prenantes travaillant en relation directe avec les IPA à savoir les infirmiers, les médecins, les étudiants, les managers ou encore les patients.
Laure Martin
- Un questionnaire a été envoyé sur les réseaux IPA régionaux et nationaux le 17 mars 2023, une relance a été effectuée le 23 mars et il a été clos le 27 mars. 166 EIPA y ont répondu, soit 11,3 % d’entre eux. Des étudiants de 18 universités différentes ont répondu au questionnaire, soit 55 % des universités accréditées.
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