Covid long : quand les symptômes persistent

Essoufflement, troubles de l’attention, problèmes de concentration, perte de mémoire, anxiété associée sont quelques-uns des symptômes ressentis par les patients touchés par le Covid long ou Symptôme prolongé après Covid (SPAC). Pour une prise en charge optimale, ils doivent faire l’objet d’un bilan, avant de bénéficier si nécessaire d’une rééducation adaptée.

actusoins magazine pour infirmière infirmier libéralCet article fait partie de la "Une" portant sur le Covid long, du n°45 d'ActuSoins Magazine (juin-juillet-août 2022).

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À l'hôpital Foch, test d'effort dans le cadre des bilans Covid long

À l'hôpital Foch, test d'effort dans le cadre des bilans Covid long, les patients sont notamment pesés avec une balance à impédancemètre et réalisent un test d'effort sur un vélo d'appartement pour obtenir des paramètres cardiaques et respiratoires. © Hôpital Foch

D’après l’Assurance maladie, la persistance de symptômes après les premières manifestations de Covid-19 a été décrite chez plus de 20 % des patients après cinq semaines et chez plus de 10 % des patients après trois mois, soit environ 700 000 personnes en France.

Parmi eux, environ 10 % se trouveront dans une situation dite « complexe », du fait des conséquences directes de la maladie elle-même et/ou de leur situation personnelle.

Des bilans pour une prise en charge optimisée

La majorité des patients concernés par un Covid peuvent être pris en charge par leur médecin généraliste, si besoin avec l’aide de professionnels paramédicaux (kinésithérapeutes, orthophonistes…).

Néanmoins, si le patient se trouve dans une situation plus complexe, nécessitant plusieurs interventions coordonnées ou s’il est confronté à des problématiques médico-psycho-sociales cumulées, le médecin traitant ou les autres professionnels peuvent être aidés par l’une des 130 cellules d’appui et de coordination Covid long, départementales, afin de trouver une solution de prise en charge.

Joignables par les professionnels, les patients et les aidants, elles sont portées par les Dispositifs d'appui à la coordination (DAC) et aident à la coordination des évaluations et des examens complémentaires des patients complexes, ainsi qu’à la planification et l’organisation des interventions et rééducations.

L’hôpital Foch, situé à Suresnes (Hauts-de-Seine), labélisé Médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) propose une prise en charge aux patients souffrant de symptômes persistants de plus d’un mois et limitant leur vie quotidienne. Depuis juin 2020, l’hôpital met à disposition une plateforme de télé-expertise et d’orientation dédiée.

Après avoir reçu le dossier complet du patient, l’un des médecins spécialistes de l’hôpital, impliqués dans le suivi des séquelles de la Covid, analyse le dossier sous quinzaine et répond au médecin traitant via l’application. Il peut alors transmettre à son patient l’avis de l’équipe et des prescriptions par exemple en kinésithérapie pour du reconditionnement à l’effort.

Les cas les plus complexes sont quant à eux reçus au sein de la structure pour un bilan d’évaluation fonctionnelle, mené par le service de médecine physique et réadaptation sous trois semaines à un mois après la demande. « Souvent, les patients complexes sont ceux ayant eu une forme de Covid plutôt bégnine, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas été hospitalisés ou alors ils sont passés aux urgences mais sans critère de gravité, explique le Dr Nicolas Barizien, chef du service médecine physique et de réadaptation de l'hôpital. Ces patients se plaignent d’une augmentation de leurs symptômes au moindre effort. »

Quatre ateliers d’évaluation

Dr Nicolas Barizien, chef du service médecine physique et réadaptation de l'hôpital Foch

Dr Nicolas Barizien, chef du service médecine physique et réadaptation de l'hôpital Foch. © Hôpital Foch

Le bilan s’organise autour de quatre ateliers individuels de 45 minutes chacun, soit quatre patients par demi-journées, pour une évaluation avec le psychologue, le diététicien, le kinésithérapeute et un binôme médecin-infirmier. Christine Gervais, infirmière de coordination pour le parcours de soins Covid long, organise les rendez-vous des différents patients, en collaboration avec la secrétaire. « Je coordonne les différents intervenants des ateliers », indique-t-elle, précisant assurer le suivi et le lien entre les différentes consultations. 

L’entretien psychologique est « très important pour les patients touchés par un Covid long, rapporte le Dr Barizien. Nous pouvons ainsi savoir comment ils vivent leur maladie, s’ils disposent des ressources pour y faire face et donc s’ils ont besoin d’un accompagnement ». Ils sont ensuite reçus par une diététicienne, car souvent les patients ont perdu entre six et sept kilos en quinze jours à trois semaines et ne reprennent pas de poids. « Ils sont fatigués avec un déconditionnement à l’effort, précise le médecin. C’est l’une des hypothèses de la fatigue chronique avec une perte de la force motrice. »

Le kinésithérapeute réalise de son côté, un bilan d’évaluation des capacités fonctionnelles, mesurées par un test de marche et s’assure de la capacité du patient à effectuer des exercices à son domicile.

Enfin, une dernière consultation, en binôme infirmier-médecin, permet d’approfondir l’histoire de la maladie du patient. L’infirmière lui fait passer des auto-questionnaires afin de définir des scores sur son anxiété et son état dépressif.

Il est également pesé avec une balance à impédancemètre et réalise un test d’effort sur un vélo d’appartement pour obtenir des paramètres cardiaques et respiratoires. « Les patients Covid long ont généralement le syndrome du petit poumon et n’arrivent pas à souffler l’air correctement, sans pour autant que ce soit de l’asthme ou une insuffisance respiratoire, précise le Dr Barizien. Il s’agit d’une désynchronisation de la respiration à l’origine du syndrome d’hyperventilation. » Christine Gervais participe à cette consultation en binôme avec le médecin. « Je chapeaute l’épreuve d’effort notamment en cas de malaises liés à l’effort », explique-t-elle.

Les orientations

Christine Gervais, infirmière de coordination pour le parcours de soins Covid long

Christine Gervais, infirmière de coordination pour le parcours de soins Covid long. © Hôpital Foch.

Après chaque atelier, les professionnels remplissent le dossier patient avec leurs informations et données récoltées, permettant au médecin d’effectuer les prescriptions. « L’établissement effectue du diagnostic, mais ne propose pas de rééducation pour les patients Covid long, nous devons donc les orienter », souligne le Dr Barizien, précisant solliciter notamment l’hôpital de la Porte Verte à Versailles. 

Une personne lourdement affectée va être orientée vers une structure type Soins de suite et de réadaptation (SSR) qui va l’accueillir en Hôpital de jour (HDJ) pour trois à quatre jours par semaine pendant six à huit semaines. Les patients « plus légers » vont davantage être pris en charge en ville.

Une limite : l’ensemble des consultations libérales ne sont pas nécessairement prises en charge par l’Assurance maladie. « Nous pouvons également communiquer les coordonnées de la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), qui a développé son réseau local de professionnels engagés dans le projet Covid long », indique le médecin. L’équipe de l’hôpital Foch revoit ensuite les patients à deux mois puis à six mois, pour une évaluation.

 

Laure Martin

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