En Essonne : des IPA et des médecins traitants alternent leurs passages auprès des patients âgés

En Essonne : des IPA et des médecins traitants alternent leurs passages auprès des patients âgés

Depuis le mois de mai, Virginie Trumeau, infirmière en pratique avancée (IPA) à Savigny-sur-Orge (Essonne), mène des consultations en alternance avec des médecins généralistes, auprès de personnes âgées dépendantes. Une collaboration efficace pour tous.
En Essonne : des IPA et des médecins traitants alternent leurs passages auprès des patients âgés
© Khakimullin Aleksandr / ShutterStock

« Le cœur de métier de l’IPA est de travailler en collaboration avec les médecins », rappelle Virginie Trumeau, IPA Asalée au sein de la Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) de Savigny-sur-Orge.

Sous protocole d’organisation avec trois médecins généralistes de la structure, elle intervient en alternance auprès d’une trentaine de leurs patients résidant en Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Ce travail en binôme libère du temps aux médecins, et « désormais, ils acceptent de prendre davantage de patients en Ehpad, en tant que médecin traitant », indique-t-elle.

Création de nouveaux liens

Le protocole est bien rodé : lors de la première visite, l’IPA se rend au chevet du patient avec le médecin, afin de lui présenter la démarche.

Ensuite, le généraliste n’assure qu’une seule consultation par an, sauf en cas de problème aigu. Le reste du temps, l’IPA réalise le suivi tous les mois et demi. Ces patients âgés souffrent généralement de poly-morbidités : hypertension, diabète, problèmes cardiovasculaires voire cognitifs pour certains.

« Plus on les voit régulièrement, moins ils vont avoir besoin de nous car nous pouvons rapidement résoudre les problématiques de santé qu’ils rencontrent », témoigne Virginie Trumeau. A la moindre urgence rencontrée lors de la consultation, l’IPA peut solliciter le médecin pour un échange téléphonique, une téléconsultation, une visite. « Tout est mis en œuvre, en coordination, pour gérer l’urgence », ajoute-t-elle.

Cette nouvelle organisation a permis aux infirmiers et aux médecins de nouer des liens avec les équipes des Ehpad. « Depuis six mois, nous observons une différence dans nos rapports, se félicite l’IPA. Nous travaillons désormais en collaboration, nous coconstruisons les parcours des patients, nous prenons le temps d’échanger. »

De même qu’aujourd’hui, les équipes des Ehpad n’hésitent plus à appeler l’IPA si un patient rencontre une problématique. « Elles savent que je peux rapidement faire le lien avec le médecin », précise Virginie Trumeau.

Côté patients, si ceux présentant des troubles cognitifs ne se rendent pas nécessairement compte de la nouvelle organisation, les autres sont satisfaits et rassurés de voir leur médecin lorsqu’ils ont des problèmes aigus. « Quant à moi, je suis une plus-value pour eux, indique l’IPA. Ils se rendent compte que mon intervention diffère de celle du médecin. »

La prise en charge qu’elle propose est holistique, elle s’attache donc à répondre aux problématiques bio-psycho-sociales, afin d’assurer une coordination globale des parcours. « Mais je connais aussi mes limites notamment du point de vue social, assure-t-elle. Je peux donc démêler une situation complexe tout en activant mon réseau si nécessaire. »

L’élaboration d’un protocole territorial

Avec une IPA exerçant dans la MSP d’une commune voisine (Paray-Vieille-Poste) et assurant le même type de consultations en Ehpad, Virginie Trumeau cherche à territorialiser leur approche.

Soutenues par la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Hygie Nord-Essonne, elles expérimentent un protocole depuis le mois de mai. « Nous avons choisi un Ehpad au sein duquel nous intervenons le même jour car nos médecins respectifs y ont des patients, raconte-t-elle. Nous assurons alors la consultation en binôme auprès de tous les patients. »

Et de poursuivre : « Pour l’Ehpad, c’est bénéfique d’un point de vue organisationnel. Quant à nous, nous pouvons ainsi apprendre l’une de l’autre car comme nous n’avons pas suivi la même formation, nous n’avons ni la même approche, ni la même expertise du métier. »

A l’issue de cette expérimentation – dont la durée n’est pas encore déterminée – elles analyseront la meilleure organisation. « Notre objectif est également de promouvoir notre rôle en tant qu’IPA en constituant une équipe mobile d’IPA sur le territoire, fait savoir l’infirmière. Ce serait aussi un moyen de convaincre les médecins de travailler avec nous, car ils sont encore nombreux à ne pas connaître notre travail et notre champ d’intervention. »

Laure Martin

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