Les infirmierès en portrait dans ActuSoins : Que sont-ils devenus ? (6)

Cela fait près de cinq ans qu’ActuSoins part à la rencontre de soignants un peu partout en France. Certains ont des initiatives à mettre en lumière. D’autres exercent dans des services méconnus. Tous ont un parcours qui sort de l’ordinaire. Nous avons voulu prendre des nouvelles (voir les autres portraits).

Thérèse Palla, présidente de l'UFAS ©Malika Surbled/2010

Thérèse Palla, présidente de l'UFAS
©Malika Surbled/2010

Retrouvons Thérèse Palla :

 « Je suis toujours au poste de présidente de l'UFAS et je rentre même d'une mission humanitaire en République Démocratique du Congo »

Lors de notre rencontre en 2010, Thérèse était à la retraite. Après avoir été aide-soignante toute sa vie, elle restait impliquée dans la défense de cette profession ainsi que dans la défense des droits des patients et s’investissait au sein de l’UFAS. C’est toujours le cas…

A lire (ou relire) :

Thérèse Palla, une aide-soignante engagée

Depuis son arrivée dans le milieu associatif il y a près de 24 ans, Thérèse Palla se démène pour obtenir auprès des autorités, ce qu’elle estime être la juste reconnaissance du travail aide-soignant. Présidente de l’UFAS (Union Française des Aides-Soignants), et promue Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, elle espère pouvoir faire avancer la profession. Conférences, formations, réponses aux interrogations du personnel soignant font partie de son quotidien bien rempli. Ministères, médias et déplacements nombreux aussi.

Un message à transmettre

Avant, elle était aide-soignante. Puis un jour, elle a décidé de ne plus se consacrer directement aux malades, mais plutôt à la défense et à la promotion de sa profession. « Dans l’intérêt du patient » précise t-elle.  Thérèse est officiellement à la retraite. Pourtant, loin d’être affaiblie par son combat et par sa carrière, elle travaille toujours sans relâche. « Sept jours sur sept, dimanches et fériés inclus ».

Aujourd’hui, elle est à Paris et sort du ministère de la santé. Elle y était convoquée pour débattre des projets de lois relatifs au « DPC développement professionnel continu des professionnels de santé non médicaux ». Ce que Thérèse souhaite, c’est que sa profession soit reconnue et valorisée. « J’aimerais que l’aide-soignante puisse avoir un rôle autonome dans la chaîne des soins. Qu’elle ne soit plus considérée comme la subordonnée de l’infirmière, mais comme sa collègue et sa collaboratrice à part entière ».

Elle propose donc, entre autres, une réforme de la formation et surtout la mise en place « un peu comme dans les pays anglo-saxons et au Canada  », de différents niveaux de compétences des soignants. Ainsi, chacun serait autonome et assurerait la prise en charge des malades, sans avoir de rôle délégué, « sans que l’aide-soignante fasse un soin que l’infirmière ne souhaite pas faire, alors qu’il relève finalement de son rôle propre ». Elle espère tout simplement, une meilleure entente entre les différents prestataires de soins.

Si Thérèse bataille autant à défendre sa cause, ce n’est pas sans raison. Elle-même a été confrontée à un sentiment  « d’injustice et d’incohérence » lorsqu’elle était en poste. Après avoir travaillé quinze ans de nuit au service des urgences de Caen, elle passe de jour en traumatologie. C’est là qu’elle découvre un univers qu’elle ne connaissait pas jusqu’alors. « De nuit, l’équipe était unie et solidaire, alors que dans ce nouveau poste, je me suis rendu compte que les aides-soignantes étaient mal considérées et surtout qu’elles n’avaient pas de droit de parole. Par exemple, un jour, j’ai soulevé le problème du retour à domicile d’une dame dépendante et seule. La cadre n’a pas pris en compte ma remarque et a voulu renvoyer cette personne chez elle. Évidemment, les ambulanciers ont refusé de la transporter et nous l’ont laissé ! ».

Thérèse, un peu amère en racontant cette histoire, évoque ses souvenirs et remonte le fil de sa vie sans grande difficulté. Pour elle, ce récit n’est pas un fait isolé appartenant au passé. « Tous les jours, j’ai des témoignages d’aides-soignantes qui ressentent exactement la même chose. Cela peut les conduire à une grande détresse ».

En véritable porte-parole de celles-ci, et en qualité de présidente de l’UFAS, elle s’évertue à les défendre et est amenée à agir. « Une fois, j’ai eu un cas très inquiétant de l’une de nos adhérentes.La fille était vraisemblablement au bord du suicide, à cause d’une surcharge de travail et surtout d’un mépris provenant de sa direction. Alors, j’ai téléphoné au directeur de l’établissement dans lequel elle travaillait pour lui exprimer mes craintes concernant cet agent. Je lui ai expliqué que mon appel avait pour objectif de l’informer de la situation et non de m’immiscer dans les problèmes de l’établissement, car moi-même j’étais impuissante. Il m’a écouté et remercié. Quelques jours plus tard, le problème était arrangé ».

De l’entraide à la consécration

« Lorsque l’on vous nomme Chevalier National dans l’Ordre du Mérite, c’est évidemment par rapport à ce que vous avez donné et fait pour les autres, mais c’est aussi pour vous encourager à continuer», déclare Thérèse. Elle a reçu cette distinction du Président de la République de l’époque, François Mitterrand, sur proposition de Bernard Kouchner. C’était en 1992. Dans un premier temps, elle pensait la refuser. Puis elle a compris que cela représentait une véritable opportunité de faire enfin entendre la voix des aides-soignants. « Je l’ai fait pour la reconnaissance de la profession ». Depuis, elle se sent redevable. Elle doit continuer sa lutte. Alors, jour après jour, en attendant la relève, elle garde espoir, sans pour autant être très optimiste. Ses différentes initiatives portent en tout cas progressivement leurs fruits. Notamment, la branche humanitaire en Afrique qu’elle a créée au sein de l’UFAS, où les aides-soignants se font enfin une place à part entière.

Malika Surbled

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