Profession infirmière en mutation : quatre questions à Brigitte Feuillebois, conseillère experte des professions paramédicales

Experte des professions paramédicales, Brigitte Feuillebois conseille les plus hautes instances. Une des priorités, de son point de vue, est de modifier le code de la santé publique, pour une définition plus adaptée de la profession infirmière.

ActuSoins consacre une série de trois articles à Brigitte Feuillebois, conseillère experte des professions paramédicales au ministère de la santé et représentante des infirmiers au niveau européen. 

Lire aussi, sur ActuSoins.com : 

Volet 1 :  Brigitte Feuillebois, une experte pour représenter les infirmiers

Volet 3 - Brigitte Feuillebois : un parcours chargé de sens

Brigitte Feuillebois, conseillère experte des professions paramédicales au ministère de la santé © M.S / ActuSoins

ActuSoins -  Vous œuvrez pour une transformation de la profession en passant par une modification du code de la santé publique. Quel est l’enjeu ?

Brigitte Feuillebois - La profession infirmière est définie actuellement par des listes de tâches et de compétences. La pratique infirmière se construit ainsi majoritairement autour du rôle prescrit.

Cette écriture nous enferme dans un rôle perçu de « technicien du soin médical » plutôt que de professionnel du soin infirmier qui a un rôle propre et qui peut être porteur d’initiatives et de décisions.

Les infirmiers devraient ainsi pouvoir être identifiés comme étant des ressources sur les champs qui sont les leurs : prévention, promotion de la santé, éducation thérapeutique, consultation de suivi…

Il faudrait donc faire en sorte que la traduction juridique de notre métier réponde plus exactement aux activités actuelles du terrain, mais aussi aux activités qui seront les nôtres dans l’avenir.

Comment procéder pour cette réécriture ?

Si l’on prend en compte les évolutions attendues pour demain, ce n’est pas une mince affaire !

Concrètement, il faudrait partir du travail concret et délimiter ce qui relève du métier socle, des spécialités, de la pratique avancée, telles que ces fonctions sont pratiquées…

Il faudrait aussi déterminer ce qui doit faire l’objet d’une évolution et ce qui doit rester ainsi. En ce qui concerne la vision prospective, nous pouvons aussi nous inspirer des activités dérogatoires des protocoles de coopération. Il faudra évidemment veiller à ne pas créer de confusion sur le rôle de chacun !

Qu’est-ce que la « gradation des compétences » qui serait, selon vous, une possibilité pour les infirmiers du système de santé de demain ?

C’est un schéma universitaire qui prendrait en compte les spécialités, comme aujourd’hui, mais aussi les expertises.

On aurait donc un métier socle accessible en 3 ans d’études universitaires, qui permettrait d’exercer, comme aujourd’hui, dans presque tous les domaines du soin, une option d’une année supplémentaire - soit 4 ans d’études au total - qui donnerait une « expertise » à l’infirmier et enfin les spécialités de niveau master, la pratique avancée et, je l’espère, le doctorat en sciences infirmières.

L’option d’un an concernerait des champs qui nécessitent des connaissances que l’on n’a pas le temps d’approfondir en formation initiale : santé au travail, médecine scolaire, milieu carcéral, psychiatrie, plaies et cicatrisation…

Des diplômes universitaires pour les champs que vous citez existent déjà…

En effet ! Le problème, c’est qu’ils ne sont pas reconnus, ni académiquement (ils ne donnent pas ou peu de crédits ECTS nécessaires à la poursuite d’un parcours universitaire), ni financièrement !

L’idée de la quatrième année est de créer des options capitalisables dans un cursus académique, qui soient valorisables sur le plan salarial mais aussi dans la trajectoire professionnelle.

Ces options pourraient aussi être des premiers leviers pour arriver en master en pratique avancée ou dans une spécialité. Ces enseignements seraient conformes au modèle académique attendu pour l’entrée en master, ce qui n’est pas le cas des DU actuellement.

M.S

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Réactions

1 réponse pour “Profession infirmière en mutation : quatre questions à Brigitte Feuillebois, conseillère experte des professions paramédicales”

  1. Ans dit :

    Bravo, à Brigitte Feuillebois pour parler des maltrances globales donc institutionnelles , et par voie de consequences des infirmieres dans l’exercise de leur fonction .

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