Education thérapeutique : une coopération médecins-infirmières qui fonctionne

Dans le cadre d’expérimentations sur la coopération entre les professionnels de santé, l’association Asalée (Action de santé libérale en équipe) développe une collaboration entre des médecins généralistes libéraux et des Infirmières déléguées à la santé publique (IDSP) titulaires de nouvelles missions.

Marie-Hélène Bréchoire, l’une des deux premières IDSP © DR

L’expérimentation a commencé il y a cinq ans dans les Deux-Sèvres, avec deux infirmières. Elles sont maintenant une vingtaine à œuvrer dans quatre régions (Poitou-Charentes, Rhône-Alpes, Lorraine, Bourgogne). Cette initiative consiste en l’élaboration d’un parcours de prévention pour le patient, piloté par un médecin généraliste libéral en collaboration avec une IDSP salariée de l’association Asalée qui intervient dans plusieurs cabinets médicaux.

Une prise en charge conjointe

La prise en charge du patient répond à des protocoles bien définis, suivant les recommandations de la Haute autorité de santé. Et pour accomplir leurs nouvelles missions, les IDSP bénéficient d’une formation à l’Ifsi de Niort.

Avec à leur disposition un local et un outil informatique, les IDSP travaillent « avec la patientèle du médecin traitant, explique Marie-Hélène Bréchoire, l’une des deux premières infirmières Asalée de l’expérimentation. Le médecin suggère au patient, au vue de son état de santé, de s’entretenir avec nous gratuitement afin d’améliorer son état. » L’infirmière intervient auprès du patient essentiellement pour faire de la prévention sur les facteurs de risques cardiovasculaires, pour le dépistage de certains cancers, et pour l’éducation thérapeutique des patients diabétiques et hypertendus. « Les médecins n’ont pas le temps de faire de l’éducation thérapeutique, souligne le Dr Jean Gautier, président de l’association Asalée. Cela ne les dérange pas que ce soit fait par une infirmière. »

Lors du premier rendez-vous, l’IDSP dresse un bilan sur la façon de vivre du patient et sur les connaissances qu’il a de sa maladie. D’autres rendez-vous suivent ensuite afin de définir des objectifs précis et abordables en terme de perte de poids, d’alimentation, d’activité physique, etc.

Des patients satisfaits

Que pensent les patients d’une telle initiative ? « C’est variable, indique Marie-Hélène Bréchoire. Certains adhèrent complètement alors que d’autres non. » L’un des points forts du dispositif : « Les IDSP peuvent consacrer plus de temps aux patients que le médecin », constate-t-elle, ravie de prendre part à cette expérimentation. Les patients apprécient d’expliquer leur problème à une autre personne que le médecin ; ils peuvent se confier à l’infirmière différemment. Ils sont aussi satisfaits de la collaboration entre les médecins et l’infirmière, qui donne lieu à une prise en charge complète. Le travail collaboratif entre les deux professionnels se manifeste par un échange régulier d’informations sur le cas des patients. Les infirmières doivent cependant rappeler de temps à autre aux médecins de leur envoyer des patients. « Ils ont l’habitude de travailler seuls, observe Marie-Hélène Bréchoire. Avec l’IDSP, leur méthode de travail change, mais cette coopération les amène à être plus rigoureux dans le suivi de leurs patients. »

Un travail informatique

L’IDSP consacre également une grande partie de son temps à examiner les dossiers médicaux des patients afin de repérer ceux éligibles aux protocoles et pouvant bénéficier de ses services. Elle a accès aux dossiers informatisés des généralistes au sein desquels elle inscrit les comptes rendus des consultations et y dépose des alertes à l’attention du médecin. L’infirmière effectue en effet des recherches dans les dossiers en fonction d’une population ciblée, par exemple lorsque la date de la mammographie d’une patiente est dépassée ou celle des bilans biologiques. « Notre travail informatique est très important pour les patients mais aussi pour l’évaluation de notre collaboration actuellement expérimentale », rapporte Marie-Hélène Bréchoire. « Pour le moment le bilan de l’expérimentation est positif, nous espérons la pérenniser et l’étendre », annonce le Dr Jean Gautier.  Mais si à l’origine, le projet a été financé par l’Union régionale des médecins libéraux de Poitou-Charentes puis par le Fonds d’aide à la qualité des soins de ville (FAQSV) devenu le Fonds d’Intervention de la qualité et de la coordination des soins (FIQCS), le problème réside dans le fait que les financements doivent être redemandés chaque année. « Il appartient maintenant aux pouvoirs publics de nous dire si nous passons du stade expérimental à la concrétisation », conclut le médecin.

Laure Martin

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