Avec son approche catégorielle de la maladie mentale, le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) est critiqué par une grande partie des psychiatres français. Lesquels estiment que la grille de lecture consiste à ranger les patients dans des cases, sans tenir compte de leur environnement.
« La psychiatrie n’est pas une médecine conventionnelle. Lorsque l’on traite un patient, il faut toujours prendre en considération son contexte socio-professionnel, personnel et familial. Le DSM ne propose pas cette approche. Il se contente de décrire des symptômes de façon extrêmement grossière puis propose un diagnostic », explique le Dr Michel Botbol, pédopsychiatre et secrétaire général de l’Association Française de Psychiatrie.
Même son de cloche du côté de la presse professionnelle. La revue indépendante Prescrire* accuse même le DSM V – dont la parution est prévue l’an prochain – de proposer de nouveaux diagnostics « inutiles et dangereux », une « vision étriquée de spécialistes » ainsi que des « seuils diagnostics très abaissés ».
Elle évoque entre autres « une médicalisation de l’existence et des émotions ». Ce qui favoriserait l’industrie pharmaceutique et les lobbys. « Les nouveaux diagnostics ont tous pour effet d’augmenter le nombre de malades et donc de personnes à traiter. C’est une excellente classification si vous êtes producteurs de médicaments », ironise le Dr Botbol, confirmant la théorie de la revue.
Cette opinion est également partagée par certaines associations de patients. « Pour nous, le DSM est le summum du technocratisme psychiatrique et de l’inhumanité psychiatrique. L’application mécanique de cette grille de lecture conduit à des traitements inadaptés ou inutiles, voire même à des internements abusifs », estime André Bitton, du Cercle de Réflexion et de Proposition d’Actions sur la psychiatrie.
Avec modération
Le Pr Julien-Daniel Guelfi coordonne depuis plusieurs années la traduction du DSM. Partisan de cette classification, il tempère les propos de ses adversaires. Pour lui, le manuel reste un outil utile qui offre une grille de lecture cohérente. « Il représente un langage commun de base sur lequel tout le monde pourrait se mettre d’accord. Les détracteurs du DSM V ou du DSM en général, pensent que ce manuel remplace la nosographie psychiatrique. Or, il n’a pas cette prétention. Il n’a pas été conçu pour s’en servir de manière isolée», explique-t-il.
A l’évocation du lobby pharmaceutique, il mesure son discours.« Tout dépend de l’utilisation que l’on fait du DSM. À aucun moment le manuel n’impose tel ou tel traitement. Ces reproches sont purement hypothétiques ». Le DSM V est actuellement en préparation et en développement. À ce jour rien n’est figé. L’Association Américaine de Psychiatrie – éditrice du manuel – prend en compte les remarques et les critiques des professionnels avant de publier sa version officielle.
Malika Surbled
* Editorial de la revue Prescrire « DSM V: Au fou ! », sept 2010.
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