Formation continue des professionnels de santé libéraux : l’avenir incertain du FIF-PL

L'existence du Fonds interprofessionnel de formation des professions libérales (FIF-PL) est-elle menacée par les projets du gouvernement sur le financement de la formation professionnelle des travailleurs indépendants ? Les organisations qui représentent les professionnels de santé au sein de ce fonds estiment que la perspective d'intégrer le FIF-PL dans une entité plus vaste dégraderait son offre de formation.

Formation continue des professionnels de santé libéraux : l'avenir incertain du FIF-PL

© Lucky Business / ShutterStock

Selon les organisations représentatives des professions de santé (infirmiers, médecins, kinés, etc.) qui siègent au sein du conseil de gestion du FIF-PL, le gouvernement envisagerait de regrouper avant la fin 2021 le fonds de formation dans un premier temps avec le Fonds d’assurance formation des chefs d’entreprise artisanale (FAF-CEA) et les Conseils de la formation des Chambres des métiers et de l’artisanat.

Pour quelles raisons ? « Il est plus facile d'avoir un seul interlocuteur que plusieurs, suggère Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), membre du conseil de gestion. Et j'imagine qu'il s'agit de réaliser des économies de gestion et peut-être de faire en sorte qu'il y ait une transparence totale sur les fonds alloués à la formation. Mais partir d'un a priori pour faire des coupes sombres, c'est une mauvaise méthode. »

Risque de disparition ?

Dans un communiqué commun, les organisations protestataires estiment qu'un tel regroupement signifierait la disparition du FIF-PL et ferait courir un risque inacceptable pour la formation des professionnels de santé libéraux, voire celui d'un « démantèlement organisé » de ces professions. Alors même, soulignent-elles encore, que le fonds permet à 34% des professionnels de santé libéraux peuvent bénéficier du soutien du FIF-PL pour se former, un « chiffre beaucoup plus élevé que dans les autres FAF patronaux ».

Pour Daniel Guillerm, un tel regroupement reviendrait à « diluer le FIF-PL dans un méta-organisme dans lequel on pourrait perdre la main (sur gouvernance et la définition des priorités de formations, NDLR). En tant que professionnels de santé, nous avons des besoins de formation spécifiques et aujourd'hui, chaque profession est représentée dans le FIF-PL. Dans un organisme plus grand, il pourrait n'y avoir qu'un ou deux représentants des professionnels de santé. La granulométrie serait différente et l'approche métier ne serait pas la même que la nôtre. »

Philippe Denry, président du FIF-PL, « comprend les inquiétudes » des professionnels » mais « rien n'est arrêté », insiste-t-il. Une modification du paysage de la formation professionnelle des travailleurs indépendants se profile pourtant bel et bien.

Le ministre délégué aux petites et moyennes entreprises, Alain Griset, planche en effet sur un plan pour les travailleurs indépendants, qui n'a pas encore été rendu public. Selon Philippe Denry, il existe plusieurs options.

Soit le FIF-PL demeure autonome, « avec une argumentation » selon laquelle il a une « gestion fine » et est « capable de  répondre aux attentes des libéraux dans l'évolution de leurs métiers », « soit il peut y avoir des rapprochements amicaux avec d'autres fonds de formations » comme ceux des artisans.

« Cela peut être un danger si c'est mal préparé ou calibré mais cela peut être aussi une force si le rapprochement est amical et la gouvernance bien étudiée ». Philippe Denry assure que le combat que mènera l'Union nationale des professions libérales (UNAPL, qui a créé le fonds en 1993) visera à « préserver les spécificités des libéraux » des secteurs sanitaire, juridique, technique et du cadre de vie que le Fif-PL regroupe.

Pour aller plus loin : formation DPC continue pour les infirmiers et infirmières

Opposition totale

Les représentants des professionnels ne sont pas rassurés. Ils attendent de « voir quelle sera la réaction de la technostructure » aux propositions qui seront faites, poursuit Daniel Guillerm.

Selon lui, « l'arbitrage sera interministériel ». Alain Griset, qui a été jusqu'en 2020 président de l'Union des entreprises de proximité (U2P), est considéré par l'UNAPL comme « un ami des professions libérales ».

Les organisations de professionnels de santé espèrent ainsi qu'il sera sensible à leurs arguments mais aussi au fait que la gestion du fonds a été reconnue « saine et pointue » par le rapport de la mission de contrôle de la DGEFP en 2016 et qu'il a réalisé les efforts nécessaires pour « se mettre en adéquation » avec les lois sur la formation professionnelle.

Et ils « feront tout ce qui est en leur pouvoir pour s'opposer à une dilution de leur fonds dans un FAF unique ou à son adossement à un OPCO », indiquent-ils dans leur communiqué commun.

Selon Daniel Guillerm, les échéances électorales constituent des opportunités pour porter ce sujet dans les débats. D'autant plus que « les professions libérales et de santé sont des relais d'opinion assez forts », ajoute-t-il.

Géraldine Langlois

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