Infirmiers libéraux en centre de vaccination : un exercice inédit du métier

Infirmiers libéraux en centre de vaccination : un exercice inédit du métier

Les centres de vaccination contre le Covid (mais aussi, dans une moindre mesure, les centres de dépistage) fonctionnent notamment grâce à des infirmiers et infirmières, en particulier des libéraux. Si l'aspect financier a pu séduire certains Idel au début, beaucoup apprécient une organisation du travail, souple et en équipe, au service d'une mission de santé publique.
Infirmiers libéraux en centre de vaccination : un exercice inédit du métier
© ShutterStock

Le centre de vaccination que coordonne Thierry Pechey, infirmier libéral, président d’une équipe de soins primaire (ESP) et vice-président d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) en Meurthe et Moselle, fonctionne avec 40% de libéraux, 40% d’IDE salariés du public ou du privé, qui réalisent des vacations sur leurs congés ou leurs jours de repos et de plus en plus de retraités (environ 20%).

Des étudiants en soins infirmiers viennent également se greffer pendant leurs vacances ou pour effectuer leur service sanitaire.

Un seul des 200 infirmiers qui vaccinent dans ce centre est un ancien salarié qui a quitté l’hôpital.

Dans celui que Julietaj Chang, Idel elle aussi, coordonne au Havre au nom de la CPTS dont elle est vice-présidente, les professionnels libéraux sont privilégiés. « Surtout les titulaires et pas des remplaçants en priorité car les titulaires sont fatigués et ont du mal à trouver des remplaçants. » Des salariés et des retraités complètement les effectifs.

Beaucoup de libéraux

Durant les premiers mois de la vaccination, Thierry Pechey a vacciné mais la montée en puissance de la vaccination l’a conduit à se consacrer plutôt aux missions de coordination, d’autant que la taille du centre a augmenté (jusqu’à 2000 vaccinations par jour). « J’ai réduit mon activité libérale de 80% », confie Thierry Pecheyl.

Une disposition de la loi sur l’état d’urgence sanitaire permet en effet aux Idel de prendre un remplaçant pour ce type de motif.

Un financement de l’ARS permet de rétribuer le temps passé en coordination… sans pour autant maintenir le niveau de revenu de l’Idel. « Mais c’est un choix, poursuit-il. On ne pensait pas que cela allait durer aussi longtemps… Heureusement, ma femme, qui est aussi infirmière, comprend. »

Outre la satisfaction de participer à une mission de santé publique et de démontrer la pertinence des compétences des IDE dans ces opérations, il apprécie de « travailler en équipe mêlant des hospitaliers, des libéraux, des retraités, des étudiants ».

Johanna, Idel dans le Rhône, qui a travaillé dans des centres de vaccination pendant plusieurs mois sur ses jours de repos, partage cette observation. « Il y avait toujours une bonne ambiance, confirme-t-elle. Et puis ça changeait de nos habitudes, on n’est jamais toute seule, on rencontre d’autres infirmiers, des médecins… C’est un mode de travail très sympa ! Contrairement au libéral où on voit toujours les mêmes patients, là, pendant un petit moment, on rencontre plein de gens. Certains ont besoin d’échanger, de conseils, d’accompagnement. Un vrai travail d’éducation peut se faire. »

Bonne ambiance de travail

Margot, infirmière libérale depuis peu, apprécie beaucoup, elle aussi, l’esprit d’équipe des soignants du centre de vaccination ou elle effectue des vacations depuis novembre dernier.

Elle y a retrouvé « plein d’anciens collègues » de l’hôpital qu’elle a quitté, des connaissances de la ville, et elle y a rencontré d’autres professionnels de santé ainsi que des bénévoles.

Contrairement à ce qu’elle a connu à l’hôpital, qu’elle a choisi de quitter, ils peuvent échanger, passer des moments conviviaux ensemble entre deux séquences de vaccination… « Il y a une bonne très ambiance, ça me motive à y aller », témoigne-t-elle.

Elle apprécie aussi de pouvoir travailler quand elle veut (trois fois six heures par semaine, une semaine sur deux) et les horaires beaucoup plus compatibles avec la vie de famille….

L’aspect financier a aussi joué dans la décision de Margot de s’investir dans la vaccination. Libérale en collaboration depuis peu, elle devait déjà payer des factures avant la fin 2021 et cherchait à travailler une semaine sur deux…

A ce moment, les vacations en centre de vaccination des Idel étaient payées 55€ de l’heure. Mieux que des vacations à l’hôpital.

Elle y retournera peut-être plus tard. Aujourd’hui, les IDEL en centre de vaccination sont payées 42€ de l’heure « mais depuis que j’ai goûté au centre de vaccination, admet-elle, je suis contente d’y aller ».

Géraldine Langlois

 

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