Le Burn Out vu par une jeune généraliste

Patricia Martel,  jeune médecin, vient de publier un roman/témoignage intitulé “Burn Out”. Elle y évoque ses dernières années d’internat et ses premiers remplacement de médecins généralistes. Interview:

Patricia Martel © DR

Quelle est la part d’autobiographie dans cet ouvrage?

“Il y a beaucoup de vécu dans ce roman ! Au dernier semestre de mon internat je n’ai pas bien compris ce qui m’arrivait ; je n’en pouvais plus. Je n’ai jamais entendu personne parler de burn out. Écrire m’a permis de comprendre et de mettre à jour les émotions que j’avais réprimées jusqu’alors.”

Réprimées parce que le Burn Out est encore tabou en France?

“Je crois que cela fait partie de la culture médicale de cacher que l’on va mal. Je n’ai jamais entendu personne dire qu’il avait des difficultés à faire 70 heures par semaine ou à enchaîner les gardes. Pour être médecin, c’est normal il faut passer par là…c’est culpabilisant, et au final, il semble que les médecins aillent bien plus mal que les gens qu’ils soignent…D’autant qu’aujourd’hui les exigences des patients ont changé, il y a moins de reconnaissance et des pressions énormes. Les gens ont l’illusion que l’on doit pouvoir tout soigner…”

Vous évoquez ce que l’on appelle la “nouvelle gouvernance” de l’hôpital comme facteur de malaise…

“Aujourd’hui l’hôpital doit faire du chiffre comme une entreprise; résultat : des postes de soignants sont supprimés dans les services non rentables, et un nouveau système de cotation des actes a été mis en place. Les actes qui sont valorisés sont souvent des actes techniques qui ne prennent pas bien en compte l’énergie et le temps passé pour réellement prendre en charge les patients. Ces nouvelles lois pénalisent les plus humains au profit des techniciens. C’est l’ensemble du personnel hospitalier qui est aujourd’hui en souffrance : aides soignants, infirmiers, médecins ; ils ont fait ce métier pour aider les autres, et au final, ils ont la sensation de ne pas pouvoir faire ce qu’ils avaient choisi”

Burn out de Patricia Martel, éditions Atlantica

Propos recueillis par Thomas Duvernoy