Dès octobre, les infirmiers au premier rang pour les rendez-vous de prévention

Dès octobre, les infirmiers au premier rang pour les rendez-vous de prévention

Les personnes de 45-50 ans vont être les premières à pouvoir bénéficier, dès le mois d’octobre, des rendez-vous de prévention proposés et pris en charge par l’Assurance maladie. Aux côtés des médecins, des pharmaciens et des sages-femmes, les infirmiers sont en première ligne pour mener ces rendez-vous. Le point avec John Pinte, président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).
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Comment sont organisés les rendez-vous prévention ?

Ce rendez-vous « prévention » bientôt ouvert aux 45-50 ans, et prochainement au 18-25 ans, 60-65 ans et 70-75 ans, ne relève pas de la prescription. Il appartient donc à l’usager du système de santé, de solliciter l’un des quatre professionnels de santé de son choix, pour organiser ce rendez-vous.

Bien entendu, ces professionnels, qui suivent plus ou moins régulièrement des patients, pourront également leur suggérer ce rendez-vous de prévention. Les patients chroniques, vus régulièrement par leur professionnel de santé, sont aussi concernés par ce rendez-vous. Il permet d’avoir une vision plus globale de sa santé, et éventuellement de détecter des problématiques qui n’ont pas de liens avec leurs pathologies déjà connues.

 

Quels sont les objectifs de ces rendez-vous ?

Pour les quatre professions, la description du déroulé du rendez-vous est identique, même si nous supposons que les médecins auront une orientation plus rapidement médicale. Globalement, l’objectif est de discuter de l’alimentation, de la sexualité, de l’activité physique, des addictions ou encore du bien-être.

Des fiches sont mises à disposition des professionnels pour une bonne orientation de l’entretien et ainsi bien détecter les problématiques.

En amont du rendez-vous, la personne pourra remplir une auto-évaluation et la présenter au professionnel de santé. Après un temps d’échange, ils devront co-construire un projet personnalisé de prévention.

 

Un suivi est-il prévu dans le cadre de ces rendez-vous ?

C’est toute la problématique. Certes, nous sommes très satisfaits de cette avancée car ce rendez-vous permet une orientation. Il représente un coût pour l’Assurance maladie, et nous le comprenons. Pour autant, nous ne pouvons pas nous en satisfaire, notamment parce qu’aucun suivi, ni aucune alerte ne sont prévus. C’est ce que nous regrettons. Nous souhaiterions donc que le dispositif puisse évoluer de manière régulière.

 

Comment l’infirmier libéral va-t-il pouvoir s’organiser pour répondre aux demandes de la population ?

Tout va dépendre de l’organisation de chaque cabinet, mais il est plutôt évident que ce rendez-vous ne peut pas avoir lieu pendant la tournée. Souvent, les infirmiers libéraux ont des créneaux disponibles l’après-midi, entre la tournée du matin et celle du soir. Ils peuvent prévoir de fixer les rendez-vous à ce moment-là, sinon, lors de journées de travail supplémentaires.

En aucun cas, ils n’ont l’obligation d’assurer ces rendez-vous, qui repose sur le volontariat. Néanmoins, nous espérons que la profession va s’en emparer car les infirmiers sont déjà attentifs à ces aspects de prévention. Nous y sommes formés, nous effectuons beaucoup d’éducation à la santé auprès de la population. De même que notre façon de travailler, notre proximité, peuvent être un plus pour les patients. Notre discours est souvent différent de celui du médecin, davantage dans le diagnostic ou la recherche d’une pathologie.

C’est d’ailleurs un point d’attention : dans le cadre de ce rendez-vous, les infirmiers vont pouvoir détecter, dépister et faire de l’information ou de la réorientation vers des professionnels pour la prise en charge du patient. Ils vont très certainement avoir envie d’en faire plus, mais ils devront au maximum se limiter à ses actions, notamment au regard de la cotation de ce rendez-vous.

 

Qu’en est-il de la rémunération ?

Le rendez-vous de 30/40 minutes est rémunéré 30 euros, pour toutes les professions. Dans un premier temps, nous estimions que cette rémunération était juste. Mais depuis le PPP a été ajouté à ce rendez-vous. Son remplissage prend environ 20 minutes, ce qui ne laisse que 10 à 20 minutes pour balayer toutes les thématiques. C’est peu. La durée du rendez-vous risque probablement d’être plus longue, et de fait, la rémunération devient insuffisante. Dans ce domaine aussi nous espérons une évolution.

 

Propos recueillis par Laure Martin

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