
Cette mesure « conduira à une réduction des effectifs avec des indemnités de chômage à payer aux agents dont le contrat de travail n’aura pas été reconduit », précise le directeur dans le procès-verbal du conseil de surveillance du 18 janvier 2018, que nous avons pu consulter. Objectif affiché : combler un déficit de près d’un million d’euros, sur cet hôpital d’environ 224 lits, qui aurait été ramené à 450 000 euros grâce à une enveloppe exceptionnelle de l’Agence régionale de santé (ARS).
Absence de dialogue
Pour tenter une sortie de crise, la CFDT a soumis, il y a une quinzaine de jours, un référendum sur des journées de 7h48. « 30 % des soignants présents ont voté oui », indique Christine Di Nardo.
Les grévistes refusent ces changements, tant qu’une réflexion approfondie sur l’activité de l’établissement n’aura pas été engagée. Car si la question des horaires a mis le feu aux poudres, le conflit repose sur des causes multiples. Ces annonces sont intervenues dans un contexte social déjà fragile.
Des soignants rapportent une absence de dialogue de la part de leur direction. « Elle ne nous parle pas, on ne s’intéresse pas à nos conditions de travail », estime Samantha*, infirmière dans l’établissement.
Tout commence en 2014 quand la direction entame la réflexion sur le temps de travail. Après deux ans et demi et plusieurs grèves locales, les négociations s’interrompent en 2017. Suivent alors « six mois de climat délétère. Il y avait des rumeurs sur le changement d’horaires… » Jusqu’à l’annonce subite, début février dernier, d’une modification des plannings, et ce dès le 1er avril. « Notre cadre a été chargée de nous le dire en une phrase, poursuit Samantha. C’est la façon dont cela s’est fait qui nous choque. On ne comprend pas. »
Mauvaise gestion
Or, l’intersyndicale dénonce une mauvaise gestion des lits et du personnel. Notamment dans le service de médecine. « Chaque jour qui passe dans ce secteur agrandit le déficit », alerte Lucie Bel, de la CGT. Des demandes d’admissions seraient en effet refusées, en dépit de lits vacants. « Depuis des années, on entend dire que l’ARS veut donner ces lits à la clinique privée voisine. Notre hiérarchie nous fait culpabiliser en disant qu’ils vont être supprimés si on ne travaille pas assez. Mais nous n’y pouvons rien si le service n’est pas rempli », déplore Samantha.
Egalement mises en cause, des missions seraient inadéquates. « Quand notre service n’est pas plein, on nous enlève l’aide-soignante « de pont », chargée de l’hôtellerie et travaillant entre 7h-13h, puis 17h-19h, poursuit la salariée. Les agents de service hospitalier (ASH) partant à 16h30, les infirmières se retrouvent à servir les repas et faire la plonge le soir. » Plus étonnant, des ASH feraient fonction d’aides-soignantes. « Elles doivent faire les toilettes. On ne travaille pas en sécurité. Et cela crée une surcharge de travail pour les infirmiers. »
Vers une grève de la faim ?
L’intersyndicale réclame une expertise, « service par service, personnel par personnel », insiste Lucie Bel. Elle a aussi demandé l’intervention de la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn, dans un courrier du 22 mars. Une pétition, diffusée auprès de la population locale, a recueilli plus de 3 500 signatures fin mars. Une cagnotte a également été lancée sur Leetchi.com, pour soutenir les grévistes. Un CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) extraordinaire a été convoqué pour le 5 avril. L’intersyndicale brandit déjà la possibilité d’une grève de la faim, en fonction de ses conclusions.
Emilie Lay
*Le prénom a été modifié
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