Comme le rappelle l’étude de l’Irdes, l’ensemble des Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), qu’ils soient publics, privés lucratifs ou non lucratifs, reçoivent des financements de l’Assurance maladie et du département pour assurer les soins des seniors qu’ils hébergent.
Ces paiements permettent principalement le financement des soins infirmiers et du personnel intervenant auprès des personnes hébergées. Si certains établissements bénéficient d’un financement global des soins par l’Assurance maladie pour rémunérer en interne les médecins généralistes, dans la majorité des Ehpad, les médecins libéraux en ville assurent la prescription et le suivi des soins médicaux des résidents, directement payés par le résident via la carte vitale.
Le niveau de médicalisation des Ehpad est ainsi relativement faible et la prise en charge des résidents dans les Ehpad fait intervenir divers acteurs ayant des modes de régulation et de financement différents : l’établissement et son personnel, les médecins libéraux et l’hôpital. De leur côté, les équipes d’Hospitalisation à domicile (HAD) fournissent les ressources médicales et techniques nécessaires pour réaliser certains soins de nature hospitalière directement dans l’établissement.
L’objet de cette récente étude de l’Irdes est justement d’examiner l’impact de l’intervention de ces équipes d’HAD sur le recours et les dépenses hospitalières des résidents.
Une participation à l’amélioration des prises en charge
Autorisées en Ehpad depuis 2007, les équipes d’HAD sont le plus souvent composées d’un médecin coordonnateur, d’une infirmière coordonnatrice, d’une infirmière et d’une assistante sociale. Leur intervention en Ehpad requiert une coordination étroite des acteurs : le médecin traitant du résident ou hospitalier prescripteur, l’HAD et l’Ehpad, ces deux derniers devant préalablement avoir signé une convention de partenariat définissant les responsabilités de chacun. Si cette interaction entre des professionnels de soins de plusieurs secteurs, généralement cloisonnés, peut être coûteuse, elle peut aussi permettre d’améliorer la coordination et la qualité des soins.
Cependant, le recours à l’HAD est encore peu fréquent. Certes, le nombre d’admissions en HAD des résidents d’Ehpad par semestre a presque doublé entre 2015 et 2017, passant de 0,5 admission par semestre pour 100 résidents à 0,9 admission. Mais le recours à l’HAD en Ehpad reste beaucoup moins fréquent que les hospitalisations classiques.
Pourtant, d’après les auteurs de l’étude, l’HAD contribue à l’amélioration de la qualité de prise en charge des résidents en Ehpad, et ce de différentes manières. Tout d’abord, assurer des soins fournis habituellement à l’hôpital par des soins hospitaliers réalisés en Ehpad via les aux équipes d’HAD permet de réduire le risque de détérioration physique et psychique des résidents en raison d’un transfert à l’hôpital.
Par ailleurs, l’intervention de l’HAD permet aussi d’éviter des passages aux urgences, non suivis d’hospitalisation, du fait de l’expertise médicale coordonnée imposée dans le cadre de l’HAD. Enfin, en permettant d’augmenter le recours aux soins palliatifs, l’HAD améliore la qualité de fin de vie des résidents.
Ces améliorations de la prise en charge sanitaire des résidents s’accompagnent de dépenses totales plus faibles par résident. L’HAD en Ehpad apparaît donc comme un outil pouvant améliorer l’efficience des soins.
Adapter les financements
Pour autant, l’enquête de l’Irdes pointe que l’HAD ne peut pas combler à elle-seule le manque de personnel et de compétences médicales en Ehpad.
De plus, faire reposer sur l’HAD des soins essentiels et courants, tels que les pansements complexes et les soins palliatifs, serait « inéquitable » car tous les établissements et tous les résidents ne pourraient pas accéder à ces soins.
Les résultats soulignent ainsi la nécessité de reconsidérer le niveau de financement approprié et les compétences internes nécessaires pour assurer les besoins de soins courants en Ehpad, tout en poursuivant la coordination avec les équipes hospitalières d’HAD afin de préserver l’état de santé des résidents, de réduire les hospitalisations et de répondre à l’ensemble de leurs besoins de soins, notamment en fin de vie.
Laure Martin
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