La grande enquête réalisée par le SNIA et publiée en octobre 2018 a permis de mieux saisir « le rayonnement des IADE dans les différents services », et de réaliser une « photographie précise de la profession », explique Simon Taland, le secrétaire général du syndicat. Un point commun apparaît aux infirmiers anesthésistes.
« Nous avons démontré un très fort engagement des IADE dans le parcours patient, qui ne font pas seulement le travail pour lequel ils sont rémunérés, mais participent aussi au dialogue social, à la vie de l’organisation », par exemple au sein des conseils de bloc opératoire, des comités de lutte contre la douleur ou encore des comités de sécurité transfusionnelle et hémovigilance.
Les IADE, qui ne forment que 1,4 % des effectifs infirmiers à l’échelle nationale, sont très présents dans les structures transversales, traduisant, selon Simon Taland, une « volonté d’aller au-delà, et d’avoir une voix dans les décisions, afin d’apporter une expertise. » En effet, l’étude souligne clairement « le leadership des infirmiers anesthésistes (ainsi que des cadres), notamment dans la formation du personnel, autres que les personnels infirmiers, dans les soins d’urgence. Ils ont un rôle de formation dans les IFSI, dans les centres d’enseignement des soins d’urgence, au sein même des services de réanimation. »
D’une voix commune, les IADE interrogés se prononcent « pour la possibilité d’attributions nouvelles : dans certaines anesthésies loco-régionales, pour la prescription limitée au niveau du traitement de la douleur, la participation à la consultation et visite pré-opératoire, en collaboration avec un médecin anesthésiste ». Des attributions qui sont d’autant plus pertinentes à l’heure du virage ambulatoire. « La participation à la consultation, les validations de sortie salle de réveil, ou voire un jour, éventuellement, la validation de remise à la rue seraient des missions qui entrent complètement dans nos compétences », estime Simon Taland. En somme, la profession a soif de davantage d’autonomie.
Ce dernier évoque aussi une volonté généralisée de repositionnement comme profession de statut intermédiaire dans le code de la santé publique, une avancée réglementaire très attendue qui permettrait enfin de reconnaître un statut et un salaire correspondant à leur formation bac +5 et aux responsabilités exercées.
Pour autant, ces nouveaux actes ne nécessiteraient pas « de remise en question de la supervision médicale », même si le degré de supervision resterait à définir, précise-t-il.
Des interrogations sérieuses sur l’avenir de la profession
Ces constats et revendications, Vincent Porteous, sage-femme et membre du collectif IADE de la CGT-UFMICT, les partage pour partie. « Si l’on progresse en termes d’extension de reconnaissance réglementaire, je constate que dans les années 90, comme la plupart de mes collègues je pratiquais les ALR, mais qu’on a progressivement écarté les IADE de ces pratiques, pour des raisons financières et corporatistes », regrette-t-il.
Pour lui, cette reconnaissance effective doit être reconnue statutairement.
Les chiffres de l’enquête du SNIA le fait également réagir sur d’autres points. Il constate avec dépit que « l’encadrement IADE est de moins en moins IADE, et de plus en plus réalisé par d’autres professions paramédicales ». Très attaché au statut de profession réglementée, il estime que « l’encadrement doit venir du corps. »
Côté revendications, la première d’entre elles pour la CGT-UFMICT rejoint celles du SNIA, avec « la nécessité d’une rémunération à la hauteur de nos compétences et de notre diplôme de master. Avec le blocage du point, l’érosion due à l’augmentation de la CSG, on assiste à la décroissance du pouvoir d’achat et à paupérisation de la filière soignante, cela représente une injustice pour tous mais tout particulièrement pour les IADE qui ont le plus haut niveau de formation et d’autonomie de la filière. Alors ils font des remplacements, des heures supplémentaires. Sauf que les hôpitaux ne paient plus ! Nous sommes actuellement témoin de gens en grande difficulté, en surendettement. C’est un scandale dont personne ne s’émeut », regrette-t-il.
Vincent Porteous s’inquiète aussi des déclarations de Cécile Courrèges, à la tête de la DGOS. « Dans le document ‘’Ma santé 2022’’, que signifie une redéfinition des professions de santé ?, interroge-t-il. Quid de la multicompétence dont on entend parler ? Est-ce qu’on va partir sur les infirmiers de bloc qui seront un peu IADE, un peu IBODE comme c’est le cas en Belgique ? Le directeur adjoint de l’AP-HP a parlé de tricompétences : quelle serait cette troisième compétence : le brancardage, la circulante? »
Pour l’instant, ces interrogations restent sans réponse. Tout comme celles sur la pénibilité, dont il regrette qu’elle ne soit plus appliquée aux IADE. « Les rythmes et la charge s’intensifient, le nombre de professionnels mis en invalidités aussi. Les IADE actuels ne tiendront pas jusqu’à 62 ou 65 ans. »
Delphine Bauer
Découvrez notre offre de formation spéciale IDE |
Healico : le partenaire privilégié pour le suivi des plaies des patients Trouvez facilement le traitement adapté à votre patient grâce au catalogue produits sur Healico ! Je télécharge Healico |
Soyez le premier à laisser un commentaire !