Syndrome d’alcoolisation foetale : une infirmière libérale s’implique dans la prévention

Une infirmière libérale de la Réunion se mobilise pour le Safthon, le « téléthon » du syndrome d'alcoolisation foetale (SAF) organisé par l'association SAF France autour de la journée internationale de lutte contre les troubles causés par l’alcoolisation fœtale (TCAF), le 9 septembre. Durant tout le mois, elle sensibilise au maximum ses patients et leurs proches.

Anne-Sophie Tsang Lun Chiang, infirmière libérale

Anne-Sophie Tsang Lun Chiang, infirmière libérale. © DR

Parmi les professionnels de santé qui participent au Safthon, Anne-Sophie Tsang Lun Chiang, infirmière libérale à L'Etang salé, à la Réunion, a décidé de s'impliquer.

L'affiche collée de manière bien visible sur la vitrine de son cabinet diffuse le message et elle ne manque pas une occasion de distribuer des flyers et des rubans-bracelets qui portent le message « 9 mois 0 alcool » auprès des personnes potentiellement concernées qu'elle rencontre lors de ses tournées.

Elle a été très tôt sensibilisée à ce problème. « Dans la classe de ma mère, qui était institutrice, un enfant était concerné, raconte-t-elle. Elle nous expliquait à la maison à quel point c'était compliqué pour lui, et comme elle se sentait démunie, alors que cela aurait pu être évité facilement. »

Le SAF était peu connu alors mais les années ont passé. Désormais « on connaît bien les conséquences désastreuses du SAF » mais le message a toujours du mal à être entendu et mis en application par certaines femmes enceintes, observe-t-elle.

Tabou

« Déjà une femme qui boit ne le dit pas mais encore moins si elle est enceinte », souligne Anne-Sophie Tsang Lun Chiang. Si le tabou de la consommation d'alcool par une femme, en général, reste fort, celui qui pèse sur la consommation par une femme enceinte l'est davantage encore. Et peu parviennent donc à être aidées... Ce tabou s'accompagne aussi souvent d'une forme de déni qui rend difficile la sensibilisation, note l'infirmière.

« Certaines femmes enceintes me demandent si elles peuvent boire un petit peu d'alcool, par exemple lors d'une réunion de famille ou pour fêter la grossesse avec un peu de champagne, remarque l'infirmière. Elles cherchent une sorte d'approbation... » Mais ne la trouvent pas auprès de l'Idel : il n'y a pas de consommation d'alcool sans risque pendant la grossesse et la seule prévention du SAF ou des TCAF consiste à s'abstenir totalement ! Soit on boit autre chose, soit on évite les occasions où l'alcool peut être une tentation, propose l'infirmière...

Depuis la fin août, elle a noué le ruban du Safthon à son poignet. Intrigués, les patients lui demandent ce que c'est et lui offrent ainsi l'occasion de parler du syndrome d'alcoolisation foetale, de ses effets chez les enfants et de la nécessité de ne pas boire d'alcool pendant la grossesse pour le prévenir. Elle leur laisse aussi un feuillet d'information conçu par SAF France. Il reprend ces éléments et évoque aussi l'accompagnement que l'association propose aux parents dont les enfants sont concernés ou aux femmes qui désirent une future grossesse mais pour qui ne pas boire d'alcool est particulièrement difficile : « elles ne sont pas seules si elles veulent arrêter ».

Se faire aider

Durant tout le mois de septembre, elle va aussi distribuer aux femmes enceintes, patientes ou filles de patients, le ruban rouge qu'elles pourront nouer à leur poignet. Il leur rappellera pendant toute la grossesse que l'alcool est néfaste à leur bébé. Ces messages sont « toujours bien accueillis, notre l'infirmière. On n'est pas dans le jugement mais bien dans la prévention. »

Pour Anne-Sophie Tsang Lun Chiang, participer à cette action de prévention, « c'est mon rôle, en tant qu'infirmière. Mais aussi en tant que maman de trois enfants : je suis encore plus sensibilisée au sujet. Je reconnais que ça peut être difficile, quand on est invité à un repas, à un événement festif, de ne pas partager un verre avec ses amis ou sa famille. Mais on pense au bébé d'abord. Aucun événement ne mérite qu'on mette en danger son enfant. »

La Réunion est le territoire français le plus touché par les TCAF : 2 à 3% des enfants seraient concernés. 

Géraldine Langlois

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Le Safthon se déroule à la Réunion, où il a été créé en 2017, et dans les régions métropolitaines. Outre les 30 heures de manifestations organisées à la Réunion pour sensibiliser la population au SAF et récolter des dons pour l'association France SAF, de nombreuses opérations se déploient en septembre et en octobre.

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